Live News

Finances : la Banque centrale s’explique sur les prêts de la SBM Bank

Le gouverneur de la Banque centrale Yandraduth Googoolye entouré de Renganaden Padayachy (à g.) et de Mahendra Vikramdass Punchoo (à dr.)

La direction de la Banque de Maurice s’est exprimée sur les prêts à risques effectués par la State Bank (Mauritius) Limited. L’enquête est en passe d’être bouclée.

Publicité

«Nous ne sommes pas là pour nous substituer au management et au conseil d’administration d’une banque. Nous pouvons intervenir seulement si les intérêts des épargnants sont en danger. Une banque est là pour prendre des risques. Mais dans ce cas, c’est une prise de risque assez bête parce qu’ils n’ont pas bien évalué le tout », a indiqué Mahendra Vikramdass Punchoo, Second Deputy Governor de la Banque centrale. 

Il a ajouté : « Nous avons diligenté une enquête (par Ernst & Young). Nous attendons les résultats. Nous suivons la situation de très près. Le rapport sera prêt en fin de semaine. À la lueur de ce rapport et de nos observations, nous recommanderons une série d’actions à la SBM. » 

C’est la première fois que le régulateur bancaire met en avant l’enquête approfondie ouverte à sa demande sur les prêts consentis par la SBM Bank à des clients kenyans, sans s’assurer que la garantie est réelle. Raj Dussoye a démissionné de son poste de Chief Executive Officer (CEO) de la SBM jeudi dernier. 

Tour à tour, Yandraduth Googoolye, gouverneur de la Banque de Maurice, et Renganaden Padayachy, First Deputy Governor, a fait le point sur le rôle du régulateur et la réputation de nos institutions. Le premier nommé a expliqué que l’auditeur externe fait son travail chaque année alors que celui du régulateur est biannuel. 

Renganaden Padayachy a mis en avant le fait que le secteur bancaire est l’un des rares au monde à avoir survécu à la crise financière mondiale. Les banques sont profitables. Ce n’est pas automatique. Ces résultats démontrent que le régulateur est à l’affut. « Nous ne vivons pas dans un monde parfait », a-t-il dit, tout en soulignant l’apport des services financiers à l’économie mondiale. 

Dans une économie globale et un marché mauricien ayant atteint une certaine maturité, les banques commerciales prospectent sur le plan international, qui est connu dans le jargon comme étant le « Segment B ». Comparées aux grandes banques internationales, les institutions locales pèchent par un certain manque « d’expérience et de fonctionnalité ». 

Recommandations 

Selon Mahendra Vikramdass Punchoo, la Banque centrale est au courant, dans une certaine mesure, du niveau de déficience. Le rapport d’Ernst & Young apportera plus de recommandations que les banques commerciales locales seront appelées à adopter dans le cadre de leurs opérations du Segment B.

La SBM Bank est la deuxième banque de Maurice en termes de dépôts, de parts de marché et de capitalisation boursière. De fait, c’est une des institutions bancaires (au même titre que la MCB Limited, la Barclays et l’AfrAsia) à devoir respecter davantage de conditions imposées par le régulateur. 

« Notre objectif est d’avoir un système bancaire plus performant et plus solide. S’il y a des manquements, nous écrirons au Board qui prendra les décisions qui s’imposent. S’il y a des manquements à tous les niveaux, nous émettrons une série de recommandations. S’il y a des sanctions, nous agirons selon les paramètres de la loi », a indiqué Mahendra Vikramdass Punchoo. 

Au sujet de Raj Dussoye, il a dit : « Jusqu’à preuve du contraire, nous ne sommes pas au courant de ses manquements. » Et d’ajouter que l’approbation et le débours ne viennent pas du CEO uniquement. « Si on doit faire des recommandations, elles doivent être raisonnées. La banque devra pouvoir rectifier le tir », a-t-il conclu. « Soyez rassurés. Nous ferons notre travail comme il se doit. »


BoM Tower : «Aucune divergence»

Yandraduth Googoolye et Renganaden Padayachy ont parlé d’une même voix sur les relations au sommet de la Bank of Mauritius Tower. Le premier nommé a été catégorique : « Chez nous, il n’y a pas de conflits. » Au First Deputy Governor de faire ressortir qu’il y a peut-être un désaccord sur certaines choses. Mais la direction est sur la même longueur d’onde au sujet des décisions. D’ailleurs, s’il y avait eu une divergence quelconque, la Banque centrale n’aurait pas pu accomplir tout le travail jusqu’ici, a ajouté Yandraduth Googoolye. « C’est un travail d’équipe. » 

Rapport Lam Shang Leen : «Aucune décision hâtive»

Interrogé sur les recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue, le gouverneur de la Banque centrale a indiqué qu’il y a Rs 34 milliards en circulation dans le pays. Mais pas question de prendre de décision hâtive. Il a fait ressortir que la Banque centrale analyse en ce moment le contenu du rapport. À partir de là, le régulateur considérera les options en faveur du secteur bancaire. « Nous viendrons en temps et lieu avec certaines mesures », a-t-il ajouté. 

Intérêts à l’épargne : «Donnons le temps aux banques»

Yandraduth Googoolye a fait le point sur le souhait de la Banque centrale pour que les banques commerciales augmentent le taux d’intérêt à l’épargne. Le sujet a été abordé avec les banques. Une banque a revu le taux à la hausse de 0,3 %. Le gouverneur s’est dit confiant que d’autres lui emboîteront le pas. « Il faut leur laisser un peu de temps », a-t-il dit.

Politique monétaire : le taux directeur maintenu à 3,5% 

Le comité sur la politique monétaire, présidé par le gouverneur de la Banque de Maurice Yandraduth Googoolye, a décidé à l’unanimité de maintenir le taux directeur à 3,5 %. Cette décision s’explique par le fait que l’inflation, un des facteurs considérés lors de la prise de décision, est retombée en dessous de la barre des 2 %. Le comité a donc adopté une position qui soutient l’économie, indique un communiqué publié sur le site Web de la Banque centrale dans l’après-midi du lundi 20 août. 

La performance économique du pays au second trimestre est en amélioration par rapport à la période correspondante en 2017, a indiqué Yandraduth Googoolye. La Banque centrale estime que la croissance en 2018 sera de 4 %, un niveau que le pays a atteint la dernière fois en 2010. L’inflation devrait passer de 4 % en juillet à 3,5 % fin décembre. « Nous sommes dans une période de stabilité de prix », a fait ressortir le Second Deputy Governor Mahendra Vikramdass Punchoo.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !