Pour briser la chaine de transmission du Coronavirus, un Flexible Working Arrangement sera adopté pour les fonctionnaires, soit de 8 h 30 à 14 h 30 ou de 10 h 30 à 16 h 30. Une mesure qui est source de confusion.
L’objectif de cette mesure, qui devait être implémentée à partir du mercredi 1er décembre, est avant tout de réduire le nombre de passagers dans les transports en commun pendant les heures de pointe en ce temps de pandémie. Et aussi pour améliorer les mesures sanitaires à bord des autobus publics.
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Dans un circulaire émis le mardi 30 novembre, le Secrétaire au Cabinet et Chef du Service Civil demande aux Supervising Officers des différents ministères de déployer leurs membres du personnel respectifs en deux groupes équitables. Et ce, afin que le nombre adéquat d’employés requis pour la fourniture des services ministériels soit respecté par rapport à deux horaires de travail, soit de 8 h 30 à 14 h 30 ou de 10 h 30 à 16 h 30. Toutefois, les Supervising Officers des ministères, les policiers, les officiers du secteur éducatif, les groupes d’ouvriers, les officiers travaillant de façon rotative et à des heures décalées ainsi que les fonctionnaires bénéficiant des indemnités pour des déplacements officiels (Travelling Allowances, Travel Grant-Mileage for official travelling) ne sont pas concernés par cette mesure.
1100 fonctionnaires travaillent à domicile
Au ministère de la Fonction publique, on nous affirme que le Flexible Working Arrangement concerne particulièrement le personnel administratif exerçant dans la fonction publique. Un haut fonctionnaire dudit ministère cite pour exemple les Management Support Officers (MSO) et les Office Management Assistants (OMA) entre autres. Et ce, tout en réitérant la liste des fonctionnaires qui ne sont pas concernés par cette mesure. Ce dernier ajoute qu’une partie des fonctionnaires font actuellement du Work From Home et qu’au mercredi 1er décembre, le nombre était à 1100.
En ce qu’il s’agit de son constat de la réaction des fonctionnaires par rapport aux horaires de travail imposé par ce flexitime, il rappelle que le principal objectif est de désengorger les autobus aux heures de pointe. Car, bon nombre de fonctionnaires voyagent par les transports en commun. « Les Supervising Officers ont été demandés de déployer le personnel exerçant dans la fonction publique en fonction de deux horaires de travail qui sont imposés. Et ce, de la meilleure façon possible pour assurer quotidiennement les services ministériels. Donc, cela se fera en concertation avec les employés », renchérit notre interlocuteur.
Et de rappeler que le « Work From Home » sera parallèlement encouragé toujours dans le but de briser la chaine de contamination au virus. Cependant, il affirme ne pouvoir dire si cette mesure fonctionne, car elle vient d’être mise en place. « Il faudrait attendre au moins une semaine pour avoir les retombées sur son efficacité », fait-il ressortir. Mais de 10 h 30 à 14 h 30, les fonctionnaires se retrouveront l’un sur l’autre dans les bureaux en tenant compte de ce Flexible Working Arrangement ? « Avec l’agencement des employés par rapport à cette formule, l’objectif est aussi d’avoir moins de personnel dans les bureaux tout en s’assurant que la fourniture des services ministériels ne soit pas interrompue. Comme nous avons un protocole de « Work From Home » bien établi, nous l’encourageons aussi auprès des fonctionnaires, dépendant de la nature de leur travail », renchérit-il.
Et de conclure que des protocoles sanitaires ont été mis en place dans les bureaux depuis le début de la pandémie, par exemple que les gestes barrières soient respectés à la lettre par les salariés. Tout cela, afin de limiter les risques d’infection au virus.
Les fonctionnaires non-concernés par ce « Flexitime »
- Les ‘Supervising Officers’ des différents ministères.
- Les policiers.
- Les officiers du secteur éducatif.
