Flambée des prix : vers un taux d’inflation historique en 2022

Cette année 2022 restera dans les annales non seulement pour la guerre en Ukraine, mais aussi pour la hausse insoutenable des prix à Maurice. L’intensité de l’étranglement subi par les consommateurs s’est amplifiée depuis le début du mois de juillet. 

Les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer face à la flambée des prix. Les derniers produits alimentaires à avoir rejoint la liste des prix ayant augmenté sont entre autres, le lait, l’huile, le beurre ou encore le dholl puri. La constante hausse des prix déjoue les projections du taux d’inflation. Les dernières prévisions de la Banque de Maurice pour 2022, à savoir un taux d’inflation de 8,6 %, semblent loin de ce qui pourrait s’avérer si la situation perdure. 

Suivant la tendance qui se dessine, Maurice se dirige tout droit vers un taux d’inflation à deux chiffres en glissement annuel comme le soulignent certains économistes. Zayd Soobedar, Managing Director de Strategic Insight, prévoit un taux d’inflation d’environ 20 % en 2022. La raison est la fin des subsides sur certains produits de consommation et le prix du carburant qui pourrait grimper davantage. « L’impact réel de tout cela sera visible sur l’inflation dans trois mois. Dans un passé récent, nous prévoyions un taux d’inflation de 18 % cette année. Cependant, si la courbe des prix haussiers perdure, le taux pourrait s’élever à 20 %. Le chiffre du mois de mai est, selon nous, entre 15 à 18 % », explique Zayd Soobedar. 

La dépendance de Maurice à l’importation de la majorité de ses produits influence l’inflation. La situation à l’international ne présage rien de bon quant à l’évolution des prix. Les indicateurs pointent même vers une année historique du taux d’inflation à Maurice. Arvind Nilmadhub, économiste, n’écarte pas cette possibilité alors que la guerre en Ukraine poursuit son cours. « Son impact sur notre économie est sans précédent. Le prix des matières premières, le fret et les autres coûts associés ne cessent d’augmenter. Alors, fort probablement, on va noter une inflation historique cette année, soit un taux supérieur à 12 % », argue Arvind Nilmadhub.  

Consommation

À n’en point douter, la conjoncture actuelle est loin d‘être favorable aux consommateurs. L’allocation de Rs 1 000, qui sera versée à 350 000 employés environ, dont le salaire mensuel est inférieur à Rs 50 000, ne répond pas entièrement à la chute drastique du pouvoir d’achat. Ce qui pousse Zayd Soobedar à dire que la consommation va diminuer cette année. « Le prix du dholl puri a augmenté à quasiment 100 % ces derniers temps, passant à Rs 10 pour se retrouver à Rs 20 aujourd’hui. Le marché est sensible au prix. Les consommateurs n’auront d’autres choix que de se tourner vers des marques alternatives dans certains cas, comme pour le lait. Un foyer touchant Rs 40 000 par mois est de nos jours sous pression. Nous sommes dans une situation de stagflation », relate le Managing Director de Strategic Insight. 

L’endettement des ménages, chiffré à Rs 132,9 milliards en mai dernier - selon les données de la Banque de Maurice - est aussi un facteur non négligeable pour la consommation. Car, comme le souligne Zayd Soobedar, avec l’effet néfaste des taux d’intérêt et les dépenses courantes des ménages, la croissance dans la consommation peut être négative cette année. 
Toutefois, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), est d’avis que la baisse de la consommation ne concerne pas l’intégralité des produits. « Les commodités, dont les prix ont augmenté, concernent les produits utilisés chaque jour en cuisine. Il y a aussi une autre catégorie de produits dont les prix ne sont pas contrôlés et qui sont essentiels. Je ne pense pas que la consommation va diminuer, car ce sont des produits de première nécessité », dit Suttyhudeo Tengur.