Geerish Bucktowonsing: «Le gouvernement a besoin des ONG»

Geerish Bucktowonsing entame un troisième et dernier mandat consécutif à la tête du Mauritius Council of Social Service (Macoss). Il plaide pour un partenariat plus soutenu entre le gouvernement et les ONG. Que représente un 3e mandat consécutif à la tête du  Macoss ? Je suis touché par la confiance exprimée à mon égard par l'ensemble des ONG. Cela  démontre que le travail fait avec sincérité est toujours payant. Quel est votre bilan de ces deux dernières années ? En tant que plate-forme, nous avons un mandat pour soutenir et promouvoir la cause des ONG. Nous avons milité pour l'égalité des chances,  les droits des travailleurs et  des handicapés, pour les femmes et les enfants, pour la courtoisie, l'environnement et les valeurs familiales. Nous nous sommes engagés avec le ministère de la Santé dans le combat contre le diabète, nous avons lancé des programmes pour les valeurs sociales et familiales. Ce sont des causes nationales. Avec la collaboration du l’Université de Technologie, nous avons lancé le Continuous Learning Programme, destiné aux jeunes avec un module spécifique sur le travail social. Il n’y a eu que du bon ? Nous faisons entendre notre voix. Nous sommes allés sur le terrain. Nos projets n’ont pas été bénéfiques qu’aux ONG, mais à la population en général. Quand j’ai pris la présidence il y a deux ans, j’ai hérité d’une situation financière catastrophique, des dettes accumulées, un bâtiment inachevé… Après un constat des lieux, nous avons pris des mesures immédiates. J’ai requis l’aide des amis professionnels. La dette a été ramenée de Rs 7 millions à moins de Rs 2 millions. D'où vient le financement ? Nous recevons une aide de l’État pour les dépenses administratives. Notre gestion est transparente, notre engagement volontaire. Nous sommes là pour servir. N’est-il pas temps de revoir le mode de fonctionnement des ONG ? Il faudra des amendements à la Macoss Act. Et là, nous faisons confiance à la ministre de tutelle qui a pris le dossier en main. Après des ateliers de travail sur les réformes, nous avons soumis nos propositions. Il faut aussi mettre de l’ordre dans le secteur.  Il  n’y a pas de NGO Act, mais une Association Act qui ne répond pas à nos besoins. Il faut créer le cadre légal propice qui permettra une meilleure réglementation du secteur. Mais quand ? Nous avons la chance d’avoir une ministre qui a une formation légale. Nous lui faisons confiance pour trouver une solution. Nous continuerons à mettre la pression avec diplomatie. Nous nous présentons comme partenaires. À ce titre, nous ne revendiquons pas. Nous croyons au dialogue. Cette question  d'amendement à la loi avait d’ailleurs déjà été évoquée avec l’ancien Président. Nous allons reprendre la question avec la nouvelle Présidente. C'est un fait que le gouvernement ne peut tout faire. Il a besoin de ses partenaires, comme les ONG. Tout pays démocratique a besoin des ONG. Quid des brebis galeuses qui sévissent ? Ce n'est pas que parmi les ONG qu'il y a des brebis galeuses. Il y en a dans tous les secteurs. En tout cas, au sein du Macoss, nous faisons tout ce qui est en notre capacité pour une épuration naturelle. Je lance un appel aux gens de bonne volonté pour m'aider à compléter les projets. N’est-il pas temps de repenser le volontariat ? La question devrait être : l'esprit de volontariat est-il encore vivant ? Et je répondrai oui. C'est la plate-forme d'intervention qui a changé. Hier, c’était philanthropique, aujourd’hui, c’est un volontariat professionnel. Tout comme il existe un secteur public et un secteur privé, il doit y avoir un secteur civique. Nos jeunes ne sont pas aussi réfractaires à l’engagement social. Il faut simplement trouver les méthodes de communication appropriées à leur époque pour pouvoir leur passer le message.