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A Gaza, des enfants "très loin" d'un retour à l'école, témoigne un responsable de l'Unicef

Des enfants palestiniens sont assis près d’un feu dans leur abri de fortune à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 octobre 2025

Dans la bande de Gaza, le système d'éducation est "à plat" après deux ans de guerre, et la plupart des enfants "dans les rues, sans occupation", témoigne le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef.

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"C'est la troisième année qu'il n'y a pas d'école", souligne depuis Jérusalem ce responsable, Edouard Beigbeder, tout juste revenu jeudi du territoire palestinien.

"Si on ne démarre pas une transition réelle pour tous les enfants en février, on va rentrer dans une quatrième année. Et là, on peut parler d'une génération de perdue", avertit-il dans un entretien à l'AFP.

A la faveur du cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre, "l'Unicef et d'autres partenaires d'éducation ont réussi à ramener à peu près un sixième des enfants qui devraient aller à l'école dans des lieux temporaires d'apprentissage", dit-il.

Mais s'il parle d'apprentissage et non d'éducation, c'est que la situation est très précaire: "85% des écoles sont détruites ou inutilisables", et nombre de celles encore debout servent d'abri pour les déplacés.

Sans compter les déplacements imposés par les hostilités aux enfants et enseignants, et le fait que ces derniers sont largement accaparés par la quête de nourriture et d'eau pour leur propre famille.

Dans ce territoire, où près de la moitié de la population avait avant la guerre - déclenchée par l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023 - moins de 18 ans, le système scolaire était déjà miné par la surpopulation.

Pour les seules écoles gérées par l'autorité palestinienne, environ 80 sur 300 ont besoin d'une réhabilitation, selon M. Beigbeder, "142 sont entièrement détruites", et "38 pas du tout accessibles" car situées dans la zone où s'est repliée l'armée israélienne.

"Maintenir à flot"

Les centres temporaires d'apprentissage sont installés dans des écoles, ou près de camps de déplacés dans des sortes de barnums, voire dans des préfabriqués sans fenêtre.

Il y a parfois des chaises, des cartons ou planches en bois en guise de table. "Je n'ai jamais vu tout le monde bien assis", assure M. Beigbeder, décrivant des enfants sur des nattes ou des tapis.

Ils écrivent sur des ardoises récupérées, parfois des morceaux de pierres noires ou des plaques en plastique.

Quant aux cours, "c'est trois jours d'éducation en shift, donc quelques heures le matin ou l'après-midi", avec trois matières: mathématiques, écriture et lecture.

"C'est vraiment pour ne pas perdre le contact avec l'éducation, c'est pour les maintenir à flot", commente M. Beigbeder, engagé dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités".

Car il s'agit aussi de "refaire une cohésion sociale" pour des enfants pour la quasi-totalité traumatisés et qui ont besoin d'un soutien psychosocial.

En 2024, la pédiatre Hanan Balkhy de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait souligné auprès de l'AFP les conséquences dévastatrices du conflit sur les enfants, avec un "impact énorme sur la santé mentale" et d'"énormes syndromes de stress post-traumatique".

De son côté, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unwra) a annoncé le 18 octobre lancer "la nouvelle année scolaire en ligne" avec l'objectif d'atteindre 290.000 élèves.

Vendredi, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a affirmé que l'Unwra, "devenue une filiale du Hamas (...) ne jouerait aucun rôle" dans l'après-guerre.

Israël a interdit cette agence, accusant certains de ses employés d'avoir participé à l'attaque du 7-Octobre, des allégations jugées non étayées par la Cour internationale de justice.

Ramener "l'espoir"

L'une des priorités, explique l'Unicef, est qu'Israël autorise l'entrée dans le territoire de matériel pour établir des écoles semi-permanentes, mais aussi du matériel scolaire considéré comme non vital.

Jeudi, l'OMS a affirmé que l'aide humanitaire entrant à Gaza restait "insuffisante", et la "faim toujours présente".

"Comment voulez-vous réhabiliter les salles de classe si vous n'avez pas de ciment? Et puis surtout, il nous faut des cahiers, des livres, des équerres, des tableaux, un minimum", insiste M. Beigbeder.

"La nourriture, c'est la survie. L'éducation, c'est l'espoir", dit-il.

Dans cet esprit, il dit avoir été "interloqué" par la manière dont la société gazaouie "essaie tout de suite de se réorganiser, de nettoyer les décombres, de rouvrir les petits magasins, d'essayer que la vie revienne".

"Choqué" aussi par l'ampleur des destructions: "on ne peut pas s'imaginer 80% d'un territoire qui est entièrement plat ou détruit" avec seulement "des îlots de construction ici ou là".

 

 

 

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