Quatre-Bornes, Réduit, Ohio, New Jersey, New York, Londres et Ébène. Le parcours s’apparenterait à celui d’un oiseau migrateur. Or, il s’agit là du voyage académique et professionnel d’Oumila Sibartie, qui l’a emmenée jusqu’au sommet de la finance mondiale avant qu’elle ne décide de rentrer au pays.
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«Étudier à l’étranger et se faire employer par une institution internationale n’est pas que du ressort des riches. Il suffit de travailler dur, être concentré sur son objectif, croire en sa bonne étoile et saisir l’unique opportunité qui change toute une vie », résume d’emblée Oumila Sibartie, 43 ans, dans un entretien réalisé le mardi 28 août, à Port-Louis. « Il est essentiel d’avoir un mentor qui nous aiguillonne ». Le ton est donné en prélude à un échange de questions/réponses sur l’économie, l’importance et l’analyse des chiffres et la nécessité de bien cerner ses rôles et responsabilités quand on conseille son client.
En amont de cette carrière à l’international, Oumila Sibartie étudie les mathématiques, la comptabilité et l’économie au Couvent Lorette de Rose-Hill. Elle entame des études en économie à l’Université de Maurice, un parcours somme toute classique. Car à l’époque, au milieu des années 90s, la finance commence à prendre de l’essor. Les filières scientifiques perdent du terrain face aux ambitieuses et riches perspectives de la comptabilité et des services financiers.
Passé le cap du premier cycle, elle est employée en tant qu’assistante de recherche auprès de l’universitaire Revin Beeharry-Panray. Ce dernier aura une influence majeure sur la suite de sa carrière et elle lui en est toujours reconnaissante. Sous son guide, elle obtient une bourse à l’Université d’Akron, dans l’État de l’Ohio. En parallèle, la jeune Oumila Sibartie obtient un emploi à mi-temps sur le campus en tant que teaching assistant, un complément à sa bourse d’études. Elle obtient sa maîtrise en économie avec spécialisation en investissement.
Tenant compte de la situation financière au pays de l’Oncle Sam (l’éclatement de la bulle dot.com, l’affaire Enron), la suite du cheminement est de rentrer au bercail. Nous sommes alors en l’an 2000. Une opportunité inattendue se présente. Elle est recrutée en tant qu’analyste par la prestigieuse Bloomberg LP, groupe de renommée mondiale dans la compilation, l’analyse de données et les nouvelles financières. Son cheminement au sein du groupe démarre à Princeton dans l’État du New Jersey. Elle acquiert une expérience inestimable dans la haute sphère financière américaine en sa capacité d’analyste de données pour l’investissement. En 2003, elle part à Londres, où se situe le quartier-général de Bloomberg LP pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Elle passe d’analyste sur les valeurs boursières à analyste sur les bons du trésor.
Retour au bercail
Ses obligations familiales – maman de Neil et de Neha - prennent le dessus. De passage à Maurice, elle obtient une offre d’emploi au sein de la SBM en tant que gestionnaire de fonds. Elle quitte Londres, ses brumes et Bloomberg LP. Sa carrière mauricienne démarre en juin 2011. Par la suite, Oumila Sibartie passe à Barclays Mauritius en tant que Senior Business Development Manager dans le département connu comme « Corporate & Investment Banking – Markets ».
Mais dès son retour à Maurice, le clash culturel est évident, bien pire auquel elle s’attendait. « La culture du travail à Maurice est différente de la culture occidentale, surtout dans l’univers de la finance. À l’extérieur, tout est axé sur le travail, la productivité et les compétences », explique-t-elle sans broncher.
En novembre 2016, elle s’installe à son propre compte. Car au cours de sa carrière, elle a toujours validé ses compétences auprès des institutions reconnues. Former les jeunes qui veulent faire carrière dans la finance est désormais un objectif prioritaire. Elle anime des sessions de formation dans le domaine de l’investissement et gestion du patrimoine.
Et, c’est un plus pour Maurice. Le secteur des services financiers est le principal pilier de l’économie, avec une croissance de 5.5 % attendue en 2018. Sa contribution au PIB est supérieure à 10 %. Maurice postule à devenir un centre financier de renommée internationale. Les institutions financières, incluant les principales banques du pays, diversifient leurs portefeuilles d’activités.
Or, le pays bute sur une absence de compétences. « Le jeune ayant une maîtrise en poche doit pouvoir accepter de démarrer au bas de l’échelle et grimper par la force de son expérience », dit-elle. « Maurice ne peut pas aspirer à devenir un centre international de la haute finance uniquement en vendant des produits et services. Prenons l’exemple de la gestion de patrimoine. Le gestionnaire a comme unique responsabilité de fructifier l’argent de son client. C’est à partir de là que se construit l’élément de confiance.»
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