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Fuite des cerveaux - Secteur financier : la question des salaires fait débat

Noushrath Bhugeloo, advisor et independent director. Ravish Pothegadoo, fondateur de Talent on Tap.

Le secteur financier mauricien n’est pas épargné par la fuite des cerveaux. Le ministre des Finances a notamment proposé une meilleure répartition de la profitabilité de la part des sociétés du secteur pour tenter de répondre efficacement à ce phénomène. 

Le chômage à Maurice serait en baisse de manière drastique. À en croire Renganaden Padayachy, « nous avons atteint la zone de chômage structurel. Le taux de chômage comprend ceux qui sont déjà en poste, mais qui recherchent un nouvel emploi », a-t-il fait ressortir suivant la rencontre du Public-Private Joint Committee le 1er septembre dernier  à Port-Louis. 

Cependant, il a reconnu que Maurice a toujours été un pays où les jeunes tentent leur chance à l’étranger. Il a affirmé que les mouvements d’employés ont toujours existé comme c’est le cas par exemple dans le tourisme via des bateaux de croisière. « Nous devons, toutefois, disposer de mesures pour retenir les employés à Maurice tout en attirant les travailleurs étrangers vers notre pays. Plusieurs personnes parlent de la fuite des cerveaux sans s’appuyer sur des chiffres », a-t-il déclaré.  

L’exode des talents serait effectivement un défi majeur dans le secteur financier qui se voit également confronté à un manque de main-d’œuvre. Or, selon Renganaden Padayachy, le secteur financier ne fait rien pour retenir, par exemple, un manager qui part. « Le secteur a la capacité de retenir et il doit essayer de le faire. Il fait partie des secteurs qui engendrent le plus de profitabilité », a poursuivi le grand argentier.

Rémunération

Le salaire proposé au sein du secteur financier mauricien serait, selon les opérateurs, « compétitif ».  Noushrath Bhugeloo, advisor et independent director, va même jusqu’à dire que le domaine financier est mieux rémunéré que les autres secteurs d’activités à Maurice. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? Ravish Pothegadoo, fondateur de Talent on Tap, constate qu’il y a « une guerre des clans » entre les sociétés opérant dans le secteur financier à Maurice. « Bien que le secteur financier recrute activement et exige un certain niveau de compétences, il se distingue par ses rémunérations attractives et la rentabilité des entreprises qui le composent », fait-il comprendre. 

Toutefois, le coût opérationnel des sociétés engagées dans l’offshore ou le Global Business serait non-négligeable. Noushrath Bhugeloo précise que Maurice totalise plus de 200 Management Companies. La croissance en termes de chiffres d’affaires de celle-ci tiendrait compte de leur nombre d’employés, d’où la nécessité, selon lui, d’avoir une approche réfléchie s’agissant de la hausse de salaire pour la rétention des talents.

« Cela risque de fausser le marché dans l’éventualité d’une augmentation excessive de salaire. Nous ne pouvons pas non plus revoir à la hausse le salaire d’un seul employé. Ce serait injuste vis-à-vis des autres membres du personnel. Ce n’est ni normal ni sain », argue-t-il.

Concurrence étrangère

La fuite des cerveaux étant d’actualité dans d’autres pays à travers le monde et la main-d’œuvre mauricienne jouissant d’une bonne réputation à l’international, les sociétés étrangères se tournent vers le vivier de talents de Maurice. Proposant  une qualité de vie et un salaire incomparable, les juridictions comme Dubaï, Jersey, Singapour, voire les îles Caïmans, attirent les talents mauriciens. 

Dans cet exercice d’attractivité, le ministre des Finances propose aux opérateurs du secteur privé de se réunir chaque deux, trois ou quatre ans pour essayer d’apporter une revalorisation salariale. Toutefois, ce serait une pratique courante au sein du secteur financier.  En effet, selon Ravish Pothegadoo, plusieurs entreprises effectuent cet exercice pour rester dans la course et retenir leurs talents. 

Noushrath Bhugeloo indique néanmoins que chaque entreprise dispose de sa politique. « Il faut s’adapter à ce mouvement des talents. Cela a toujours existé et le sera à l’avenir. Toutefois, le salaire n’est pas le seul facteur qui influence l’exode des talents. Il y a tout un ensemble d’éléments », concède-t-elle. 

Répartition

Par ailleurs, un opérateur est catégorique : les entreprises en activité à Maurice ne pourront concurrencer les salaires proposés à l’étranger où les rémunérations sont effectuées en euros ou via le dollar. Par contre, indique notre source, plusieurs entreprises ne répercutent pas la dépréciation de la roupie et la profitabilité qui en découle sur les salaires des employés.

« Bien qu’opérant à Maurice, les sociétés facturent leur client en dollars. Avec la dépréciation de la roupie face au billet vert, il y a certainement une marge de manœuvre pour augmenter les salaires. Il y a, certes, des revalorisations salariales, mais cela ne correspond pas à la vitesse dont la roupie se déprécie », affirme cet opérateur.  Selon lui, l’une des méthodes pour accroître le coût de la main-d’œuvre à Maurice dans ce secteur serait de passer de l’externalisation à la prestation de services à valeur ajoutée.

Entre-temps, les opérateurs espèrent que le secteur financier pourra relever le défi de la fuite des cerveaux, alors qu’il y a également un taux élevé de rotation du personnel entre les différentes sociétés. 
 

 

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