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Françoise Labelle : une vie en pleine floraison

Remise officielle de ses lettres de créance au président malgache, le 11 novembre 2020. Deuxième session de la commission mixte Maurice-Madagascar, tenue en mai 2024. Françoise Labelle lors de son mandat en tant qu’ambassadrice de Maurice à Madagascar.

En retrait de la vie politique, Françoise Labelle vit à Olivia, au rythme des saisons, des études à distance et de la mémoire familiale. L’ancienne députée cultive l’essentiel : la transmission, l’amour, et la simplicité retrouvée.

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Ancienne députée, vice-présidente du Parlement panafricain et ambassadrice à Madagascar, Françoise Labelle mène aujourd’hui une vie paisible, rythmée par ses études de psychologie, de la thérapie familiale, le jardinage, et les souvenirs vivants d’un parcours politique hors du commun. À Olivia, dans la cour familiale de son grand-père maternel, elle redonne un sens au mot « retraite ».

C’est dans ce petit village niché dans l’est de l’île Maurice que Françoise Labelle a choisi de poser définitivement ses valises. Une retraite qu’elle vit comme une nouvelle aventure, au rythme de ses passions et d’une vie qu’elle réinvente chaque jour. Elle a quitté Rose-Hill, ses habitudes urbaines et le tumulte de la vie politique pour revenir à la terre de son enfance, celle de son grand-père maternel qu’elle appelle affectueusement Nana.

Dans cette cour familiale, les souvenirs s’enracinent comme les plantes qu’elle cultive. « Je fais pousser des ‘bred’, des épices, un peu de tout… C’est apaisant, ça me reconnecte », confie-t-elle avec douceur. Aujourd’hui, elle partage son espace avec deux cabris – Blanco et Grisette – et une tortue. Son chien Titou, disparu il y a quelques années, occupe encore une place dans son cœur. « Je n’ai jamais pu le remplacer », dit-elle avec émotion.

Retraitée ? Pas vraiment. Françoise Labelle a toujours su occuper ses journées avec intelligence et engagement. À 50 ans passés, elle avait entamé une licence en psychologie à l’Université de Maurice. Une décision motivée par son amour pour l’humain, sa volonté de comprendre et surtout, d’aider. Désormais, elle poursuit ses études en psychologie à distance, auprès d’une université américaine. Un défi intellectuel qu’elle relève avec la même ténacité qui a marqué toute sa vie.

Dans son quotidien, elle fait sa pratique clinique dans le cadre de l’obtention de sa maîtrise en thérapie familiale. « C’est une manière pour moi de redonner, de tendre la main autrement que par la politique. Les familles ont besoin d’écoute, de repères », explique-t-elle. Sa rigueur et sa générosité demeurent intactes dans ce nouveau chapitre.

Issue d’une fratrie de six enfants, Françoise Labelle a grandi sans la présence de son père, qu’elle a perdu à un très jeune âge. Elle évoque souvent cette absence comme une force silencieuse qui l’a poussée à se battre, à réussir. Élève du collège Lorette de Rose-Hill, elle rêvait de devenir infirmière. « Mais la vie en a décidé autrement… et parfois, c’est tant mieux », sourit-elle. C’est bien plus tard qu’elle s’oriente vers la psychologie, comme un retour à sa vocation initiale : aider, soigner autrement.

Des idéaux intacts

En politique, elle connaît une trajectoire remarquable. Son premier grand moment, c’est sa toute première élection : « Je m’en souviens comme si c’était hier. L’émotion, la responsabilité, le peuple qui vous fait confiance… » Puis viendront les mandats successifs, les responsabilités accrues. Elle devient députée, PPS (Parliamentary Private Secretary), vice-présidente du Parlement panafricain et enfin, ambassadrice de Maurice à Madagascar.

Des titres, certes. Mais surtout, des engagements qu’elle a toujours honorés avec sincérité. « J’ai toujours voulu rester proche des gens. Même aujourd’hui, je garde de très bons contacts avec mes anciens mandants de la circonscription n˚16 (Vacoas-Floréal). Ils savent que je ne suis jamais loin. »

Si elle a tourné la page de la politique active, Françoise Labelle n’a pas renié ses idéaux. Membre de la Plateforme Militante, elle suit encore de près l’actualité politique, mais sans pression. « Je me considère en retraite. J’observe, j’écoute. Le temps des combats est passé. »

Elle croit toujours en la force des femmes, en l’éducation comme levier social, et au pouvoir du dialogue. Elle reste cette voix posée, ferme et rassurante que ses anciens électeurs respectent profondément.

Mais ce qui fait battre son cœur plus fort, ce ne sont ni les discours à l’Assemblée ni les déplacements diplomatiques. Ce sont les siens. La naissance de ses deux enfants, l’arrivée de ses petits-enfants, et cette fierté indescriptible d’avoir assisté à la cérémonie de remise de doctorat de sa fille : « Ce fut un moment de grâce. Je n’avais jamais ressenti une telle plénitude. »

Famille, racines, transmission : ces mots reviennent souvent dans sa bouche. Ils dessinent les contours d’une femme pour qui la réussite ne se mesure pas qu’en carrière, mais en amour, en valeurs transmises et en souvenirs partagés.

Une passion pour la découverte

Françoise Labelle a toujours eu le goût du voyage, des horizons nouveaux. Elle avoue un faible pour l’Afrique du Sud, le Botswana, le Kenya, mais aussi Cape Town, qui l’enchante par sa diversité et sa richesse culturelle. Elle parle avec admiration de Kigali, qu’elle qualifie comme la ville la plus propre du continent africain et l’une des villes les plus propres au monde. « Voyager, c’est apprendre autrement, c’est se nourrir d’autres réalités. Ça m’a beaucoup aidée dans ma vision du monde, surtout en politique. »
Son ouverture d’esprit s’enracine dans une admiration profonde pour deux figures politiques : Paul Bérenger, « qui a démocratisé l’accès à la politique pour les femmes et les minorités », et le professeur Basdeo Bissoondoyal, un ami de son grand-père, « homme de culture et de convictions ».

Aujourd’hui, entre ses études, les consultations qu’elle accepte encore ponctuellement, le jardinage et les longues discussions avec ses voisins, Françoise Labelle savoure la simplicité retrouvée. Elle aime Olivia, ce village qu’elle chérit comme un personnage de sa propre histoire. Elle y connaît tout le monde, s’arrête volontiers pour bavarder. « Je ne suis pas une femme compliquée. J’aime quand les choses sont vraies, sincères. »

Et si elle devait choisir un plat pour illustrer son bonheur actuel, ce serait sans hésiter un bon curry de poisson avec bringelles ou un sauté de poisson salé avec margozes : « Rien ne vaut les saveurs de l’enfance. C’est dans la cuisine qu’on retrouve souvent nos racines. »

À 65 ans passés, Françoise Labelle n’a rien perdu de sa vivacité. Elle parle avec la même ferveur de ses études, de sa terre, de ses cabris, de son passé de députée ou du sourire de ses petits-enfants. La retraite, pour elle, n’est pas une fin mais une transformation. Celle d’une femme qui a traversé des combats, des responsabilités, des deuils et des réussites, et qui aujourd’hui se consacre à l’essentiel : vivre pleinement, transmettre, aimer.

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux

  • Nou Lacaz

 

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