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Fraude et corruption : enjeux clés du prochain gouvernement

Jean-Luc Emile a reçu sur son plateau Mahen Seeruttun de l’alliance Lepep et Aadil Ameer Meea de l’alliance du Changement.

Mahen Seeruttun, ministre sortant de la Bonne gouvernance du MSM, et Aadil Ameer Meea, député sortant et leader adjoint du MMM, ont croisé le fer pour donner leurs opinions sur la fraude et la corruption. C’était lors de l’émission Au cœur de la campagne, animée par Jean-Luc Émile.

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Le gouvernement a œuvré pour renforcer les moyens de lutte contre la fraude et la corruption, a affirmé Mahen Seeruttun, ministre sortant de la Bonne gouvernance du MSM. Mais pour Aadil Ameer Meea, député sortant et leader adjoint du MMM, ces institutions n’ont été que des instruments politiques contre les adversaires du pouvoir en place. Selon lui, les enquêtes menées à la suite des allégations contre des proches du pouvoir n’ont pas abouti ou ont été rayées. En revanche, ceux liés à l’opposition ont subi toutes sortes de tracasseries policières et judiciaires, a expliqué Aadil Ameer Meea.

Il a notamment cité le cas d’Ivan Collendavelloo, destitué de son poste de Deputy Prime Minister (DPM) sur la base d’une dénonciation écrite sur un simple morceau de papier, mais qui n’a pas été inquiété par la justice, alors que des membres du Central Electricity Board (CEB) ont dû faire face à des poursuites. Aadil Ameer Meea s’est interrogé sur sa nouvelle candidature aux prochaines élections. « Comment la population ne pourrait-elle pas avoir la perception d’une politique de deux poids, deux mesures, quand certains sont poursuivis en justice et pas d’autres ? » a-t-il lancé.

Aadil Ameer Meea a assuré qu’avec la mise en place du Serious Fraud Office, si l’Alliance du Changement accède au pouvoir, ceux qui ont commis des actes de corruption ne seront pas épargnés. Il a précisé que, dans un souci de transparence et d’indépendance des institutions, le choix des responsables ne serait plus fait par une seule personne, mais par un comité, a-t-il affirmé.

Mahen Seeruttun a, quant à lui, rappelé que diverses mesures ont été prises pour lutter contre la fraude et la corruption depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement sortant en 2014. Il a évoqué des amendements législatifs et la création de nouvelles institutions, dont la Financial Crimes Commission (FCC), un organe qui regroupe plusieurs institutions œuvrant contre la fraude et la corruption pour améliorer la coordination. Le ministre sortant a insisté qu’il fallait donner du temps à la FCC pour faire ses preuves, car plusieurs compétences ont été réunies. Il a également ajouté que des recrutements étaient encore nécessaires.

Concernant les nominations à la tête des institutions, Mahen Seeruttun a expliqué que, Maurice étant un petit pays, il n’est pas facile de trouver des personnes à qui confier ces responsabilités. « Ce sont des difficultés auxquelles tout gouvernement est confronté, car une fois la personne choisie, les critiques fusent et les candidats refusent parfois d’assumer ces fonctions », a-t-il souligné.

Intervenant également lors de l’émission, Laura Jaymangal, Executive Officer de Transparency Mauritius, a fait ressortir qu’en dépit du point obtenu par Maurice dans l’indice de corruption 2023 de Transparency International, cela ne signifie pas que la situation s’est améliorée. Elle a estimé qu’il faudra attendre le rapport de janvier 2025, qui évaluera Maurice sur les mesures prises pour lutter contre la fraude et la corruption.

Évoquant les nominations à la tête des institutions, Laura Jaymangal a exprimé des doutes quant à leur indépendance. « Ce qui fonctionnait autrefois ne fonctionne pas nécessairement aujourd’hui », a-t-elle affirmé. Selon elle, les gouvernements successifs ont du mal à renoncer à ce pouvoir de nomination. L’Executive Officer de Transparency Mauritius a également déclaré qu’il est nécessaire de trouver d’autres moyens pour sélectionner les responsables des institutions en fonction de leurs compétences. Elle a ajouté que le rapport d’Afrobarometer, indiquant que 72 % des sondés estiment que la fraude et la corruption ont augmenté, est préoccupant, car cela reflète une diminution de la démocratie.

 

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