Le harcèlement scolaire reste un problème grave et persistant, amplifié par la visibilité offerte par les médias et les réseaux sociaux. Des témoignages poignants en illustrent l’impact dévastateur sur les élèves. Marjorie Ayen, ex-enseignante devenue consultante anti-bullying, déplore le manque d’action de la direction de certaines écoles.
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Le harcèlement en milieu scolaire est un fléau de plus en plus préoccupant. Des cas sont régulièrement, même trop régulièrement, rapportés aux autorités, s’ils ne sont pas tout bonnement diffusés sur les réseaux sociaux à travers des vidéos. Marjorie Ayen, une ancienne enseignante devenue consultante anti-bullying, déplore le manque d’engagement de la part de la direction dans certaines écoles pour traiter ce problème.
« Certains enseignants ne se cassent pas la tête », dit-elle (voir encadré). Elle s’insurge contre ce qu’elle qualifie d’« attitude désinvolte » de leur part à l’égard de ce qui se passe à ces enfants qui continuent de prendre le chemin de l’école chaque jour malgré la peur qui les tenaille.
C’est le cas de Kiara. À seulement 11 ans, elle a déjà surmonté bien des obstacles. Elle vit avec des prothèses depuis qu’elle a été amputée des pieds. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’elle est victime de brimades de la part de certains de ses camarades de classe dans son nouvel établissement scolaire.
« Des enfants la poussent. Elle est tombée et s’est blessée le 21 mars dernier. C’était le jour de son anniversaire. Malheureusement, les incidents se sont répétés. Vendredi dernier, on l’a encore poussée. J’ai dû la conduire à l’hôpital où on lui a diagnostiqué une fracture au bras », raconte sa mère.
Cette dernière a d’ailleurs lancé un appel pour trouver un accompagnateur scolaire qui puisse aider sa fille à l’école, située dans le village de Richelieu. La Special Education Needs Authority a finalisé les procédures. Kiara aura désormais une auxiliaire avec elle à l’école.
Ce n’est hélas pas le seul cas de bullying rapporté. Stéphanie, qui habite La Tour Kœnig, relate que son fils de 15 ans, qui est en Grade 10 dans un établissement scolaire de Goodlands, en est victime. Un élève l’a frappé.
« Le jeudi 7 mars, il est rentré tard à la maison. C’est quand j’ai commencé à lui poser des questions qu’il m’a confié qu’il a été agressé par un élève et d’autres personnes à la gare de Goodlands », raconte Stéphanie, qui est très remontée. « En me montrant sa main, j’ai constaté que sa smartwatch était cassée. J’ai vu qu’il avait été mordu à la main et que celle-ci était comme percée. J’ai aussi vu une vidéo de la scène filmée par d’autres enfants », s’indigne-t-elle.
L’habitante de la Tour Koenig a porté plainte à la police. Elle a également alerté la direction de l’école ainsi que la Child Development Unit. Mais elle fait ressortir que ce n’est pas la première fois que son fils est victime de bullying. « Il a subi tout cela en silence, par peur. Il continue d’aller à l’école, mais il est constamment préoccupé et perturbé. Je suis très inquiète pour sa sécurité et son bien-être. J’envisage sérieusement de le transférer dans une autre école si cette situation perdure », conclut Stéphanie.
Marjorie Ayen, consultante anti-bullying : « Il y a des enseignants qui ne se cassent pas la tête »
Les cas de harcèlement scolaire ne datent pas d’hier, selon Marjorie Ayen, consultante anti-bullying. Après avoir été enseignante de 2006 à 2022, elle précise qu’ils existaient déjà dans le passé. La seule différence est aujourd’hui sa visibilité accrue, largement due à l’émergence des médias et à la facilité de dénonciation offerte par les smartphones. Elle précise que le bullying se poursuit en ligne et prend la forme du cyberharcèlement, avec des intimidations, des moqueries et des menaces.
Mais là où le bât blesse, selon elle, c’est au niveau du personnel. « Il y a des enseignants qui ne se cassent pas la tête. Ils viennent pour enseigner la matière pour laquelle ils sont payés et ce qui se passe après ne les regarde pas. Ils doivent changer cette attitude », avance-t-elle.
Elle insiste sur l’importance de prendre le harcèlement scolaire au sérieux dès le niveau de l’école. « Cela nécessite une implication à la fois des enseignants et du personnel administratif. » Elle déplore des cas où certains responsables d’école ont été moins sévères dans leur approche à l’égard des oppresseurs.
« Il est important de punir les enfants qui font subir des actes de violence et de harcèlement à leurs pairs. L’école doit prendre des sanctions. Les persécuteurs doivent, par exemple, être contraints de faire du social afin de développer l’empathie qu’ils n’ont pas », indique la consultante.
Marjorie Ayen souligne le besoin d’une politique cohérente et stricte au niveau des établissements scolaires. Elle insiste aussi sur la nécessité de sensibiliser les enfants à dénoncer le harcèlement, malgré les risques de représailles. Pour ce faire, elle propose l’introduction de sanctions constructives et un accompagnement pour développer l’empathie des élèves. Elle préconise également des mesures préventives.
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