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Forum post-Budget 2023-2024 : ces secteurs tombés aux oubliettes 

L’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA), en collaboration avec le Mauritius Institute of Professional Accountants (MIPA), a organisé, ce lundi à Ébène, un « Post-Budget Forum » à la suite de la présentation du Budget national par le ministre des Finances.  Les mesures annoncées et les lacunes dans le Grand oral ont été au centre des discussions.

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Clensy AppavooClensy Appavoo, CEO et Senior Partner de HLB Mauritius, et l’un des principaux participants dans le panel de discussion, estime que le Budget 2023-24 apporte en général un certain « feel-good factor » à la population. « Les mesures budgétaires touchent toutes les couches sociales et tous les âges. Par ailleurs, on peut constater la volonté du gouvernement de réduire la pauvreté dans le pays », observe-t-il. Toutefois, il est d’avis que le développement des secteurs émergents n’était pas à l’agenda. « Ces secteurs sont prometteurs et des mesures appropriées pour exploiter de nouvelles opportunités auraient apporté de la valeur ajoutée et un coup de boost à l’économie mauricienne. » 

En premier lieu, il prend l’exemple de l’économie bleue. « Cela fait plus de 30 ans que l’on discute du développement de ce secteur mais à ce jour rien n’a été fait. Le Budget aurait été une occasion d’annoncer des mesures appropriées. » Il pense qu’il est grand temps d’investir dans la replantation de coraux et dans des projets maritimes de haute technologie.  Par ailleurs, il évoque le manque d’incitation pour développer le port. « C’est triste de constater que plusieurs lignes maritimes sont en train d’abandonner notre port en raison d’un manque de services portuaires efficients », déplore-t-il. 

L’agriculture en retard 

Des mesures visant le développement et la diversification dans le secteur de l’agriculture, selon Clensy Appavoo, font également défaut dans le Budget 2023-24. « Le secteur agricole a besoin d’être amené à un niveau plus élevé. La Zambie et le Ghana, par exemple, utilisent l’intelligence artificielle dans l’agriculture pour augmenter leur efficience et leur productivité », souligne-t-il. Pour le CEO, Maurice a encore un long chemin à parcourir dans ce domaine. En outre, il rappelle que le Biomass Framework a été développé en 2020. « Mais c’est dommage de voir que rien n’a été mis en pratique à ce jour », dit-il. Clensy Appavoo estime que c’est une bonne chose de se concentrer sur les secteurs traditionnels mais que ce n’est pas suffisant si l’on veut atteindre un taux de croissance soutenable.  

Économie durable  

Clensy Appavoo fait remarquer que Maurice est à l’origine de moins de 0,01 % des émissions de carbone sur la planète mais est classé 51e parmi les pays le plus à risque face aux effets du changement climatique. « Au lieu de se concentrer sur la réduction de notre empreinte carbone, nous devrions plutôt nous concentrer sur l’adaptation au changement climatique. L’achat d’autobus électriques est certes une bonne chose, mais utiliser cet argent pour protéger nos coraux serait plus pertinent », juge-t-il.  Néanmoins, il estime que le Budget comprend plusieurs mesures qui pourraient permettre de rendre les activités plus vertes notamment dans le secteur manufacturier et le tourisme. 


Ryaad Owodally, directeur d’International Tax and Transaction Services, EY Mauritius : « L’abolition de la Solidarity Levy rectifie une anomalie » 

Ryaad AwodallyL’introduction d’un système d’imposition progressif devrait bénéficier à la population dans son ensemble. C’est du moins ce que pense Ryaad Owodally, directeur d’International Tax and Transaction Services, EY Mauritius. « Que ce soit les riches ou les pauvres, personne ne sera perdant », estime-t-il. Par ailleurs, il soutient que l’abolition de la Solidarity Levy aidera davantage l’économie à progresser. « Désormais, les dividendes ne sont plus taxables. Ce n’est pas un cadeau du gouvernement, c’est une anomalie qui a été rectifiée », souligne-t-il. L’enlèvement de la TVA sur des produits de consommation courante, poursuit-il, bénéficiera également aux consommateurs.  


Pierre Dinan, économiste : « La bombe démographique attendue à l’avenir coûtera cher à l’économie »

Pierre DinanL’économiste Pierre Dinan ne passe par quatre chemins pour affirmer que le Budget 2023-24 fait la part belle au social. Il souligne que le coût de la protection sociale est à présent estimé à Rs 67,58 milliards.

« Uniquement pour la pension de vieillesse, il fallait compter Rs 47,68 milliards. Avec la hausse de la pension annoncée dans le Budget, le chiffre devrait atteindre Rs 55 milliards pour la prochaine année fiscale. » L’économiste ajoute qu’aucune dépense de l’État n’équivaut au budget consacré au paiement de la pension de retraite de base.  « Par exemple, les General Public Services coûtent environ Rs 15 milliards, l’ordre public coûte Rs 15,5 milliards, les affaires économiques sont estimées à Rs 13 milliards et l’éducation à Rs 23,4 milliards », cite-t-il. 

Pierre Dinan fait observer qu’en raison du vieillissement de la population, le budget de la protection sociale sera de plus en plus lourd. « Le taux de naissance est en constante baisse. Ainsi, une bombe démographique nous attend à l’avenir, ce qui coûtera cher à l’économie », dit-il.  Concernant l’Independence Scheme de Rs 20 000 aux jeunes qui atteignent l’âge de 18 ans, Pierre Dinan dit avoir des craintes.

 Je pense que ce serait plus approprié que ce montant soit offert à travers un dépôt sur un compte bancaire pour encourager les jeunes à épargner », suggère-t-il. Cependant, il exprime sa satisfaction sur l’allocation de Rs 1 000 offerte aux personnes ayant contracté un prêt logement. « Environ 70 000 ménages bénéficieront de ce soutien », précise-t-il. 

L’économiste commente également les prévisions de croissance du gouvernement jusqu’en 2026, soit une moyenne annuelle de 5 %. « Les taux de croissance prévus pour les prochaines années pour Maurice sont plus élevés que ceux de l’économie mondiale qui sont autour de 3 %. Cela implique que notre économie devrait grandir plus rapidement que l’économie mondiale. » Il rappelle toutefois que Maurice est hautement dépendant des importations.
 

 

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