Live News

France : Robert Badinter, l'artisan de l'abolition de la peine de mort, entre au Panthéon

L’ancien avocat et ministre français de la Justice, Robert Badinter, a été intronisé au Panthéon lors d’une cérémonie solennelle présidée par le président de la République française le 9 octobre 2025, date anniversaire de la promulgation de la loi abolissant la peine de mort, dont il est l’auteur

Robert Badinter est entré jeudi "avec les Lumières" et "les principes de l'Etat de droit" au Panthéon, où sont honorées les figures marquantes de l'histoire de France, au cours d'une cérémonie solennelle en hommage à cet artisan de l'abolition de la peine de mort.

Publicité

Le président Emmanuel Macron a promis dans son discours de continuer à "porter" ce combat "jusqu'à l'abolition universelle" de la peine de mort. "Pour Robert Badinter, chaque jour devant nous doit être un 9 octobre", a-t-il dit sous la nef du Panthéon.

Prévue de longue date, cette cinquième panthéonisation sous ses mandats est une parenthèse en pleine crise politique pour le chef de l'Etat, qui doit décider d'ici à vendredi soir quoi faire pour sortir la France de l'impasse.

Peu avant, le cénotaphe, le cercueil au nom de l'ancien avocat mort en février 2024 à l'âge de 95 ans, était entré dans cette ancienne église du centre de Paris, devenue monument désormais funéraire frappé sur son fronton de la devise "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante".

L'ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995), qui reste enterré à Bagneux, en région parisienne, va désormais reposer symboliquement au Panthéon, dans le caveau "des révolutionnaires de 1789", à travers des objets déposés dans le cénotaphe : sa robe d'avocat, une copie de son discours sur l'abolition de la peine de mort et trois livres dont un de Victor Hugo.

Sous les applaudissements du public présent en nombre, les mots du ministre de la Justice (1981-1986) de François Mitterrand ont de nouveau résonné, quand il a demandé à la tribune de l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, et obtenu, "l'abolition de la peine de mort en France", conformément à un engagement du président socialiste, à rebours de l'opinion de l'époque.

 

"La vérité humaine"

"Ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort méconnaissent la vérité humaine", lançait-il alors dans un débat passionné.

"Robert Badinter entre au Panthéon avec les Lumières et l'esprit de 1789", "avec les principes de l’Etat de droit", a encore déclaré Emmanuel Macron dans son discours.

"Nous entendons sa voix qui plaide ses grands combats essentiels et inachevés : l’abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre le poison antisémite et ses prêcheurs de haine, la lutte pour la défense de l’Etat de droit", a ajouté le chef de l'Etat.

Il a rappelé que Robert Badinter était "né dans les années vingt ravagées par la haine des Juifs" et s'était "éteint dans nos années vingt où à nouveau la haine des Juifs tue". "N'éteignons jamais cette colère face à l’antisémitisme", a martelé le président de la République.

 

"Honte"

La journée a toutefois été ternie par une profanation dans la matinée de la tombe de Robert Badinter à Bagneux. Les "tags qui insultent ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l'homosexualité", dénoncés par le maire de cette ville, ont été rapidement nettoyés.

"Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire", avait immédiatement réagi Emmanuel Macron.

Le président français a déjà fait entrer dans la nécropole républicaine Simone Veil, une rescapée d'Auschwitz et auteure de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, l'écrivain chroniqueur de l'horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale Maurice Genevoix, la star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker et le résistant communiste d'origine arménienne Missak Manouchian.

L'historien et résistant Marc Bloch sera à son tour panthéonisé mi-juin, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944.

Pour l'historien Denis Peschanski, le fil conducteur de ces choix présidentiels est l'"universalisme républicain". "C'est la France des Lumières, qu'incarnait Robert Badinter à travers son combat abolitionniste mais aussi sa défense acharnée des victimes et sa lutte pour les droits".

AFP

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !