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Frappes sur le sud de Gaza, querelle sur un futur Etat palestinien

L'armée israélienne bombarde intensément vendredi le sud de bande de Gaza sur fond d'un important différend entre Israël et Washington à propos d'un éventuel Etat palestinien et d'une régionalisation croissante du conflit jusqu'au large du Yémen.

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Aux premières heures de vendredi, des témoins ont fait état de tirs et des frappes aériennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où se cachent selon Israël de nombreux membres de la direction locale du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Le Croissant-Rouge palestinien a déploré "d'intenses" tirs d'artillerie "dans les environs" de l'hôpital local al-Amal, le ministère de la Santé du Hamas faisant état de 77 morts dans des frappes nocturnes incluant à Khan Younès, épicentre désormais des combats.

"Les soldats appuyés par l'artillerie et l'aviation ont éliminé des dizaines de terroristes (dans des combats) au corps à corps" à Khan Younès, a indiqué l'armée israélienne affirmant avoir atteint le secteur "le plus au sud" de Gaza depuis le début de son déploiement terrestre qui avait commencé tout au nord du territoire palestinien.

A Gaza, où environ 80% de la population a été déplacée par les raids ou les combats, la situation humanitaire demeure critique. L’organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé dans la nuit avoir recensé 24 cas d'hépatite A, une infection virale du foie et des "milliers" de cas de jaunisse "probablement" liées à la propagation de cette hépatite.

"Les conditions de vie inhumaines – à peu près d'eau potable, de toilettes propres et de possibilité de garder les environs propres – permettront à l’hépatite A de se propager davantage", a écrit sur X, le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant un contexte sanitaire "explosif".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël qui a tué 1.140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l'attaque, dont une centaine ont été libérées à la faveur d'une trêve fin novembre. Selon Israël, 132 restent détenues dont 27 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, qui avait pris le pouvoir à Gaza en 2007. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.620 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 61.830 blessées dans les opérations israéliennes.

- Un Etat palestinien ? -
"Nous ne nous satisferons pas de moins qu’une victoire totale, ce qui signifie l’élimination des chefs terroristes, la destruction des capacités opérationnelles et militaires du Hamas, le retour de nos otages à la maison, la démilitarisation de Gaza avec un contrôle sécuritaire d’Israël total et sur tout ce qui entre dans" ce territoire palestinien, a déclaré jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

"La victoire prendra de longs mois", a-t-il martelé. Et d'ajouter: "Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l'ensemble du territoire situé à l'ouest du Jourdain. Il s'agit d'une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l'idée de souveraineté (palestinienne)".

"Nous voyons évidemment les choses de façon différente", a lâché le porte-parole du Conseil national de sécurité John Kirby, interrogé sur des propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu semblant apporter une fin de non recevoir aux sollicitations américaines.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël et soutien clé dans son opération contre le Hamas, répètent de leur côté que la création et la reconnaissance d'un Etat palestinien viable est nécessaire pour envisager une "véritable sécurité".

Au cours de la nuit, l'armée a mené des raids dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, notamment à Tulkarem où le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne dénombre au moins six morts depuis mercredi.

"Sans un Etat palestinien indépendant (...) il n'y aura ni sécurité ni stabilité dans la région. La région entière est sur le bord d'une éruption volcanique en raison de politiques agressives des autorités d'occupation israélienne contre le peuple palestinien et ses droits légitimes", a déclaré le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas dans une réaction aux propos de Benjamin Netanyahu.

La communauté internationale redoute déjà un débordement du conflit avec les échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise, la multiplication des attaques des Houthis contre les navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d'Aden et l'intensification des frappes américaines au Yémen.

- Houthis vs Washington -
Tôt vendredi, les rebelles yéménites ont revendiqué des tirs contre un pétrolier américain, le Chem Ranger, circulant dans le Golfe d'Aden, nouvelle attaque en date de ce groupe soutenu par l'Iran contre des navires marchands en "solidarité" avec Gaza.

Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Chem Ranger est un pétrolier battant pavillon des îles Marshall qui se trouvait ces derniers jours au large des côtes du Yémen.

Le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a confirmé que les Houthis avaient bien visé le Chem Ranger, sans toutefois l'atteindre comme le prétendent les rebelles. L'équipage "a vu les missiles toucher l'eau près du navire", a indiqué le Centcom, assurant qu'il n'y avait eu ni dommages, ni blessés.

Plus tôt, jeudi, les Etats-Unis avait bombardé des missiles Houthis, estimant qu'ils étaient prêts à "être lancés de manière imminente en mer Rouge". C'était la cinquième fois que Washington, parfois avec l'appui de Londres, bombardaient des positions des Houthis, mouvement remis mercredi par Washington sur une de ses listes des organisations "terroristes".

"La folie et l'idiotie des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont joué contre eux: désormais aucun de leur navire ne pourra franchir une des principales voies commerciales au monde", a déclaré vendredi Mohammed al-Bukhaiti, un membre de la direction politique des Houthis, au quotidien russe Izvestia.

Et d'ajouter, en sens inverse, que les navires de la Russie et de la Chine ne sont pas menacés: "nous sommes même prêts à assurer leur passage sécurisé en mer Rouge".

© Agence France-Presse

 

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