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Franklin ou la «Midas touch» controversée

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Avant le samedi 14 janvier, le grand public n’avait jamais entendu parler de lui. Franklin s’est manifesté après qu’un montage vidéo l’impliquant, entre autres, dans un trafic de drogue a été diffusé sur les réseaux sociaux. La source de sa « fortune » a également été remise en question. 

Peu avant son arrestation pour possession de Rs 231 millions de haschisch, Bruneau Laurette avait fait des allégations sur les liens qu’entretiendrait l’ASP Jagai avec un dénommé « F. », « patron » d’un trafic de drogue de grande ampleur. Et en début d’année, un montage vidéo est devenu viral sur les réseaux sociaux, ayant pour objet principal le dénommé Franklin, Jean Hubert Celerine à l’état civil.

Si c’est lorsque ce dernier a choisi de se manifester pour porter plainte qu’il a été propulsé au-devant de la scène le 14 janvier, dans les coulisses en revanche, le nom de Franklin était évoqué depuis un certain temps. Notamment par Raquel Jolicoeur, leader du groupe Armada 666, actuellement en prison dans le sillage d’une enquête pour possession de drogue, d’armes et de dynamite. 

Dans un entretien à Le Dimanche/L’Hebdo, Franklin met les points sur les i.

Franklin v/s Laurette 

Franklin est sorti de l’ombre après la circulation d’un montage vidéo le présentant comme un « patron » dans le trafic de drogue. Des allégations quant à un lien entre lui et l’ASP Jagai, patron de la Special Striking Team, y sont portées. Est également évoquée son interpellation par l’Adsu de Savane en août 2022, au volant d’un Range Rover, avec plus d’un demi-million de roupies (Rs 525 000). 

Franklin se défend et réclame l’ouverture d’une enquête du CCID et de l’IT Unit pour faire la lumière sur les auteurs de ce montage vidéo. « Nou anvi kone kot zonn gagn foto kas, foto lanket », dit-il.

Au CCID lundi, Franklin a remis aux limiers de l’IT Unit une clé USB contenant ce clip vidéo et le contenu des textos qu’il dit avoir reçus de Bruneau Laurette. Le téléphone cellulaire de Bruneau Laurette sera prochainement examiné pour vérifier les dires de Franklin. 

Il avance être perturbé par la diffusion de ce montage vidéo. « Li vreman difisil, mo fatige, strese, malad. Bondie pou protez mwa parski nou pann fer dimoun ditor. » Il affirme, d’autre part, être affecté sur le plan professionnel. « Biznes inn tonbe. »

Son nom cité à La Réunion : «Zame monn al laba dan mo lavi»

jean
Extrait de l’ordonnance du tribunal de Saint-Denis, à la Réunion, contre Jean Hubert Celerine, dit Franklin.

Une enquête remontant à 2018 sur le démantèlement d’une filière d’exportation de zamal (cannabis réunionnais) sur l’axe Réunion-Maurice, a fait surface cette semaine. Selon des médias réunionnais dont Clicanoo, après la saisie de 150 kilos de zamal destinés au marché mauricien, des trafiquants avaient été condamnés à l’île sœur. À l’appel du procès, deux Mauriciens étaient, eux, « wanted » : Jean Hubert Celerine, alias Franklin, et son présumé complice mauricien, un dénommé Nono (Jeremy Désiré D, un skipper). 

La justice réunionnaise les a condamnés à 7 ans de prison, lors d’un jugement prononcé en leur absence, devant le tribunal de Saint-Denis, le 27 novembre 2019. Le Défi Media Group s’est procuré une copie de ce jugement.

Dans ce document, Jean Hubert Celerine est accusé d’avoir, entre 2017 et le 30 avril 2018, facilité un trafic de zamal sur l’axe Réunion-Maurice. Selon la justice réunionnaise, Franklin aurait fourni des moyens logistiques pour l’exportation de zamal vers Maurice. Il aurait aussi donné des instructions par téléphone et financé ce trafic de drogue. 

Jean Hubert Celerine se serait rendu complice par instigation et fourniture de moyen du délit d’exportation de stupéfiant (zamal), en espèce, notamment en donnant ces instructions et ordres d’exportation (commanditaire) par voie de télécommunication et en transmettant sur le territoire national les fonds nécessaires à l’acquisition de produit.

Le QG de l’Adsu est déjà au courant que Franklin est recherché par la justice réunionnaise. Car dans son dossier, il y a la mention suivante : « Wanted: In Reunion Island for a case of cannabis ». 

Mais Franklin, contacté par Le dimanche/L’Hebdo, dément catégoriquement. « Pe dir monn kondane 7 an. zame monn al la Réunion dan mo lavi, zame monn gagn let pou al la Réunion. A lepok ti ena enn denome Franklin, mo pa apel Franklin mwa, zame banla inn apel mwa. »

Il avance même que si les autorités réunionnaises l’avaient convoqué, il s’y serait rendu. « Kan lalwa bizin mwa, mo ale mwa, mo montre ou lor mo paspor zame monn met mo lipie laba. Mo pena okenn ‘case’ la Réunion. »

Franklin déclare, dans la foulée, que, par l’entremise de son homme de loi, il compte solliciter les autorités pour avoir des éclaircissements sur ce procès à l’île sœur. 

Rs 10 millions en une soirée 

Il manifeste des signes de richesse dont la source intrigue. Il roule en SUV de la marque Range Rover, porte des vêtements griffés dont Adidas, est le futur propriétaire d’une belle demeure hautement sécurisée, dont des façades sont en pierres taillées… La question se pose : comment cet habitant de Rivière-Noire de 32 ans, qui est issu d’un milieu modeste, a-t-il pu connaître une ascension aussi fulgurante ? 

Jean Hubert Celerine dément être mouillé dans le trafic de drogue à grande échelle. « Mo enn zanfan mizer, monn grandi parmi touris, etranze e bann kinn bien okip nou isi. Depi mo tipti mo travay, noun trime, noun komanse par bann ti zanimo. »

Franklin se vante d’être un entrepreneur à la tête de plusieurs business. Directeur d’une compagnie de location de voitures, il gère aussi un parc animalier à Rivière-Noire, un fast food (Ti-Mimi Grill) situé sur la route principale de Rivière-Noire. 

Le « Boss » de Rivière-Noire accorde une attention particulière à l’événementiel. Il se vante d’avoir pu, en une soirée, faire un chiffre d’affaires de Rs 10 millions. Son équipe, le Fellone CREW, avait accueilli le chanteur Majeed à Maurice en août 2022 pour un concert qui s’est tenu dans la région de Gros-Cailloux. 

« Zot pe koze, zot mem pa kone ki zis pou sa evenman la mem, lor laport noun ramas pre 8000 dimoun lor Rs 1000. Ou kone komie kass sa fer, lao Rs 6 milion, Rs 7 milion. Selma mo pe les zot koze », lance-t-il.

Avant d’ajouter : « Evenman la tou lor kredi. Kan program Majeed inn fini, lerla noun pey li so landemin. Baz kot inn zwe, noun gagn lor kredi, noun travay Rs 10 milion, noun kav fer depans Rs 3 milion, ena profi Rs 5 milion parla dan mo pos, maksimum. » 

Il avance que son équipe et lui ont organisé plusieurs événements. « Pou bann artis morisien nou ti ena 700, 800 dimoun. » Grâce au revenu généré par ces activités, Franklin, qui semble avoir la « Midas touch », annonce qu’il s’apprête à faire l’acquisition d’une luxueuse maison à La Gaulette.

 

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