Le récent bras-de-fer, entre les plaisanciers et la Tourism Authority à Trou-d'Eau-Douce, a débouché sur une grève de la faim. Si les plaisanciers ont tenu dernièrement des manifestations et logé des actions en cour, les autorités avancent, elles, que c’est un fructueux business. C’est la raison pour laquelle les points d’embarcation sont devenus des litiges.
Le bateau de plaisance offre des activités nautiques pour les loisirs des Mauriciens ou des touristes. Dans le lagon ou sur les îles, les plaisanciers proposent des sorties de courte durée ou des activités sur la journée. Pour les excursions en mer et les navettes, les propriétaires des bateaux de plaisance doivent détenir un permis de la Tourism Authority. Pour cela, une application avec sa carte d’identité est requise alors qu’une compagnie doit posséder un Business Registration Card.
La Tourism Authority doit avoir toutes les spécifications du navire. Notamment l’année de la construction et une photo de l’embarcation. Si le navire a plus de cinq ans, il faut présenter un certificat d’un géomètre agréé. Avec leur permis, ils peuvent uniquement opérer dans une zone restreinte et prendre des clients sur des points d’embarcation, explique la directrice de l’organisme, Khoudijah Maudarbocus-Boodoo (voir hors-texte).
Excursions et activités
Dans le nord du pays, certains sont spécialisés dans des excursions sur l’îlot Gabriel de 9 à 16 heures. Le prix est de Rs 1 000 pour les Mauriciens et un peu plus cher pour les touristes. Certains étrangers peuvent même débourser jusqu’à Rs 2 500. Le forfait comprend les boissons alcoolisées et non alcoolisées et le déjeuner. Il faut La rivalité entre plaisanciers est omniprésente. Certains proposent des prix descendent jusqu’à Rs 800 pour les Mauriciens afin d'en attirer le plus grand nombre. « On peut faire des profits, mais avec la compétition et le nombre de plaisanciers, on doit faire des compromis », explique un propriétaire. Un petit calcul nous montre qu’un propriétaire de bateau de plaisance peut faire plus de Rs 20 000 en une journée et jusqu’à Rs 450 000 à Rs 600 000 en un mois.
Sud-ouest
Certains plaisanciers dans le sud-ouest de l’île proposent différents forfaits. La croisière elle-même commence à 9 heures, avec un petit déjeuner léger. Ensuite, le catamaran fera le tour des baies de Tamarin où les clients peuvent admirer des dauphins dans leur habitat naturel. Le catamaran s’arrête dans des endroits où les clients peuvent faire de la plongée. Puis cap sur l’île-aux-Bénitiers mais avant d’y accoster, les vacanciers peuvent visiter le célèbre Crystal Rock. Le déjeuner comprend un barbecue sur le catamaran ou sur la plage de l'île pour Rs 2 200 par personne. Par journée, pour un lot de 15 personnes, le plaisancier peut travailler pour Rs 33 000 par jour. Donc, Rs 990 000 en un mois.
Est
Les plaisanciers, qui desservent à l’île-aux-Cerfs, sont les plus prisés. Une tournée en catamaran, incluant une visite à la cascade de Grande-Rivière-Sud-Est, le parasailing, la marche sous l’eau et la plongée, coûte Rs 1 800 par personne et Rs 1 100 par personne rien que pour le trajet vers l’île-aux-Cerfs. Ainsi, c’est au moins trois trajets par embarcation. Du coup en une journée, un propriétaire de catamaran peut engranger jusqu’à Rs 49 500 en une journée et Rs 1 485 000 en un mois.
Certains proposent aussi des sorties privées jusqu’à Mahébourg. Les passagers peuvent visite l’île-aux-Aigrettes et l’île-aux-Fouquets aussi connue comme l'île-au-Phare. Ensuite, les clients peuvent déjeuner sur la partie extérieure de l’île-aux-Cerfs, qui n’est pas accessible à tout le monde. Le coût est à Rs 2 500 par personne.
Si certains veulent passer la nuit sur une île, c’est possible à l’île-au-Phare, mais ils doivent prendre toutes les précautions nécessaires, explique un plaisancier basé à Trou-d’Eau-Douce.
Quid des sorties de nuit ?
