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Frappes sur Gaza, la guerre pourrait s'étirer prévient Israël

Israël poursuit vendredi ses opérations contre le Hamas dans la bande de Gaza, en prévenant que cette guerre devrait s'étirer sur "plus que quelques mois" à l'heure où son allié américain l'appelle à réduire l'intensité de ses frappes pour protéger les civils.

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Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'armée israélienne a fait état de "combats" notamment dans le secteur de Choujaya (nord), où elle avait subi plus tôt cette semaine ses plus importantes pertes (10 soldats tués en une journée) depuis le début de son offensive terrestre dans ce petit territoire palestinien densément peuplé.

"Il y aura davantage de batailles difficiles dans les prochains jours", a prévenu le porte-parole militaire Daniel Hagari alors que des frappes se poursuivaient dans la nuit sur le territoire où les télécommunications sont une nouvelle fois coupées "en raison de l'agression en cours" selon l'opérateur palestinien Paltel.

La coupure des télécommunications complique le travail des secouristes, ce qui aura pour conséquence "d'augmenter le nombre" de victimes dans les raids, a accusé de son côté le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007.

Israël a déclaré la guerre au Hamas en représailles à l'attaque sanglante menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste, qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

Le nombre de morts à Gaza approche désormais 18.800, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, tués par les bombardements israéliens, d'après le ministère de la Santé du Hamas.

- "Plus que quelques mois" -
Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan est arrivé jeudi en Israël, où il a notamment rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, à l'heure où Washington s'inquiète du bilan des victimes dans la bande de Gaza.

M. Sullivan a posé des "questions difficiles" aux responsables israéliens et discuté de la possibilité d'un basculement de l'offensive vers des "opérations de plus faible intensité" dans un "futur proche", a indiqué la Maison Blanche, sans fournir de date-butoir.

"Je veux qu'ils (les Israéliens, ndlr) se concentrent sur la préservation de la vie des civils. Pas (sur le fait) de s'arrêter contre le Hamas, mais de faire davantage attention", a déclaré pour sa part Joe Biden à Washington.

Sans dire si l'armée israélienne allait réduire l'intensité de ses frappes, le ministre de la Défense a, lui, prévenu que la guerre contre le Hamas devrait s'étirer.

"Le Hamas (...) a mis en place des infrastructures souterraines et aériennes qu'il n'est pas facile de détruire. Cela prendra du temps - plus que quelques mois - mais nous vaincrons et nous détruirons" le Hamas, a déclaré M. Gallant.

- L'après-guerre -
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, avait qualifié mercredi d'"illusion" tout plan d'après-guerre qui imaginerait la bande de Gaza sans son organisation et les autres "mouvements de résistance".

Selon un sondage du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, 64% des Palestiniens interrogés pensent que le Hamas gardera le contrôle de Gaza au terme des combats, un scénario selon eux plus probable qu'un retour de l'Autorité palestinienne.

Au cours des dernières semaines, Israël a laissé entendre que son objectif n'était pas d'administrer à Gaza après la guerre alors que des commentateurs s'interrogent sur la possibilité de voir l'Autorité palestinienne gérer ce territoire dont il a été chassé en 2007 par le Hamas.

Après ses rencontres jeudi avec des responsables israéliens, Jake Sullivan se rendra vendredi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour des entretiens avec des dirigeants de l'Autorité palestinienne, a indiqué un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

- "Des débris partout" -
Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus petites, cherchant à échapper aux frappes et confrontés à des conditions humanitaires désespérées.

A l'extrême sud, Rafah, ville frontalière avec l'Egypte, est devenue un gigantesque camp, fait de centaines de tentes bricolées à l'aide de bouts de bois, de draps et de bâches en plastique, où les déplacés s'abritent tant bien que mal sous la pluie, alors que l'hiver et le froid s'installent.

Des Palestiniens fouillaient dans la nuit les décombres après une frappe aérienne dans cette ville. "Il s'agit d'un camp de réfugiés, avec des maisons reliées entre elles. Comme vous le voyez, elles sont détruites. Comme vous le voyez, il y a des débris partout (...) c'est un quartier résidentiel qui n'a rien à voir avec des activités de combattants", pestait sur place Abou Omar, un habitant du quartier.

L'armée israélienne avait lancé ses opérations terrestres fin octobre dans le nord de la bande Gaza avant de les étendre vers Khan Younès, principale ville du sud, et avait demandé à la population de se déplacer dans une "zone sûre" en bord de mer, près de Rafah.

"Aujourd'hui, Israël affirme que le secteur de Rafah est sûr. Mais il n'y a plus aucune zone sûre dans toute la bande de Gaza", témoignait jeudi Dhia Abou Zin, un homme de 32 ans.

Environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont été déplacées, beaucoup plusieurs fois depuis le début de la guerre, selon l'ONU qui juge l'aide humanitaire insuffisante et estime que la surpopulation dans les camps entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins.

En marge de la guerre à Gaza, la violence s'est intensifiée en Cisjordanie occupée, où un raid israélien a fait onze morts jeudi selon l'Autorité palestinienne, le long de la frontière israélo-libanaise, et jusqu'en mer Rouge.

Les rebelles yéménites Houthis, soutien du Hamas, ont revendiqué un tir en mer Rouge contre un porte-containers qui faisait route, selon eux, vers Israël. Cette frappe a raté le navire a indiqué un responsable américain, l'armée assurant "qu'il n'y a eu ni blessé, ni dégât".

© Agence France-Presse

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