Si certaines familles mauriciennes ont dû diminuer leurs dépenses et se priver face à l’augmentation des prix, d’autres se trouvent dans l’incapacité de joindre les deux bouts. Témoignages de quatre consommateurs de différents milieux.
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Impact sur leurs budgets
- Prema Gooriah : « Nous sommes asphyxiés par la hausse vertigineuse des prix dans les grandes surfaces. Actuellement quand je fais mes courses, je donne la priorité aux produits essentiels tels que le riz, le lait, la farine, l’huile entre autres. Par ailleurs, j’achète en grand volume pour ne pas ressentir le fardeau à la fin de chaque mois. D’autre part, la cherté du carburant est un autre coup de massue sur notre budget. Comme je pars au travail en voiture, je me retrouve avec un budget plus élevé pour le carburant. »
- Hema Bundhoo : « S’il y a deux ans, on dépensait environ Rs 12 000 par mois pour l’achat des produits alimentaires y compris les légumes, actuellement il faut compter Rs 15 000 voire Rs 16 000 pour les mêmes produits. À chaque fois qu’on se rend au supermarché, on trouve un nouveau prix plus élevé affiché pour le même produit. Mes parents, étant retraités, ne peuvent plus dépendre uniquement de leur pension de vieillesse surtout avec les prix des médicaments qui montent en flèche. »
- Jean Permal : « Vu que je n’ai pas de salaire fixe, je n’arrive pas à joindre les deux bouts face à la flambée des prix. Avec un montant de Rs 2 000, je peux seulement avoir du riz ration, du lait en poudre, de l’huile, deux à trois boîtes de conserve, du sucre, des savonnettes, entre autres. Par ailleurs, j’ai des prêts à rembourser. Du coup, pour ne pas s’endetter davantage, on ne mange pas à notre faim. Très souvent, notre repas comprend du riz, des grains secs et un ‘achard’. »
- Sadiq Rojubally : « Le budget alloué pour l’achat des produits alimentaires a plus que doublé durant ces deux dernières années. On comprend que les produits importés coûtent plus cher en raison de la hausse du coût du fret. Mais le mois dernier, j’ai payé un plateau de 30 œufs à Rs 150. Ce mois-ci le prix a grimpé à Rs 190. C’est un produit local. Alors comment expliquer cette augmentation ? Heureusement qu’il y a des contrôles de prix sur certains produits de base. Cela nous soulage un peu. »
Nouvelles habitudes adoptées
- Prema Gooriah : « Une chose positive face à la cherté de la vie est que nous avons appris à éviter les dépenses inutiles. Désormais, nous privilégions les repas préparés à la maison qui sont plus économiques certes mais aussi plus sains. »
- Hema Bundhoo : « Avec les prix des légumes qui augmentent et qui demeurent rares pendant les intempéries, nous avons commencé à cultiver des fines herbes dans notre arrière-cour. Une activité qui nous permet de rester en forme. Par ailleurs, avec la récente pénurie d’huile sur le marché, nous avons acheté un Air Fryer. Je pense qu’il faut investir dans des alternatives car les prix ne vont pas baisser de sitôt. »
- Sadiq Rojubally : « Depuis le premier confinement je me suis lancé à fond dans la plantation. Je cultive fruits, giraumon, ‘brède national’, ‘margoz’ et aubergine sur un lopin de terre d’une superficie de huit perches. Par ailleurs, dans mon arrière-cour, je cultive des herbes fines. Je n’utilise pas de pesticide dans mes plantes. »
Ce qu’ils recommandent
- Avoir une bonne planification de son budget
- Faire des économies pour les moments difficiles même si le montant épargné n’est pas énorme.
- Avoir la collaboration de toute la famille sur l’allocation des dépenses.
- Limiter les sorties et les activités de loisirs
- Privilégier les produits alternatifs moins chers
- Trouver d’autres sources de revenu.
- Que les sans-emploi prennent avantage des facilités et des formations offertes pour travailler à leur compte et contribuer au budget familial.
- Se lancer dans la production de légumes et de fruits pour sa propre consommation.
Des sacrifices à faire
Afin de ne pas se retrouver dans une situation hors de contrôle, de nombreux consommateurs ont choisi de faire des sacrifices sur certaines dépenses. À l’instar de Prema Gooriah. Alors qu’elle avait l’habitude de faire des sorties au cinéma et au restaurant avec sa famille, elle a dû y mettre un frein.
« Avant on sortait au moins deux fois par semaine. Maintenant on le fait une fois par mois. Il y a même des mois où il n’y a aucune sortie », dit-elle.
Par ailleurs, elle a dû revoir la liste des produits qu’elle achète. « Nous privilégions plutôt les marques les moins chères. Les produits de luxe n’ont plus leur place dans notre caddie », affirme-t-elle.
Même son de cloche du côté de la famille Rojubally. « Mes petits-enfants aiment bien les sorties au restaurant. Mais la dernière fois que nous sommes partis, nous étions choqués de voir les prix. Maintenant, on essaie de préparer à la maison les plats dont ils raffolent », fait ressortir Sadiq Rojubally.
Pour Jean Permal, la question de faire des sorties en famille ne se pose même pas. « Avec la cherté de la vie, je ne suis pas en mesure d’offrir certains produits tels que la viande à ma famille. On est obligé de se priver d’un bon nombre de produits alimentaires. » Il affirme de plus qu’il ne peut plus donner d’argent de poche à son enfant pour partir à l’école.
Les profils
Prema Gooriah, 45 ans.
Mariée et mère de trois filles âgées de 23, 20 et 18 ans, Prema Gooriah travaille à son compte. Elle est gérante d’un magasin spécialisé dans la vente des pesticides et d’autres produits agricoles.
Hema Bundhoo, 30 ans
Fiancée, Hema Bundhoo travaille dans la fonction publique. Elle vit avec ses parents qui sont tous deux retraités.
Jean Permal, 50 ans
Jean Permal exerce le métier de maçon. Cependant, il ne touche pas de salaire fixe. Son épouse qui travaille parfois comme femme de ménage l’aide à subvenir aux besoins de la famille.
Sadiq Rojubally , 68 ans
Ancien enseignant à la retraite, Sadiq Rojubally vit avec son épouse. Il s’occupe aussi de ses deux petits-enfants.
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