Il faudrait que le secteur privé se réunisse tous les deux, trois ou quatre ans pour revoir sa structure salariale. Il ne faut pas qu’il accorde une compensation salariale liée à l’inflation, mais qu’il propose une valorisation salariale, recommande Renganaden Padayachy. Il est intervenu lors de la septième rencontre du Public-Private Joint Committee, le vendredi 1er septembre, à Port-Louis. C’est une des solutions que propose le ministre des Finances en réponse au phénomène de fuite des cerveaux.
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Le grand argentier n’a pas manqué d’égratigner les opérateurs de plusieurs secteurs d’activités économiques. « Dans le secteur financier, les entreprises ont de l’argent, mais elles laissent partir les talents. Or, le secteur, qui est parmi ceux qui font le plus de profits, a la capacité de retenir les talents. Quand des entreprises étrangères proposent de payer quatre à cinq fois le salaire d’un talent mauricien, il faut que la compagnie qui a la possibilité d’augmenter son salarié le fasse », insiste-t-il.
Renganaden Padayachy a évoqué au passage les difficultés d’une grande banque du pays aux énormes profits à recruter. Car le niveau de salaire qu’elle propose n’est pas intéressant. Le tourisme en a aussi pris pour son grade. « Le secteur est passé par une mauvaise passe et il a eu le soutien du gouvernement. Et personne ne s’attendait à ce qu’il accueille autant de touristes cette année. Nous sommes à 92 % - 95 % de notre potentiel par rapport à la situation pré-Covid-19. C’est le bon moment pour redéfinir ses bases, retenir les talents pour améliorer son potentiel. Et non pas simplement investir ailleurs pour augmenter ses profits », estime le ministre. À voir ailleurs, poursuit-il, on risque de tout perdre ici. « On n’a qu’à regarder ce qui se passe dans le monde. Le tourisme en France rencontre des difficultés, car les gens ont peur d’intégrer le secteur. Ici même, à Maurice, les salaires des employés du tourisme ont considérablement baissé pendant un an et demi. Ils n’obtiennent que l’argent que donnait le gouvernement durant la pandémie », fait-il ressortir.
Pour le ministre des Finances, l’heure est à l’action. « Une simple discussion avec l’employé peut changer la donne. Beaucoup de salariés n’ont pas eu d’augmentation supérieure à la compensation salariale pendant dix ans. Pourtant, les profits de ces compagnies continuent à augmenter. Malheureusement, ils ne sont pas distribués équitablement. »
Les entrepreneurs, insiste le ministre des Finances, doivent avoir des discussions pour rassurer les employés. Il y a plus de jeunes qui veulent travailler dans le secteur public pour la stabilité d’emploi. Car il y a la perception qu’ils peuvent perdre leur emploi à n’importe quel moment dans le secteur privé. Renganaden Padayachy a répondu à une question de la presse qui voulait savoir si la loi du travail ne facilite pas les licenciements. « C’est une raison de plus qu’il faudrait revoir la législation », a-t-il dit.
Les faits derrière la fuite des cerveaux selon Padayachy
- Le taux de chômage a baissé et des salariés qui ont déjà un emploi cherchent du travail. Le pays est entré dans une zone de chômage structurel.
- De tout temps, les Mauriciens ont tenté leur chance à l’étranger. « Les jeunes ont l’opportunité de travailler sur des bateaux de croisière avec un salaire multiplié par quatre ou cinq. Ce qui leur permet d’investir par la suite. Je ne dirais jamais que ce n’est pas bon », avance le ministre.
- Maurice connaît une décroissance démographique avec un taux de fertilité de 1,1 voire 1,2 pendant une décennie. Du coup, la population est en train de baisser avec moins de nouveaux entrants sur le marché du travail. « On importe des travailleurs étrangers. Mais, nous devons aussi penser à inverser la baisse du taux de fertilité », indique le ministre.
Ce qu’il a dit sur…
… la démission de l’ex-PPS Rajanah Dhaliah : « Je suis triste par rapport à Dhaliah et de ce qui est arrivé. Cette situation montre que nous pouvons faire confiance à des institutions à Maurice. Laissons l’enquête se poursuivre et nous aurons alors plus de précision. »
… la mutation de Maneesh Gobin aux Affaires étrangères : « Il y a eu une demande de la part d’Alan Ganoo pour qu’on lui enlève le ministère pour des raisons de santé. Le Premier ministre a décidé de donner ce ministère à un ministre de carrière, qui a la compétence et l’expérience. Le remaniement est un processus normal… Notre objectif principal est de terminer notre mandat et de réussir la mise en place de nos propositions. »
… les services de « child care » sur le lieu de travail : « Nous sommes en train de travailler de concert avec le secteur privé sur le cadre légal pour faciliter la mise en place de cette mesure qui se fera très vite. »
Compensation salariale : vers un quantum raisonnable
Au ministère des Finances, on se penche déjà sur la compensation salariale. « Nous analyserons la situation et nous viendrons avec un quantum raisonnable cette année. Nous avons déjà commencé à travailler dessus. »
Brain drain, chiffre et politique
Renganaden Padayachy souligne qu’il n’y a pas de chiffre sur la fuite des cerveaux. « Il était question d’un manque d’employés dans plusieurs secteurs, aujourd’hui, on parle de brain drain. Est-ce que le nombre de départs a doublé, triplé par rapport aux années précédentes ? » Le ministre indique qu’il n’y a aucun chiffre qui montre l’ampleur de ce phénomène.
Vers une croissance de 7 % et une inflation de 6 % à 7 %
« Le potentiel pour une croissance de 7 % cette année est bien là. Nous travaillons sur cet objectif », a déclaré le ministre des Finances. Renganaden Padayachy a aussi livré ses prévisions sur l’inflation. « Nous tablons sur un taux de 6 % à 7 %. Ce taux demeure élevé, car notre objectif est une inflation de 2 % à 4 %. »
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