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Gérard Sanspeur : chronique de la disgrâce d’un blue-eyed boy

Gérard Sanspeur et Pravind Jugnauth « Those were the days » entre les deux hommes ?

Le président du conseil d’administration de Landscope Mauritius, Gérard Sanspeur, se retrouve en situation d’indélicatesse après les propos tenus par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Parlement, mardi. Il a pourtant été pendant très longtemps le blue-eyed boy du Premier ministre.

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En pratiquement quatre ans, Gérard Sanspeur aura tout connu. Une victoire sans précédent sur l’ancien ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, la mise à pied de Claude Wong So comme un des Acting Chief Exectutive Officers de Landscope Mauritius, ainsi que le départ de Koomaren Chetty, lui aussi ancien Acting CEO chez Landscope Mauritius. Depuis son retour aux affaires sous le gouvernement de l’Alliance Lepep en 2015, à travers sa nomination comme président du conseil d’administration du Board of Investment (BOI), puis comme conseiller spécial au ministère des Finances en 2016, Gérard Sanspeur a connu une ascension fulgurante. Il a d’ailleurs été un des premiers à composer le cercle fermé de Pravind Jugnauth, ce qui le mènera à être grandement impliqué dans la préparation du premier Budget de l’Alliance Lepep. Plusieurs sources au ministère des Finances ne manquent pas de rappeler la création de la plateforme ‘Mauritius Finance’ qui avait pour but de recueillir les points de vue des Mauriciens en marge de la préparation du Budget de 2017. « La campagne de communication avait été très bien accueillie et avait été saluée par le Premier ministre », avance cette source au ministère des Finances.

L’influence de Gérard Sanspeur dans les sphères du pouvoir prend de plus en plus d’importance lorsqu’il décide de croiser le fer avec l’ancien ministre Roshi Bhadain sur le dossier Heritage City. Akilesh Deerpalsingh, ancien conseiller au ministère des Services financiers, est de ceux qui ont côtoyé Gérard Sanspeur de très près. « Mais le souci c’est que c’est une personne de théories et ses propositions ne peuvent être implémentées dans le contexte mauricien », dit-il.  Se rappelant des arguments présentés afin de décrédibiliser le projet Heritage City, Akilesh Deerpalsingh soutient que Gérard Sanspeur avait déclaré que cela allait provoquer l’effondrement du Bagatelle Dam. « Un argument qui s’est révélé faux par la suite », fait-il ressortir. De plus, pour l’actuel directeur de Cabinet conseil, la création de l’Economic Development Board (EDB), qui a été chapeauté par le président du conseil d’administration de Landscope Mauritius, traduit bien le style Sanspeur. « Les pourparlers pour la création de l’EDB avaient démarré en 2016, mais ce projet n’avait pas été retenu dans le Budget de 2017. Aujourd’hui, le fait que l’EDB peine véritablement à décoller vient une nouvelle fois donner raison au fait que les projets de Gérard Sanspeur peuvent difficilement être réalisés dans le concret », ajoute-t-il.

Dans l’entourage de Gérard Sanspeur, on explique toutefois que c’est après l’affaire Alvaro Sobrinho que le président de Landscope Mauritius a commencé à perdre de son influence auprès de l’Hôtel du gouvernement. « Il y avait des pressions pour que le Board of Investment donne son feu vert pour les permis d’Alvaro Sobrinho, mais Gérard Sanspeur avait décidé de faire son propre exercice de ‘due diligence’ et ainsi faire fi de l’exercice mené par la Financial Services Commission. C’est après cet épisode que Gérard Sanspeur a commencé à se retrouver en situation de délicatesse », fait remarquer un proche de ce dernier. Gérard Sanspeur commence petit à petit à se retrouver sur la touche. Il est quelque temps plus tard mis à l’écart de l’EDB, institution dont il a personnellement chapeauté la création. Par ailleurs, s’il sort victorieux de son clash avec Claude Wong So et Koomaren Chetty, il éprouve des difficultés avec Naila Hanoomanjee. Cette dernière refuse de céder à plusieurs exigences et ‘wishlist’ de Gérard Sanspeur, dit-on dans l’entourage de Landscope Mauritius. Si Pravind Jugnauth refuse de trancher dans ce conflit, il a fini par se ranger au Parlement du côté de Naila Hanoomanjee, en affirmant que Gérard Sanspeur n’est peut-être pas satisfait de lui-même. « I believe that Mr. Sanspeur, may be, he is not happy with himself, his performance, if he finds that he is not delivering up to what we should expect », a déclaré le PM
Au ministère des Finances, on affirme également que c’est le changement d’entourage de Pravind Jugnauth, lorsqu’il a accédé au poste de Premier ministre, qui a mis Gérard Sanspeur hors-jeu. « La vision de jeunes technocrates tels que Ken Arian par exemple, est différente de celle de Gérard Sanspeur qui semble plus incarner l’ancienne école ».

Le député du Parti travailliste, Osman Mahomed, qui a adressé une question parlementaire sur la situation de Landscope Mauritius, mardi au parlement, tient quant à lui à souligner qu’un exercice de fusion n’est pas facile à réaliser. « Lorsqu’on décide de fusionner cinq entités, c’est difficile à gérer, d’autant plus qu’il n’y a pas eu d’évaluation sur ces entités. Je dois dire que je suis surpris de la déclaration du Premier ministre. Au lieu de défendre le chairman de cette entité,  il l’a désavoué. J’invite Gérard Sanspeur à réfléchir sur son avenir », a-t-il déclaré. Dans l’entourage de Gérard Sanspeur, on tient à dire qu’aucune démission n’est en vue. « Les propos tenus autour du manque de culture de résultats de Gérard Sanspeur proviennent du rapport du consultant Verso », souligne-t-on.

Le Board se réunit ce jeudi

Le conseil d’administration de Landscope Mauritius se réunit ce jeudi. Les yeux seront bien entendus rivés sur Gérard Sanspeur et Naila Hanoomanjee. Il sera important de savoir si Gérard Sanspeur entend commenter les récents propos du Premier ministre.

 

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