- Les groupes d’ouvriers (workmen groups)
- Les officiers travaillant de façon rotative (roster) et à des heures décalées.
- Les officiers de la fonction publique bénéficiant des indemnités pour des déplacements officiels (travelling allowances, travel grant-mileage for official travelling).
Objectifs de cette mesure
- Casser la chaine de transmission de la Covid-19.
- Désengorger les transports en commun aux heures de pointe.
- Favoriser le respect de la distanciation physique dans les autobus publics.
- Moins de personnel dans les bureaux.
Narendranath Gopee de la Federation of Civil Service & Other Unions : « Ce circulaire est mal tiré et inspiré »
Non-émis selon les procédures normales, ce circulaire est mal tiré et inspiré, estime le président de la Federation of Civil Service & Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee. Et d’ajouter que le Flexible Working Arrangement a été imposé aux fonctionnaires sans consulter les syndicats et les fédérations qui sont les mieux avertis des contraintes auxquelles font face les fonctionnaires, ajoute-t-il. Le secrétaire au Cabinet a endossé ce qui a été dit dans une conférence de presse politique par un ministre autre que celui de la Fonction publique.
Précisant qu’il partage son constat que depuis ce circulaire, Narendranath Gopee rappelle que les fonctionnaires sont confus par rapport aux heures de travail imposées. « En ce moment, c’est le cafouillage. Car, la majorité des fonctionnaires souhaitent le créneau 8 h 30 à 14 h 30. À ce rythme, il ne restera plus personne pour celui de 10 h 30 à 16 h 30. Prise sans réflexion, cette décision débalance en ce moment la fonction publique. Il fallait l’implémenter sur une base pilote et voir si cela fonctionne avant de l’imposer aux fonctionnaires », rappelle-t-il.
Narendranath Gopee souligne qu’il a adressé une lettre au ministère de la Fonction publique pour révoquer le circulaire. Il a aussi formulé une demande de rencontre avec les syndicats et les fédérations pour un dialogue sur la manière de rendre plus efficace ce Flexible Working Arrangement imposé aux fonctionnaires en raison de la pandémie de la Covid-19. « Nous avons les solutions. Il faut nous consulter, car nous connaissons tous les bobos des fonctionnaires. Pour avoir moins de personnes dans les bureaux ministériels, l’idéal serait de considérer 8 h 30 à 12h et 12h à 16 heures 30 comme les horaires de travail, tout en encourageant le Work From Home », dit-il. Une formule qui, selon lui, permettra à une partie des fonctionnaires de faire du télétravail le matin et d’ensuite de bouger au bureau. Et une autre partie de travailler aux bureaux le matin et de continuer le Work From Home dans l’après-midi par exemple.
« En ce moment, il y a de nombreux fonctionnaires qui ont des enfants qui font du home schooling. Ces deux horaires permettront aussi à un parent d’aller travailler le matin tandis que l’autre s’occupe des enfants et vice-versa », juge Narendranath Gopee. Il n’a pas manqué de souligner l’importance de considérer la vie familiale des fonctionnaires qui vivent des temps difficiles en raison de la pandémie. Il est aussi d’avis que plus d’efforts doivent être faits dans les ministères pour assurer la sécurité sanitaire des fonctionnaires surtout en ce qu’il s’agit de la distanciation sociale et la disponibilité des gels hydroalcooliques entre autres. Car, pas moins de sept personnes travaillent dans un espace restreint tous les jours.
State & Other Employees Federation
Radhakrishna Sadien :« Ce Flexible Working Arrangement est ridicule »
Le circulaire comporte plus de restrictions que de mesures pour briser la chaine de transmission du virus. Tel est le constat du président de la State & Other Employees Federation, Radhakrishna Sadien qui note beaucoup de confusion parmi les fonctionnaires. Il fait référence aux fonctionnaires non-concernés par le flexitime imposé.
