Une équipe du professeur Anba Soopramanien, neurochirurgien mauri-cien et spécialiste de la rééducation des blessés médullaires, a formé le personnel soignant local. Elle a aussi rencontré des patients, afin de définir une meilleure prise en charge.
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C’est par le biais de la fondation Neuram que cette équipe, composée d’infirmiers de la Grande-Bretagne, Paula Shaw et Bill Cox Martin, ainsi que l’Occupational Therapist Shiva Jamwal, a fait le déplacement à Maurice. Leur objectif : trouver des solutions au problème de manque de structure pour la réhabilitation neurologique pluridisciplinaire.
Selon le professeur Anba Soopramanien, après une blessure médullaire ou un traumatisme crânien, les gens ont un traitement aigu et les médecins, ou l’équipe de rééducation, commencent leur intervention tout de suite après le trauma au stade aigu.
« Le but est, pour nous, d’offrir un traitement spécialisé afin d’optimiser les muscles et ensuite améliorer la qualité de la vie, en utilisant le maximum de muscles restants. »
Cela se fait par une équipe pluridisciplinaire : physiothérapeute, ergothérapeute, médecin, orthophoniste, psychologue, etc. pour qu’ensemble, ils déterminent comment offrir les meilleurs soins au patient.
La prise en charge
Le spécialiste précise que la prise en charge ne commence pas et ne se limite pas à la chirurgie et à la rééducation, ni à la physiothérapie, qui est l’un des éléments de la rééducation. « À Maurice, il y a cette conception que la physiothérapie, c’est la rééducation. Quelquefois, on utilise le mot “chauffer” et “masser”, qui sont des conceptions erronées. »
Pour lui, quand une personne souffre de mobilité réduite, ne pas pouvoir marcher, par exemple, est le cadet de ses soucis. « Il a d’autres fonctions vitales qui sont en panne et qui sont tout aussi importantes. Un jeune, par exemple, peut ne pas pouvoir avoir de relations sexuelles. »
De plus, il peut aussi souffrir d’autres problèmes, tels que l’incontinence. Une bonne prise en charge peut l’aider à retrouver une continence normale. « Le travail de la continence est un travail spécialisé », explique le Pr Soopramanien. Il soutient qu’un médecin spécialisé et formé pour comprendre toute la pathophysiologie fera des sondages intermittents et sera avec le patient pour qu’il apprenne la technique pour faire cette régulation au niveau des selles.
Les personnes à mobilité réduite souffrent souvent d’escarres, qu’il est possible de prévenir. Le Pr Soopramanien explique que le personnel soignant est conscient qu’il faut tourner le patient toutes les deux heures, mais il n’a pas toujours les équipements voulus. Selon lui, dans le service hospitalier, les lits ne sont pas toujours adaptés et les chaises trop basses, quand il s’agit de déplacer un patient à mobilité réduite.
Ce qui fait que le personnel soignant peut lui-même avoir des complications au dos, s’il n’a pas la bonne technique pour tourner le patient. D’où la pertinence des sessions de formation que l’équipe du Pr Soopramanien a animées dans les hôpitaux de l’île pour sensibiliser à ce sujet.
Selon lui, les escarres sont dues à un manque de connaissance, qui fait que ceux prenant en charge des personnes à mobilité réduite n’ont pas la bonne technique pour les déplacer.
« Les patients et leurs proches n’ont pas appris comment éviter les escarres. Après une intervention, ils rentrent chez eux sans avoir pris connaissance des précautions à prendre ».
Pour éviter les escarres, il faut s’asseoir sur une interface correcte, c’est-à-dire un fauteuil dans lequel on a installé un coussin et non s’asseoir directement sur le canevas. Le coussin sert à amortir les chocs et cela donne un meilleur confort. Il faut changer de position régulièrement.
Le Pr Soopramnien explique qu’en Grande-Bretagne, où il exerce, les patients sont renvoyés chez eux après qu’ils aient appris comment se tourner, surtout s’ils ont une insensibilité. « Quelques fois, quand une personne à une paralysie de la moelle épinière, elle ne peut pas sentir ses fesses. Quand une personne est assisse dans une position inconfortable, elle va, au bout de quelque temps, changer de position. Mais le patient peut garder la même position pendant plusieurs heures et tout d’un coup, quand elle va se lever, on va remarquer qu’une escarre s’est formée. »
Fauteuils roulants
Il note aussi que les fauteuils roulants donnés aux patients ne sont pas adaptés. Tout le monde dispose du même fauteuil, indépendamment de sa taille, alors que cela ne devrait pas être le cas. Le repose-pied peut rendre la position assise très inconfortable également, dit-il, alors que la meilleure façon de s’asseoir, c’est d’être à 90 degrés.
Le Pr Soopramanien déplore également que les utilisateurs de fauteuils roulants ne disposent pas de coussin adapté et s’assoient directement sur le canevas. « Les gens ne savent pas qu’il faut utiliser un coussin pour s’asseoir dans un fauteuil roulant, afin d’amortir les chocs qu’ils peuvent avoir en se déplaçant. » Il faut enlever la pression en changeant de position régulièrement, ajoute-t-il.
Selon lui, les personnes à mobilité réduite ont une méconnaissance de leurs capacités. « Ils ne savent pas qu’ils peuvent être plus indépendants qu’ils le sont ». Ainsi, certains croient qu’ils doivent rester alités. « Il faut éduquer la population ainsi que les thérapeutes, afin qu’ils puissent rendre leurs patients beaucoup plus autonomes qu’ils le sont ».
De plus, il faut s’alimenter convenablement, parce que si on a peu de muscles, il n’est pas possible de fonctionner convenablement et au niveau des fesses, il y aura plus d’os que de chair. Il faut se nourrir correctement pour avoir une bonne santé. Il faut également avoir une bonne source de motivation, car si on souffre de troubles psychologiques, on va vite laisser tomber.
La fondation Neuram a été fondée en février 2017. Pour bénéficier des conseils de l’équipe de la fondation Neuram, prenez contact avec le personnel local sur le 58 40 88 77 ou à travers le site internet www.neuram.org
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