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Fourniture en marchandises : des boutiquiers qui se disent lésés, des clients affectés 

Santosh Ramnauth, président de la Shop Owners Association (SOA), affirme que le manque de marchandises est un lourd handicap

«La situation est grave», affirme Santosh Ramnauth, président de la Shop Owners Association (SOA). Trois jours après la réouverture des supermarchés et boutiques en cette période de confinement dû au Covid-19, il avance que les commerces de proximité, en l'occurrence les boutiques et tabagies du coin, peinent à renouveler leurs stocks de marchandises en l’absence de distribution.
 
«Je me suis rendu à un supermarché aujourd’hui, et j'ai vu des prix qui ont pris l’ascenseur depuis le couvre-feu. J’ai rencontré des 'salesmen' et ils m’ont dit carrément avoir eu des instructions de livrer aux supermarchés. Nous manquons de réassort et nous ne savons pas jusqu’à quand ça va durer. J'ai entendu le ministre responsable dire qu’il est en contact avec les personnes concernées et qu’il n’y a pas de rupture de stock. Moi qui suis responsable des boutiques, je constate que personne ne m’a contacté», déplore Santosh Ramnauth. 

Le président de la SOA ajoute avoir constaté que, ces jours-ci, des clients retournent vers eux car ils se plaignent d’avoir à attendre des heures devant un supermarché. Santosh Ramnauth explique que certaines boutiques jouent le jeu, et fournissent toujours à crédit leurs clients en ces temps difficiles. Toutefois le manque de marchandises est un lourd handicap, selon lui. 

«Les bouteilles de gaz sont uniquement vendues dans les stations-service», soutient le président de la SOA. Il ajoute que le traitement réservé aux boutiques est injuste en comparaison avec les supermarchés. 

Interrogé, Suttyhudeo Tengur, président de l’association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), dit être parfaitement au courant de cette situation : «J’ai moi-même attiré l’attention là-dessus. C’est une injustice envers les boutiques du coin ou comme on les appelle, les boutiques de proximité. L’État favorise les 272 hypermarchés et supermarchés, cela au détriment des 762 boutiques de proximité. Or, nous avons à Maurice, 300 000 ménages parmi lesquels 150 000 s’approvisionnent auprès des boutiques de leurs régions. Donc, cette situation a crée un préjudice envers 50 % des consommateurs. Se faisant, le gouvernement est en train de créer un monopole pour les supermarchés en leur apportant des facilités pour renflouer leurs stocks». 

Pour Judex Ramphul, président du syndicat des pêcheurs, «la situation est précaire, car beaucoup de pêcheurs se ravitaillent à la boutique. Ils rencontrent de gros problèmes ces jours-ci».  Tout en saluant le plan d’aide du gouvernement à hauteur de Rs 6,5 millions, le représentant syndical estime qu'il faut revoir le secteur informel, qui est touché par la crise :

«Certaines personnes travaillent en mer et sont toujours dans l’attente de leur attestation de pêcheur. Ceux-là, risquent de ne pas bénéficier de l’aide financière.  D’autant plus qu’ils n’ont pas droit à une aide sociale. Ce sont des jeunes, ils ont entre 18 et 30 ans. Beaucoup travaillent pour des compagnies de pêches, qui sont elles-mêmes en difficulté. Cela, d’autant que bon nombre d’institutions qui pourraient  leur faciliter les choses sont fermées».

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Qu’en est-il des petits planteurs qui s’approvisionnent auprès des boutiques de leur localité ?
«Ils sont en situation difficile en cette fin de mois. Plus de 60 % des petits planteurs sont affectés. Ceux-là sont âgés de plus de 60 ans. Ils sont à court d’argent, n’ayant pu travailler durant le confinement imposé pour lutter contre le coronavirus. Certains ont pu vendre leur légumes et fruits depuis leur domicile, mais ne pouvant le faire avec l'assistance de leurs employés, leur récoltes et revenus sont drastiquement réduits. Pire, beaucoup de légumes pourrissent dans les champs. Il faut revoir cette situation car ceux ayant plus de 60 ans ne sont pas éligibles à l’allocation de Rs 5 100 sous le Self-employed Assistance Scheme. Cela, puisqu’ils touchent déjà leur pension de retraite, qu'ils n’ont souvent pas encore eue pour ce mois-ci», explique Kreepalloo Sunghoon, le secrétaire de la Small Planters Association (SMA).   
Sollicité pour une réaction, le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du gouvernement au sein du National Communication Committee (NCC), explique qu’il y a un comité, composé des ministres Joe Lesjongard et Yogida Sawmynaden, qui travaille sur la question de distribution en partenariat avec la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) et présentera des mesures.

«Cela dit, il ne faut pas oublier que les livreurs et les distributeurs fonctionnent dans un contexte de service minimum. Cela constitue une contrainte. Les supermarchés ont une grande responsabilité dans le réapprovisionnement des marchandises, les boutiques aussi», ajoute le Dr Zouberr Joomaye.  
 

 

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