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François Woo: «Aucun risque de délocalisation»

Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Jean-Luc émile et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants. Comment réagissez-vous à la décision du Conseil des ministres d’étendre la durée du contrat des travailleurs étrangers à huit ans ? Elle est rationnelle. Une entreprise ne peut opérer en l’absence d’un cadre bien défini, surtout si elle est tournée vers l’exportation et doit impérativement respecter les engagements pris auprès de la clientèle. Il est vraiment difficile de prendre une commande avec le risque de se retrouver sans main-d’œuvre au beau milieu de la production. Dans notre milieu, le respect de la date de livraison d’une commande est primordial. Une semaine plus tôt, vous disiez que le climat n’était pas propice pour opérer à Maurice. Le pensez-vous toujours ? Il faut comprendre que si nous n’arrivons pas à respecter nos engagements, il est tout à fait normal que nous perdions nos clients. Cela a toujours été notre politique d’opérer prioritairement à Maurice plutôt qu’à l’étranger. Maintenant qu’un cadre a été établi, nous continuerons à opérer depuis Maurice. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Pour nous, il n’a jamais été question de chantage. Avez-vous eu l’occasion d’évoquer le sujet avec Xavier-Luc Duval, président du comité interministériel ? Ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Il n’est pas question non plus de personnaliser les choses. Évidemment, la Compagnie mauricienne de textile (CMT) est au centre de cette affaire, mais pas François Woo personnellement. Ce qui importe, ce sont les milliers de personnes dont l’emploi était en jeu, vu que nos clients nous quittaient. C’est dans le but de sécuriser leur job que nous avons contemplé des destinations autres que Maurice. Nous avons eu des discussions très constructives au plus haut niveau et la décision du gouvernement concernant l’emploi des travailleurs étrangers est une très bonne nouvelle. Il n’y a pas de doute que c’est une bouffée d’air frais pour tout le monde à la CMT. Maintenez-vous votre décision de délocalisation ? Si oui, sera-t-elle partielle ou totale ? Il n’y a aucun plan de délocalisation. La décision de délocaliser avait pour but de sécuriser nos clients. C’était une démarche purement commerciale, pour la survie de la compagnie. Je vous rappelle qu’après le démantèlement de l’accord multifibre en 2004, nous sommes restés à Maurice, alors que les compagnies de textile étrangères émigraient en masse sous d’autres cieux. Le mot « délocalisation » est même tabou à la CMT. Nous allons rester à Maurice aussi longtemps que les conditions sont réunies. Il n’est pas question pour nous de licencier ou de diminuer notre personnel. Le nombre d’emplois ne va pas s’accroître, mais  nous allons offrir des emplois de qualité. De toute façon, si nous partons à l’étranger, c’est pour fabriquer des produits que nous ne pouvons plus produire à Maurice à cause du prix. Les coûts de production seront toujours élevés à Maurice et vous serez toujours moins compétitif. Serez-vous appelé à revoir votre position à l’avenir ? Une entreprise est dynamique et fonctionne par rapport à son environnement. Souvent quand on parle d’être compétitif, on pense uniquement au prix. Or, la compétition englobe aussi le design, la qualité du service offert et l’acheminement des produits le plus rapidement possible. Sans compter les démarches administratives qu’il faut compléter dans les plus brefs délais. Il y a toute une panoplie de services autour de la fabrication d’un produit. Il ne fait aucun doute que nous allons maintenir nos activités à Maurice. Nous avons investi massivement dans les toutes dernières technologies au niveau de nos opérations. Aujourd’hui, nous avons besoin de personnes hyper qualifiées pour répondre à nos attentes. Au niveau de la formation… La formation est l’affaire de tous. La CMT est connue comme l’école de formation pour le textile à Maurice. Mais le problème ne se limite pas uniquement à la formation. Nous avons aussi un problème sociétal. Nous ne valorisons pas les métiers. À Maurice, on pense que ceux qui pratiquent un métier sont ceux qui ont failli dans leurs études. Il n’y a rien de plus faux. Les économies les plus solides aujourd’hui, celle de l’Allemagne par exemple, reposent sur les métiers.
   

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Pour l’industriel Maurice Vigier de la Tour, la délocalisation d’une partie des activités dans le domaine textile, surtout la fabrication des produits à très faible valeur ajoutée, n’est pas une mauvaise chose. Cela permettra, selon lui, aux grosses firmes de maintenir la production des produits à forte valeur ajoutée à Maurice. « Le pays pourra alors se développer en un centre de marketing, de design et de création dans la région. Nous devons tirer profit de la stratégie de délocalisation », dit-il. [row custom_class=""][/row]

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Le syndicaliste Reeaz Chuttoo est formel. Concernant la possibilité, à un certain moment, que la CMT se délocalise, il soutient qu’il y a eu « un chantage exercé sur le gouvernement ». Le porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé regrette qu’aucune étude « n’ait été effectuée jusqu’ici » pour savoir pourquoi les Mauriciens boudent le secteur du textile. « Cela, alors qu’il y a une demande pour plus de travailleurs étrangers », dit-il. Pour lui, les bas salaires pratiqués dans le secteur pourraient constituer l’un des facteurs. « Je suis persuadé que c’est quelque chose de voulu par les opérateurs, qui pourront ainsi plus facilement faire appel aux travailleurs étrangers », allègue-t-il.
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