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Fond-du-Sac: spectacle de désespoir

Kale Road, Fond-du-Sac. Mobiliers et vêtements dans les rues, nourritures inconsommables, murs à terre. Cette ruelle offre une vision apocalyptique au lendemain des pluies diluviennes. À Kale Road, on se souvient encore des terribles pluies de 2013. Mais celles de mercredi sont sans égal. Vishal Shewhorak indique les niveaux de montée des eaux de deux inondations dans ce qui reste de son salon. Le niveau de mercredi est de cinq centimètres de plus que celles de 2013. Cette année-là, Premanand avait dû dépenser plus d’un demi-million de roupies pour rénover sa maison de 6 pièces, comptant pour cela sur son seul salaire. « J’ai à ma charge ma mère et mon père handicapé. Et j’ai des dettes. Comment vais-je faire cette fois ? Hier (NDLR : mercredi), nous sommes allés dîner chez des voisins », dit-il, le regard perdu. Sa maison, à la Route Royale, se trouve à environ huit pieds en contrebas de la chaussée. Mercredi, au plus fort des averses, la maison a été inondée en moins de dix minutes. Plus loin, chez la famille Naiko, de la grand-mère aux neveux, tout le monde essaie de remettre un peu d’ordre dans la maison totalement dévastée. « Il n’y a ni à manger ou à boire, ni électricité », indique Anil Naiko. Les vêtements sont empilés sur l’armoire, les appareils électroménagers sont hors d’usage. Flotte dans la maison une odeur d’eau putride. Aux alentours, on découvre l’étendue de la catastrophe. Dans la cour où une maison est en construction, le mur est couché, témoignant de la violence des flots. Les coulées de boue mêlée de cailloux barrent le passage.

« Ni à manger, ni électricité »

Comment, en si peu de temps, la petite localité, où vit une trentaine de familles, a-t-elle été livrée, impuissante, à la rage des précipitations ? À Fond-du-Sac, tout le monde pointe du doigt un seul et même coupable : les champs de canne, déjà responsables des inondations de 2013. Ces champs surplombent légèrement la localité et il suffit d’une grosse pluviométrie pour que les terres soient saturées. Dès lors, on comprend la facilité avec laquelle les eaux ont fondu sur les terres en contrebas. Lorsque les premiers flots ont commencé à envahir la ruelle, ils ont buté sur un mur séparant deux cours. Leur vigueur a vite eu raison de cet obstacle. Le passage des eaux a laissé un trou béant. Les habitants de l’endroit sont unanimes sur un point : c’est lorsque ce mur est tombé que les flots ont commencé à déferler dans la ruelle, ravageant tout sur son passage. Bisham Mistry, lui, a eu plus de chance car il possède une maison à étage, mais son ordinateur, dont il vient de terminer le paiement, a rendu l’âme. À la Route Royale, Manish Prayag, un jeune homme qui loue des équipements de mariage, a perdu ses jeux de lumière. Très remontés contre leurs élus, qu’ils accusent d’indifférence durant ces grosses averses, les habitants soulignent aussi la responsabilité des autorités qui n’ont pas construit de canalisations appropriées après les inondations de 2013. « Depuis les travaux d’épierrage dans les champs de cannes et la construction de lotissements sans planification, les eaux durant les grosses pluies ne s’écoulent plus naturellement dans la terre », explique un vieil habitant de la localité. « Si des travaux ne sont pas effectués dans les prochains jours, on va connaître à nouveau de grosses inondations en cette période cyclonique », s’inquiète-t-il.
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