A trois mois de l'élection présidentielle, le président français Emmanuel Macron, décidé à "emmerder" les non-vaccinés, a suscité un tollé au Parlement où le gouvernement peine à faire adopter un texte instaurant un « pass » vaccinal pour lutter contre le Covid-19.
"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie", déclare le chef de l'Etat français dans un entretien avec le quotidien Le Parisien.
"Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…", explique le président.
Des propos qui ont aussitôt fait tanguer l'Assemblée nationale et contraint le président de séance à suspendre les travaux en pleine nuit mercredi en raison du chaos provoqué dans l'hémicycle par ces déclarations.
Les députés avaient pourtant repris à peu près dans le calme leurs discussions sur le pass vaccinal, après un vote surprise refusant la poursuite des débats dans la nuit de lundi à mardi.
Le candidat de La France insoumise (gauche radicale) à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a jugé "consternants" ces propos. "Le président maîtrise-t-il ce qu'il dit ? L'OMS (Organisation mondiale de la santé) dit ‘convaincre plutôt que contraindre’. Et lui? ‘Emmerder davantage’. Consternant", a-t-il dénoncé dans un tweet.
Pour Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (extrême droite), "un président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction".
Simple formalité
L'examen du projet de loi sur le « pass » vaccinal, l'un des piliers de la politique sanitaire d'Emmanuel Macron, a dû être suspendu dans la nuit de lundi à mardi alors qu'il n'aurait dû être qu'une simple formalité, une majorité de parlementaires soutenant le texte.
Après la reprise des travaux, les députés ont relevé à 16 ans le seuil exigé pour le « pass » vaccinal, contre 12 dans le projet initial du gouvernement, qui s'est rallié à ce changement. Les discussions devraient se poursuivre mercredi.
En pleine flambée de l'épidémie, le gouvernement visait initialement une adoption définitive en fin de semaine, avant une entrée en vigueur au 15 janvier. Mais 125 députés - contre 121 - ont refusé, par un vote à main levée, la poursuite des débats, faute de parlementaires de la majorité de centre-droit en nombre suffisant.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a défendu un texte "absolument nécessaire", alors que plus de 19.600 malades du Covid-19 étaient hospitalisés lundi soir en France. 297 malades sont morts au cours des dernières 24 heures dans les hôpitaux.
Plus de 270.000 nouveaux cas ont été enregistrés dans le pays au cours des dernières 24 heures, un nouveau record, ont annoncé les autorités sanitaires.
A trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, ce couac a donné lieu à de vives critiques, à droite comme à gauche.
"Amateurs un jour, amateurs toujours", a raillé le président du groupe LR (droite, opposition) à l'Assemblée nationale, Damien Abad, en se félicitant de ce "gros camouflet pour la majorité (...) mise en minorité".
Avec le « pass » vaccinal, le gouvernement veut encore accentuer la pression sur les près de cinq millions de Français de plus de 12 ans non vaccinés : faute de pouvoir justifier d'un statut vaccinal complet, ils n'auront plus accès aux activités de loisirs, aux restaurants, aux bars, aux foires ou aux transports publics interrégionaux.
© Agence France-Presse
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