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Gandia: au cœur du trafic

Si les forces de police multiplient les descentes ou autres opérations pour mettre à mal les trafiquants de cannabis, ces derniers, par contre, rivalisent d’ingéniosité pour déjouer leur vigilance. Zoom au cœur d’un trafic qui brasse des millions…

Combien ça coûte :

1 lb de gandia : Rs 150 000 1 g de gandia : Rs 1 500 Un pouliah : Rs 200 1 pouliah de gandia de synthèse : Rs 150 - Rs 200

Le pouliah est classé en deux catégories :

Grenaz : qualité inférieure Bout : qualité supérieure

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Il faut compter entre Rs 200 et Rs 300 pour un pouliah de gandia. Pour se procurer un « mass », il faudra se rendre chez le dealer du coin. Il n’est cependant pas dit que vous serez servi. Il faut montrer patte blanche… « Le boss ne vend qu’aux visages connus. À la limite, le dealer peut vendre enn ou de pouliah à des inconnus venus sur recommandation », nous dit-on. D’habitude, le dealer opère à des heures spécifiques, pas nécessairement à la tombée de la nuit. Si, dans certaines régions, les va-et-vient incessants des « traserr » dans la rue où habite le dealer indiquent que « boss-la pe servi », d’autres trafiquants opèrent dans la plus grande discrétion. Ne devient pas trafiquant qui veut ! Asven, un ancien toxicomane habitant le Nord, raconte : « Je dépensais trop d’argent avec le gandia. L’idée m’est alors venue d’acheter un rouleau valant Rs 5 000 ou Rs 10 000 et d’en faire des pouliahs pour la distribution. Je faisais des profits que je claquais en divertissements et autres largesses. » Comme dans tout commerce, il y a les petits et les gros marchands. Les planteurs, ceux qui cultivent le cannabis à grande échelle dans des endroits boisés, empochent des revenus conséquents à chaque récolte. « Rien qu’avec une dizaine de semences, plusieurs pieds sortent de terre et rapportent de l’argent en fonction de leur hauteur. Une fois prêt, le gandia est vendu à Rs 150 000 - 200 000 la livre. Un trafiquant peut se faire des millions en deux ou trois ans s’il ne se fait pas coffrer par la police », explique un haut gradé de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu).

Le rôle des « jockeys »

Ce n’est pas tout le temps que le cultivateur écoule lui-même le gandia. Il fait appel aux « jockeys », qui sont souvent des toxicomanes. Ces derniers, n’ayant pas les moyens de se payer leurs doses quotidiennes, acceptent de faire le jeu du dealer. Ils l’épaulent et l’aident à étendre le réseau. « Les premiers jours, le dealer leur offrent des pouliahs de gandia, faisant d’eux des accros. Ensuite, le trafiquant leur remet une dizaine de pouliahs pour la revente. Ils peuvent en garder un ou deux pour leur propre consommation. C’est de cette manière que le fumeur accepte d’être le “jockey” ou intermédiaire entre le dealer et l’acheteur », explique un inspecteur de la brigade anti-drogue. L’Adsu multiplie les opérations en vue de coffrer les trafiquants. Pour cela, cette unité a mis en place un système bien rodé pour infiltrer les réseaux de drogue. Du côté des enquêteurs, l’accent est mis sur les « direct evidences ». Cela consiste à prendre les trafiquants en flagrant délit. Pour cela, l’Adsu déploie des buyers. Il s’agit de policiers de cette brigade qui se font passer pour des consommateurs de drogue. « Ce sont des spécialistes. Une fois le deal conclu entre nos agents et le vendeur, une unité de l’Adsu investit les lieux et procède à l’arrestation du suspect. Pour cette mission,  il faut parler le même langage que les fumeurs de gandia. Dans certains cas, quand je me retrouve en tête à tête avec le trafiquant, je dois aussi fumer un joint pour le mettre en confiance », raconte un agent.

Bras de fer

C’est sur la base d’informations précises que les limiers de l’Adsu montent des opérations. D’habitude, les informateurs perçoivent une Reward Allowance. Mais pour les policiers, c’est un bras de fer avec l’administration pour obtenir cette allocation. « Reward inn koupe, informater pa pe travay. Mo ti fer enn gro sezi me ziska zordi pankor gagn reward. Monn bizin tir Rs 8 000 à Rs 9 000 dan mo pos », se lamente un chef d’équipe ayant à son actif plusieurs importantes saisies de drogue. Le business du gandia mène, en cas d’arrestation, tout droit en prison, le cannabis étant reconnu comme drogue sous la Dangerous Drugs Act. Ce n’est un secret pour personne que bon nombre de dealers d’héroïne ont débuté avec le gandia. En prison, le trafiquant de gandia peut entrer en contact avec des étrangers condamnés à Maurice pour trafic de drogue, facilitant ainsi l’importation d’héroïne.
 

Mon premier joint

Andy, la trentaine, fume du gandia depuis son adolescence. Cet habitant du Nord a écopé de deux amendes pour possession de cannabis. « C’est pour imiter les amis que j’ai fumé mon premier joint à 15 ans. Auparavant, j’avais un penchant pour la bouteille. Après avoir commencé à fumer, j’ai rencontré d’autres amis. Il y a eu quelque chose de changé en moi, ma façon d’agir et de réfléchir était meilleure. Aujourd’hui, il est difficile de se procurer du gandia, surtout quand vous n’êtes pas cultivateur. D’habitude, je débourse Rs 125 pour une cigarette de gandia, mais j’ai aujourd’hui besoin de deux ou trois cigarettes. Pour pouvoir en acheter, il faut beaucoup rouler. En sus, il y a ce stress d’être pris par la police. » L’homme avoue avoir fumé le gandia de synthèse. « Monn seye me li pa bon ditou. Mo pa ti kone ki sintetik sa. Mone soufer pandan inerdtan, monn santi mwa bloke ar sa ».
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