Que ce soit dans le Nord, au Sud-ouest ou à l’Est, les plaisanciers approchés sont réticents à parler des excursions nocturnes. Finalement, un plaisancier du Nord accepte de s’exprimer. « Il y a des sorties proposées en catamaran pour aller admirer le coucher du soleil. Certains opérateurs ont des permis pour le faire, mais d’autres doivent demander l’autorisation. Puis, il y a ceux qui font fi des lois. Il y a aussi des clients qui vont sur les catamarans pour faire la fête, où l’alcool coule à flots durant toute la nuit. Ces plaisanciers font cela à leur propre risque. »
Il souligne que certains plaisanciers vont au large pour que leurs clients puissent faire la fête. « D’autres partent dans les îles du Nord, plus précisément près de Melville, avec un disc-jockey à bord. C’est une autre catégorie de fêtards. Cela se fait discrètement et c’est très select ! Cela se fait aussi dans les îles du sud-ouest du pays. »
Environ 3 000 plaisanciers à Maurice
Alors que la Tourism Authority compte 44 points d’embarcation, ils sont au total 2 903 particuliers qui détiennent un permis de bateau de plaisance. Selon nos recoupements, ils sont classés dans deux catégories. D’abord, concernant le Private Boat, 1 691 d'entre eux détiennent un permis, alors que pour le côté commercial, ils sont 1 212 propriétaires qui exercent à travers l’île. À ce jour, les autorités ne délivrent aucun permis commercial car une étude se fait pour vérifier l’état des lagons.
Commercial Pleasure Craft | |
Excursion | 950 |
Towing | 90 |
Diving | 44 |
Big game fishing | 57 |
Waterski | 23 |
Wellness | 4 |
Transfer Boat | 3 |
Scientific research | 1 |
Navette | 2 |
Parasailing | 15 |
Kitesurf | 1 |
Taxi boat | 1 |
Pontoon | 2 |
Scuba diving | 7 |
Helmet diving | 1 |
Underseawalk pontoon | 1 |
Closed scooter | 1 |
Flyboard | 1 |
Security boat | 1 |
Submarine | 3 |
Tug Submarine/pontoo | 1 |
Snorkelling | 1 |
Waterski and ring tube | 1 |
Towing-waterski | 1 |
Ferry | 3 |
Les 44 points d’embarcation
1. La plage d’Albion près de la National Coast Guard
2. La plage d’Albion près de l’hôtel Club Med
3. À Bain-Bœufs à la plage publique près de l’hôtel Coin-de-Mire Attitude
4. La plage publique de Bain-des-Dames
5. À Balaclava entre les hôtels Victoria et Oberoi
6. À Bel-Ombre près de l’hôtel C Beach Club
7. Dans la zone de baignade à la plage publique de Belle-Mare
8. Près de Belle Mare Plage Hotel
9. Sur la jetée à Blue Bay
10. Sur la jetée à Camp-des-pêcheurs
11. Sur la jetée à Case-Noyale
12. Sur la jetée près de l’église de Cap-Malheureux
13. Près du temple à Deux-frères
14. Près du temple à Flic-en-Flac
15. Devant l’hôtel Manisha à Flic-en-Flac
16. La jetée qui se trouve près du restaurant Le Capitaine à Grand-Baie
17. À Sunset Boulevard à Grand-Baie
18. Sur la plage publique de la Cuvette à Grand-Baie
19. Sur la plage publique de Melville à Grand-Gaube
20. Au débarcadère de Grand-Gaube
21. Au débarcadère de Grande-Rivière-Noire
22. Au point débarquement qui se trouve à La Jetée Road, Grande-Rivière-Noire
23. Au débarcadère de Grande-Rivière-Sud-est
24. Près de l’hôtel Shandrani à Le Chaland
25. Sur la plage publique de Le-Goulet
26. Entre les hôtels Dinarobin et Lux au Morne
27. Entre les hôtels Lux Le Morne et St Régis au Morne
28. Sur la jetée au village Embrazure au Morne
29. Sur le côté nord de la plage publique de Mon-Choisy
30. Sur le côté sud de la plage publique de Mon-Choisy
31. Près de l’hôtel Veranda à Palmar
32. Près de l’hôtel La Palmeraie à Palmar
33. Sur la plage publique de Pereybère
34. Près de Villa Mon Plaisir Guest House
à Pointe-aux-Piments
35. Sur la plage publique de Pointe-aux-Sables
36. Sur la jetée de Pointe-Bambous
37. Sur la jetée de Pointe-Jérôme
38. Sur la plage publique près du débarcadère à Tamarin
39. Près du débarcadère à Trou-aux-Biches
40. Devant la National Coast Guard à Trou-aux-Biches
41. Près de l’hôtel Casuarina à Trou-aux-Biches
42. Au Maho à Trou-d’Eau-Douce
43. Sur la jetée au débarcadère à Trou-d’Eau-Douce
44. Entre l’hôtel Sugar Beach et le Sofitel à la plage publique de Wolmar
Un chiffre d’affaires de Rs 89 millions en 2018
Le business est juteux pour ces compagnies de plaisance. Si les propriétaires emploient des skippers et leurs assistants ainsi que des « canvasseurs », la compétition est dans certains cas un trompe-l’œil dans des régions côtières. La raison, c’est que les propriétaires ou les sociétés possèdent plusieurs bateaux.
