Fonderie: dans l’univers de bronze de Devanand Bungshee

Il est un artiste accompli. Devanand Bungshee, habitant Pointe-aux-Piments, jongle avec de l’argile, du marbre et du bronze avec une dextérité incroyable. Nous l’avons rencontré dans sa fonderie. Plantée sous d’immenses banyan, la fonderie de Devanand Bungshee s’accorde une pause. Elle est bien méritée, parce que cela fait des heures que l’artisan travaille le bronze. Là, posés sur une table en fer, divers objets en bronze brut reposent dans la tranquillité des lieux. Et pourtant, il y a quelques heures, ils étaient dans un four, crépitant sous un feu de bois de filao. On ne travaille pas le bronze au petit bonheur, nous confie notre interlocuteur. D’abord, il y a tout un apprentissage à faire avant de le manier. « Le bronze est le premier alliage métallique artificiel créé par l’homme. C’est en Inde que j’ai appris à le manipuler, lorsque j’avais décroché une bourse pour y étudier les beaux-arts. C’est ainsi que j’ai découvert la sculpture en bronze », explique-t-il. De retour au pays en 1984, il tentera de réaliser ses premières sculptures quelques mois après. « Cela n’a pas été facile au départ. Je manquais de dextérité. Mais avec de la pratique, j’y suis parvenu. Travailler le bronze m’a surtout appris à être patient », lance-t-il. Et pour cause, une sculpture en bronze ne se fait pas en un tour de main. Il y a plusieurs étapes à respecter, signale Devanand Bungshee. « Il faut réaliser la sculpture avec de l’argile d’abord. Puis, on utilise de la cire pour déterminer l’épaisseur de la sculpture et on prépare un autre moule. On placera ce dernier dans le four pour faire fondre la cire pour qu’elle laisse place à son contenu, à savoir le plâtre de Paris. » Par la suite, l’heure est à la coulée du bronze. « J’achète du bronze de l’Afrique du Sud pour une somme relativement raisonnable. Pour réduire le bronze de son état de solide à liquide, je le fais chauffer à 1 100 degrés. Avant de le verser dans le moule en prenant soin de laisser des évents pour évacuer de l’air et du gaz lors de cette opération », poursuit l’artiste. Une fois refroidi, on peut alors procéder au polissage et autre découpe. « Ce qu’il y a d’intéressant avec le bronze, c’est que c’est un matériau qui est ni trop dur ni trop mou à travailler. De ce fait, on peut le sculpter ou le polir à sa guise avec une scie, une meuleuse ou encore du papier sablé. Pour le reste, la nature peut s’en charger », fait ressortir Devanand Bungshee. Et pour cause, le bronze étant sensible à l’oxydation, ses teintes peuvent ainsi varier selon les régions. « Les différentes composantes de l’air peuvent altérer les couleurs des sculptures en bronze. Cependant, on peut toujours avoir recours à des produits chimiques pour accélérer le processus. On peut ainsi retrouver des teintes de bleu, de vert voire de rouge. Les résultats sont surprenants ».