Radhakrishna Sadien estime qu’il est aussi important de veiller à la sécurité sanitaire des employés qui se rendent dans les bureaux pour dispenser les services ministériels au quotidien. « À ce jour, il y a bon nombre de fonctionnaires qui sont en isolement à domicile alors que d’autres sont décédés de la Covid-19. Le nombre de cas positifs ne cesse d’augmenter tous les jours. Hormis le désengorgement des autobus aux heures de pointe, il faut mettre en place un plan d’ensemble dans le secteur de la fonction publique. Et aussi de veiller à ce que la distanciation sociale et les autres gestes barrières soient observés dans les bureaux. Ce qui n’est pas le cas en ce moment », déplore-t-il.
De plus, notre interlocuteur se demande si ce Flexible Working Arrangement imposé ne cible pas que les 1000 Management Supporting Officers (MSO) qui viennent d’être recrutés dans la fonction publique. « De 10 h 30 à 14h30, des employés se retrouveront avec les autres. Donc, cette mesure est ridicule et incohérente. Nous adresserons une lettre au ministère de la Fonction publique pour révoquer ce circulaire. Nous exigerons aussi une consultation avec les syndicats et les fédérations des travailleurs pour la mise en place d’un système plus rodé par rapport au Flexible Working Arrangement, avant son agencement dans la fonction publique. Et ce, tout en tenant compte des contraintes qui en sont liées », conclut le syndicaliste.
Mélanie, fonctionnaire : « Cette mesure risque de créer de la frustration »
Des cas positifs au Coronavirus dans le ministère où travaille Mélanie * (prénom modifié), il y en a tous les jours. Travaillant avec le public, elle doit s’armer du mieux qu’elle peut pour ne pas être infectée. Surtout que la distanciation physique n’est pas respectée sur son lieu de travail et les toilettes sont utilisées à longueur de journée par de nombreuses personnes. De plus, en ce temps de pandémie, elle indique qu’elle doit faire un mémo pour qu’elle puisse avoir du gel hydroalcoolique dans son bureau. Alors qu’une haute importance devrait être accordée à cela afin d’assurer la sécurité sanitaire des employés.
Mercredi le 1er décembre, la fonctionnaire indique qu’elle est sortie de chez elle à 7 h 45. Et c’est à bord d’un autobus bondé de personnes sans respect de la distanciation physique, dont certains avec les masques sur le menton, qu’elle a voyagé pour regagner son lieu de travail dans la capitale.
Etes-vous en mode Flexitime ? À cette question, elle répond que « c’est le cafouillage total en ce moment, car on ne sait pas qui est concerné par cette mesure ou pas. Les Supervising Officers ont fait des recommandations, mais elles ne sont pas encore approuvées. Donc, ce n’était pas applicable aujourd’hui. Je ne sais quand cela se fera », dit-elle.
Cependant, la fonctionnaire ne cache pas que la formule idéale pour elle serait le Work From Home et non pas le Flexitime. Car en termes de contraintes liées au Flexitime, Mélanie indique que tout dépendra de la nature du travail du fonctionnaire. « S’il opte pour le créneau 8 h 30 à 14 h 30, il doit sortir plus tôt alors que s’il opte pour 10 h 30 à 16h30, il rentrera plus tard au boulot et plus tard à la maison. Je pense que ce sera un souci surtout pour ceux qui habitent dans des endroits loin de la capitale, par exemple le Sud du pays », renchérit Mélanie. Ainsi, cette dernière indique que ce Flexible Working Arrangement risque de créer des frustrations parmi ceux qui seront contraints de faire les mêmes heures que d’habitude.
De plus, Mélanie soulève le fait que certains officiers responsables dans les ministères agissent de façon archaïque et refusent d’adopter le Work From Home. « En ce temps de pandémie, l’utilisation des outils modernes est plus qu’essentielle », dit-elle haut et fort.
Et de conclure que si le Flexible Working Arrangement est adopté, il faudra que les autorités s’assurent qu’il y a plus d’autobus aux heures imposées.
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