Dans les régions les plus prisées, les profits s’accumulent d’année en année. À l’instar de cette société qui possède huit bateaux opérant dans le Nord. Son chiffre d’affaires, datant du 30 septembre 2018, s’élève à Rs 89 691 962. Une compagnie qui propose la marche sous l'eau a réalisé un chiffre d’affaires de Rs 4,6 millions en juin 2018 avec ses trois bateaux.
À l’île-aux-Cerfs, une société qui propose des activités nautiques a terminé son année financière avec un chiffre d’affaires de Rs 2,6 millions avec ses trois bateaux. Une compagnie, qui opère à Flic-en-Flac et à Wolmar, a accumulé un chiffre d’affaires de Rs 16,2 millions avec ses sept bateaux.
Une société, créée en 2015 et qui offre des activités à Pointe-Maurice, l’île-aux-Cerfs, l'îlot Margenie & Shangri-La Jetty, Anahita The Resort & Golf Club & Four Seasons, a réalisé un chiffre d’affaires de Rs 13 millions en juin 2018. Par contre, une compagnie avec un seul bateau de plaisance, qui opère au Morne, a terminé l’année financière de 2018 avec un chiffre d’affaire de Rs 2,7 millions. Une société de boat house compte un chiffre d’affaires de Rs 47,5 millions en juin 2017 avec ses 24 bateaux alors qu’elle opère également pour cinq hôtels. À Pereybère, une compagnie affiche un chiffre d’affaires de Rs 1,1 million en juin 2018 avec ses deux bateaux.
Khoudijah Maudarbocus-Boodoo, directrice de la Tourism Authority : « La loi nous permet de suspendre un permis »
Combien d’inspection la Tourism Authority a-t-elle effectué depuis le début de l’année ?
Il y a eu 1 558 inspections, dont 776 à terre et 782 en mer. En 2018, il y a eu 5 051 inspections, notamment 3 968 sur terre.
Des permis ont-ils été révoqués ?
La Tourism Authority n’a révoqué aucun permis. L’organisme a en fait suspendu cinq permis pour des opérateurs à Trou-d’Eau-Douce pour une durée d’un mois. Cela, ils ne respectaient pas les conditions et opéraient hors de leur point d’embarcation. La loi nous permet de suspendre le permis pour un maximum de trois mois. Mais afin de ne pas pénaliser ces plaisanciers, on ne les sanctionne que pour un mois.
Est-ce que ce n’est pas un secteur où les plaisanciers font ce qu’ils veulent ?
À Trou-d'Eau-Douce, des plaisanciers travaillaient illégalement. Ils tentaient d'attirer les clients des plaisanciers patentés. D'autres faisaient du canvassing illégalement et proposaient de meilleurs tarifs. Ce problème a duré un bon bout de temps. L’année dernière, la Tourism Authority est venu avec des 'regulations'. Nous avons rencontré les plaisanciers pour les informer que nous allions proposer une loi.
Nous n'avons pas empêché les plaisanciers d'opérer. Si chacun respecte sa base d’opérations, il n’y alors aucun souci. L’organisme a dû installer des bouées afin de délimiter les zones d’embarcation.
Est-ce qu’on peut mettre de l’ordre dans ce secteur ?
Oui, nous pouvons y mettre de l’ordre. Nous avons commencé à Trou-d’Eau-Douce car il y avait plusieurs problèmes. Par la suite, nous irons dans d'autres régions. Mais vu que nous sommes limités au niveau du personnel, la National Coast Guard et la Police du Tourisme sont en train à nous aider.
Nous travaillons sur les infrastructures en mer afin de faciliter les opérations. Cela va se faire en ordre prioritaire.
Quels sont les points d'embarcation à problème ?
Il y a des problèmes avec les plaisanciers à Trou-d'Eau-Douce. Cela, en raison du nombre de personnes qui vont à l'île-aux-Cerfs. Nous n'avons pas de gros soucis ailleurs.
Plusieurs officiers de la TA ont rapporté des cas d'agression ?
Un préposé a été agressé il y a quelque temps. Il avait verbalisé un plaisancier qui avait mal digéré l'affaire. Il y avait un attroupement et il en a profité pour agresser le préposé. Mais, une chose est sûre : à la Tourism Authority, nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. Le travail qu’on a commencé va continuer...
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