L’extension du congé paternité à quatre semaines, initialement saluée comme un progrès dans les droits des travailleurs, fait désormais grincer des dents. Les fonctionnaires et employés des organismes parapublics ont découvert avec surprise que ces quatre semaines seront déduites de leurs « accumulated vacation leaves », une mesure perçue comme injuste par beaucoup.
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Jadis, les nouveaux pères avaient droit à une seule semaine de congé paternité. Mais c’était avant la présentation du Budget 2024-25. Dans un souci de mieux soutenir la parentalité, le gouvernement a décidé de l’étendre à quatre semaines, avec effet rétroactif au 7 juin, conformément aux nouvelles dispositions de la Workers’ Rights Act. Amendement qui a été officialisé par la Finance (Miscellaneous Provisions) Act 2024.
Mais alors que fonctionnaires et employés des organismes parapublics s’attendaient à bénéficier pleinement de cette mesure, ils ont découvert qu’elle comporte une nuance. Dans une circulaire envoyée aux employés, le ministère de la Fonction publique explique ceci : « En sus de son droit normal au ‘casual leave’, un employé peut, sous réserve des besoins du service, prendre jusqu’à quatre semaines de son « accumulated vacation leave », ce qui inclut les cinq jours de congé accumulé habituellement pris d’affilée ou de manière ponctuelle autour de la période de la naissance de l’enfant. »
En d’autres termes, les fonctionnaires devront puiser dans leurs jours de vacances annuels accumulés, souvent réservés à des situations d’urgence ou de repos personnel. Du coup, la mesure budgétaire, initialement présentée comme une avancée dans les droits des pères dans leur rôle familial, soulève désormais des tensions au sein de la fonction publique, certains voyant en cette nouvelle condition une forme d’injustice.
« Nous estimons que cette décision est injuste, car elle réduit nos jours de congé annuel accumulés, destinés à d’autres usages, tels que les vacances ou les situations d’urgence », déplore un fonctionnaire, bientôt père.
Un employé d’un organisme parapublic abonde dans son sens. « C’est en contradiction avec l’esprit même de la mesure initialement annoncée, qui visait à renforcer les droits des travailleurs et non à leur imposer des sacrifices supplémentaires », martèle-t-il.
Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, confirme que le ministère de la Fonction publique a envoyé une circulaire aux employés pour annoncer que le « paternity leave » sera déduit des « accumulated vacation leaves ». Le syndicaliste monte au créneau, dénonçant ce qu’il qualifie de « trompe-l’œil ».
« Ce n’est pas acceptable. On ne peut pas dire aux fonctionnaires qu’ils bénéficient de quatre semaines de congé paternité tout en déduisant ces jours de leurs congés accumulés », soutient-il. Il appelle le Pay Research Bureau à reprendre la main sur les modifications des conditions de travail, arguant que c’est à cette instance, et non au ministère de la Fonction publique, d’instaurer de telles réformes.
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