La publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB), est imminente. Les préparatifs seraient déjà enclenchés pour que le document soit imprimé. On prévoit une dotation de Rs 8,3 milliards pour la mise en oeuvre des recommandations.
Animant une conférence de presse, après la présentation du Budget, le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrishna Sadien, a attiré l’attention que le gouvernement aurait fait une provision de Rs 8,3 milliards. Une somme de Rs 1,7 milliard sera allouée pour 2021, Rs 3,3 milliards pour 2022 et Rs 3,3 milliards 2023 respectivement et a insisté pour que ce rapport soit appliqué avec effet rétroactif à janvier 2020. Il soutient cette demande par le fait que le gouvernement accorde une allocation intérimaire de Rs 1 000 par mois comme une avance sur le PRB depuis janvier 2020.
Pour l’économiste Pierre Dinan, le coût du rapport du PRB aura certainement un effet sur l’économie nationale car cela va provoquer une hausse de la dette publique. « Sur le plan strictement économique, une hausse salariale doit toujours être accompagnée par une hausse de la productivité et il serait bon que les autorités prennent des mesures pour rehausser la productivité dans le secteur public. »
Dépréciation de la roupie
Il estime qu’il est trop tôt pour savoir si une hausse salariale influencera l’inflation. « Il faut voir comment les fonctionnaires vont dépenser leur argent. Si c’est dans la consommation, il y a un risque d’une hausse de l’inflation mais ils pourront aussi investir leur argent dans d’autres projets comme la construction de leur maison ou même épargner »
De son côté, Jayen Chellum, le secrétaire-général de l’Association des consommateurs, estime que l’application du rapport du PRB n’aura qu’une faible influence sur l’inflation. « Avec une situation économique de plus en plus difficile, les gens ont tendance à épargner pour faire face à des jours difficiles à l’avenir. De ce fait, ils sont prudents au niveau de leurs achats et n’achètent que l’essentiel ».
Toutefois, il avance que bénéficiant d’une augmentation salariale conséquente, les fonctionnaires se trouvant dans la classe moyenne auront l’occasion de compenser en partie la perte de leur pouvoir d’achat. Ce qui ne sera pas le cas pour la majorité des salariés du secteur privé. « La dépréciation de 2,3 % de la roupie mauricienne va provoquer une cascade de hausse de prix dans le commerce car elle va provoquer une hausse des frais d’importation des produits alimentaires et ce sont surtout la classe moyenne et les plus pauvres de la société qui seront les plus affectés par la hausse du coût de la vie. »
Quant au président de l’Union of Finance Officer, Vidianand Naugloo, il trouve que l’augmentation salariale dans la fonction publique provoquerait une relance de la consommation. Ce qui favoriserait notamment les industries manufacturières locales car elles devront augmenter leurs productions pour faire face à la demande. « Ce qui sauvera des milliers d’emplois. »
Poussée inflationiste
Le président de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, y va également de son commentaire. Il affirme lui-aussi que déjà frappée de plein fouet par la spirale inflationniste, une majorité de fonctionnaires éviteront à aller dépenser leur argent bric-à-brac suivant l’augmentation salariale prévue par le PRB. Il explique aussi que les commerçants, qui d’habitude haussent les prix de leurs produits après chaque hausse salariale, hésiteront à le faire, car avec la montée des prix dans le commerce, ils ont subi une basse de la clientèle et ne voudront pas en perdre davantage car en ces temps difficiles, les consommateurs ont diminué drastiquement leurs achats.
Pour contrer la poussée inflationniste qui affecte surtout les plus faibles, le dirigeant syndical souhaite que le gouvernement impose des subsides sur d’autres produits de consommation courante comme l’huile de table qui est passée de Rs 45 à Rs 75 le litre. « Le gouvernement pourrait imposer un subside sur cette commodité essentielle pour la ramener Rs 50 le litre », dit-il.
L’Union of Finance Officers dit reconnaître l’effort du gouvernement
Vidianand Naugloo, vice-président de la Federation of Civil Services& Other Unions (FCSOU), et président de l’Union of Finance Officers (UFO), reconnaît l’effort du gouvernement de publier le rapport du PRB malgré un contexte économique très difficile. Il explique que ce rapport ne concerne pas que les salaires mais aussi les conditions de service dans la fonction publique.
Ses principales demandes
- Une restructuration au niveau des cadres de la finance dont un changement d’appellation de certains grades.
- La correction d’un litige qui date d’un précédent rapport du PRB pour permettre aux Assistant Finance Officers d’être promus au rang de Finance Officers.
- La correction d’une anomalie, qu’il considère comme une discrimination entre le grade d’Assistant Finance Manager (P) et de l’Assistant Finance Manager. Il explique que les deux grades ont un même Scheme of service mais que les Assistant Finance Managers(P) ont un salaire plus élevé que les Assistant Finance Managers. Il explique que cette différence dans les salaires permet à l’Assistant Finance Managers (P) de jouir des facilités hors taxe pour l’achat d’une voiture chaque sept ans alors que les Assistant Finance Managers n’ont droit qu’à une unique facilité hors taxe.
- La correction de ce qu’il considère aussi comme une anomalie c’est qu’après 331/3 de service, les fonctionnaires continuent de contribuer 18 % de leurs salaires au fonds de pension et qu’en retour ils n’ont qu’un remboursement de 2 % seulement. Il avance qu’il a déjà saisi l’Equal Opportunities Commission et qu’il espère que cette affaire sera réglée par le PRB avant l’audience devant la Commission qui est prévue pour bientôt.
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