Un tir mardi soir sur l'enceinte de l'hôpital Ahli Arab de la ville de Gaza, dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité, a provoqué la mort de 471 personnes selon le Hamas, une source européenne de renseignement évoquant pour l'AFP "quelques dizaines de morts".
Que s'est-il passé ?
Mardi vers 17h00 GMT, le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, annonce qu'au moins 200 personnes ont été tuées dans une frappe israélienne ayant touché l'enceinte de l'hôpital, dans le centre-ville de Gaza, au nord du territoire palestinien.
Mercredi, le même ministère a fait état d'au moins 471 morts.
Le tir meurtrier a fait "quelques dizaines de morts, probablement entre 10 et 50", a pour sa part, affirmé à l'AFP mercredi un responsable d'un service de renseignement européen sous couvert d'anonymat, assurant qu'"aucun élément ne corrobore" la présence de centaines de personnes sur le parking où a atterri le tir.
Israël a rapidement démenti être à l'origine de la frappe, l'attribuant à un tir de roquette raté du groupe armé palestinien Jihad islamique, allié du Hamas.
L'imagerie satellitaire du complexe hospitalier avant et après le tir, publiée mercredi par la société Maxar Technologies, "révèle une probable zone d'impact sur le parking principal", mais sans "aucun dommage structurel significatif" sur les bâtiments adjacents.
Des images circulant sur les réseaux sociaux vérifiées par l'AFP montrent des décombres en feu à l'extérieur de l'hôpital, sur fond sonore de sirènes d'ambulances.
Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures. De nombreuses voitures calcinées sont visibles sur le parking de l'hôpital.
A côté du parking, une pelouse est jonchée de vêtements et d'effets personnels, semblant indiquer que des personnes y campaient.
"Nous étions en train d'opérer, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d'opération. C'est un massacre", a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, de l'ONG Médecins sans frontières.
D'après les autorités de Gaza, le site abritait des centaines de blessés et malades, et des civils venus s'y réfugier.
Un million de Gazaouis, selon l'ONU, ont fui les bombardements, gagnant pour beaucoup le sud de la bande de Gaza, après l'appel à évacuer le nord lancé par l'armée israélienne.
Israël pilonne cette bande côtière depuis le 7 octobre en riposte à l'attaque sanglante lancée sur son sol par le mouvement palestinien Hamas.
Plus de 1.400 personnes ont été tués en Israël, en majorité des civils, le jour de l'attaque, selon Israël.
Les frappes israéliennes ont tué près de 3.500 personnes, en majorité des civils, selon les autorités de Gaza.
Que disent les parties ?
Palestiniens et Israéliens se rejettent la responsabilité du tir.
"Il n'y a pas eu de tirs de l'armée depuis la terre, la mer ou les airs qui ont touché l'hôpital", a affirmé à la presse le général Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne. "Nos systèmes radar ont localisé les missiles tirés par les terroristes de Gaza au moment de l'explosion et l'analyse de la trajectoire montre que les roquettes ont été tirées près de l'hôpital".
L'armée israélienne a diffusé des cartes et un enregistrement audio qu'elle présente comme une conversation entre deux membres du Hamas évoquant la responsabilité du Jihad islamique.
Le Jihad islamique a qualifié mercredi de "mensonges" ces accusations. "Comme d'habitude, l'ennemi sioniste tente, par la fabrication de mensonges, de se soustraire à sa responsabilité dans le massacre brutal" commis, a déclaré l'organisation dans un communiqué.
"Cet horrible massacre a été perpétré à l'aide d'un arsenal militaire américain dont seul l'occupant (Israël, NDLR) dispose", a affirmé mercredi le Hamas.
Comment le monde réagit-il ?
Le président américain Joe Biden, en visite en Israël, s'est dit "profondément attristé et choqué" par la frappe, appuyant la version israélienne des faits. "Sur la base des informations que nous avons eues jusqu'à maintenant, il semble que (la frappe) soit le résultat d'une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza", a-t-il déclaré.
Le Hamas a accusé Washington d'être "complice des massacres" commis selon lui par Israël à Gaza.
De nombreux pays arabes, signataires ou non de la paix avec Israël, et l'Iran, ont imputé le tir à l'armée israélienne, en dépit du démenti d'Israël.
Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, du Liban à l'Iran en passant par la Jordanie, mais aussi en Cisjordanie occupée.
Les pays européens ont condamné le tir, mais sans l'attribuer.
"Israël n'a probablement pas fait ça", d'après les "pistes sérieuses" de renseignement, a affirmé à l'AFP le même responsable d'un service de renseignement européen.
"Rien ne peut excuser une frappe sur un hôpital rempli de civils", a dénoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
La frappe est une "tragédie", a déclaré le président russe Vladimir Poutine, en visite à Pékin, souhaitant une fin rapide du conflit entre Israël et le Hamas. La porte-parole de la diplomatie russe a exhorté Israël à "prouver son innocence" en présentant "les faits".
© Agence France-Presse
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