Israël pilonne mardi la bande de Gaza à l'heure où son Premier ministre Benjamin Netanyahu évoque la fin de la phase "intense" des combats avec le Hamas palestinien, et où les craintes d'une "nouvelle escalade" avec le Hezbollah libanais vont croissant.
Aux premières heures mardi, la défense civile palestinienne a fait état de 13 morts dans des frappes israéliennes à Gaza-Ville et des témoins de bombardements à Rafah (sud), près de l'Egypte, où Israël a lancé une opération terrestre début mai.
A Washington, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'est entretenu avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à propos des efforts pour un accord de trêve à Gaza, associé à la libération des otages, mais aussi des tensions au Liban.
Blinken "a souligné l'importance d'éviter une nouvelle escalade du conflit et de parvenir à une solution diplomatique qui permette aux familles israéliennes et libanaises de rentrer chez elles", a indiqué le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.
- "Il y a aura une guerre" -
Les échanges de tirs ces derniers mois entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, mouvement allié du Hamas, armé et financé par l'Iran, ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d'habitants des zones frontalières du sud du Liban et du nord d'Israël.
Dans un article publié dimanche, le quotidien britannique The Telegraph affirme que le Hezbollah stockait missiles et explosifs iraniens à l'aéroport de Beyrouth, dans un secteur de la capitale où le Hezbollah est prépondérant.
Or de hauts responsables libanais ont défendu lundi la "réputation" de l'aéroport lors d'une visite organisée pour la presse et des diplomates pour démentir ces informations qui ont rehaussé le niveau de tensions régionales.
Lundi, l'agence officielle de presse libanaise a rapporté que "des avions de guerre hostiles ont mené trois frappes aériennes sur Jurd Massa et Jenta dans la région de Chiaara" dans l'est du Liban, sans faire état de victimes.
De son côté, le Hezbollah a annoncé avoir ciblé lundi trois sites militaires israéliens de l'autre côté de la frontière.
"Il y aura une guerre", a prédit Helene Abergel, une habitante de Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, déplacée dans un hôtel de Tel Aviv. "Une guerre doit avoir lieu pour repousser le Hezbollah loin de la frontière", a ajouté cette femme de 49 ans rencontrée par l'AFP.
"Après la fin de la phase intense (des combats à Gaza, NDLR), nous serons en mesure de redéployer certaines forces vers le nord, et nous le ferons, principalement à des fins défensives", avait déclaré dimanche M. Netanyahu, qui fait face à un vaste mouvement de contestation en Israël.
- Le jour d'après -
Depuis plus d'une semaine, les manifestations se multiplient pour exiger le retour des otages toujours détenus à Gaza, et la tenue d'élections anticipées dans la foulée de la démission de deux ténors du cabinet de guerre qui exigeaient du Premier ministre un plan concret pour l'après-guerre à Gaza.
Un plan présenté fin mai par le président américain Joe Biden, proposé selon lui par Israël, prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Lundi au Parlement, M. Netanyahu a assuré être "attaché à la proposition israélienne que le président Biden a approuvée, notre position n'a pas changé".
Mais au-delà d'une éventuelle trêve de quelques semaines, les divergences semblent toujours poindre entre Israël et les Etats-Unis sur l'après-guerre à Gaza.
"L'Autorité palestinienne doit faire partie" du "jour d'après" dans la bande de Gaza, a déclaré lundi l'ambassadeur américain Jacob Lew, soulignant le besoin d'une "administration civile" dans le territoire actuellement ravagé par la guerre.
Washington plaide pour une réforme de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, afin qu'elle puisse jouer un rôle clé dans la reconstruction politique de Gaza, et une feuille de route en vue de la reconnaissance d'un Etat palestinien.
Mais Benjamin Netanyahu a plutôt laissé entendre qu'Israël allait garder "un contrôle militaire" de Gaza dans un "proche avenir" tout en disant souhaiter à terme la création d'une administration civile gérée par des "Palestiniens", sans toutefois appeler l'Autorité palestinienne à jouer un rôle politique à Gaza.
- Plainte contre l'Unrwa -
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une vaste offensive dans le territoire palestinien qui a fait jusqu'à présent 37.626 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas depuis 2007.
Outre ce bilan, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où les pillages et la contrebande "sont généralisés" et "empêchent" la livraison de l'aide dont la population a "désespérément besoin", a affirmé lundi Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens (Unrwa).
Les familles des personnes tuées lors de l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre ont toutefois porté plainte lundi contre l'Unrwa, l'accusant d'avoir "aidé le Hamas à mettre en place (son) infrastructure terroriste" à Gaza, selon des documents judiciaires vus par l'AFP.
© Agence France-Presse
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