Financement : quand les syndicats offrent des prêts aux travailleurs

Au-delà de leur rôle revendicatif, des syndicats, qu’ils soient du secteur privé ou de la Fonction publique, offrent aussi des prêts à faible taux d’intérêt aux travailleurs à travers les Credit Unions et autres Benevolent Funds.

«Plus que jamais, les syndicats ont la responsabilité morale de créer des produits sociaux (Credit Unions, Benevolent Fund, Provident Fund) pour voler au secours des travailleurs qui ne cessent de s’appauvrir depuis ces dix dernières années. » Ce sont là les propos de Reeaz Chuttoo, secrétaire général de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP).
Pour le dirigeant syndical, des milliers de travailleurs font face à beaucoup de difficultés pour bénéficier d’un prêt bancaire afin de lancer un projet. Cela pour plusieurs raisons : faibles revenus mensuels, travail sous contrat, emploi dans le secteur informel ou absence de fiche de paie. 

C’est dans ce contexte, dit Reeaz Chuttoo, que la CTSP a lancé la People’s Cooperative Credit Union qui est ouverte à tous ses affiliés. La contribution minimale est de Rs 100 par mois. Après six mois, un membre a droit à un emprunt d’une valeur représentant trois fois son dépôt. Par exemple, si sa contribution au fonds est de Rs 6 000, il aura droit à un emprunt de Rs 18 000 à un taux d’intérêt de 6 %. 

À ce jour, les fonds de la Credit Union avoisinent les Rs 100 000. On apprend que l’adhésion à la Credit Union est volontaire. « C’est aussi selon les moyens financiers de la personne qui veut s’y souscrire », explique le dirigeant syndical.

Repo rate/taux d’intérêt : aucune corrélation

Reeaz Chuttoo fait remarquer que tout changement au niveau du repo rate n’a aucune incidence sur le taux d’intérêt pratiqué. On apprend aussi que bien qu’il faut respecter la date de remboursement, la Credit Union peut différer les remboursements sans aucune pénalité en cas de mortalité.

Les syndicats de la Fonction publique accordent aussi des facilités financières à leurs membres, notamment à travers des Benevolent Fund et Provident Fund. L’un des plus anciens est géré par la Government Services Employees Association (GSEA), dont le président est Radhakrishna Sadien.

La contribution au Provident Fund est à Rs 50 par mois et, à la retraite, le contribuable récupère toutes ses contributions en sus des bénéfices accrus. Les membres peuvent aussi bénéficier de ‘soft loans’ à un taux d’intérêt préférentiel, notamment pour le financement des études des enfants, les mariages et les frais médicaux, entre autres.

La GSEA dispose aussi d’un Benevolent Fund qui vient en aide aux familles en cas de mortalité. La contribution est à Rs 15 par mois. En cas de décès d’un membre, sa famille bénéficie d’une somme qui peut aller jusqu’à Rs 7 000. Le Benevolent Fund couvre aussi les épouses et ‘dependants’ même s’ils ne sont pas fonctionnaires. En cas de décès du fonctionnaire, son épouse peut rester membre du Provident Fund si elle le désire. Soulignons que ce syndicat dispose aussi d’un fonds similaire à Rodrigues.

L’autre syndicat qui dispose d’un Benevolent Fund est la Government General Services Union (GSSU) qui est sous la présidence de Rashid Imrith.  Il compte actuellement 2 200 membres.

Emprunt rayé

L’adhésion est sur une base volontaire, explique Bhoopa Brizmohun. La contribution est de Rs 20 par mois et, après une année, les membres peuvent bénéficier d’un emprunt d’un maximum de Rs 50 000.

La période de remboursement est de 10 à 25 mois. Le taux d’intérêt n’est applicable que sur la période de remboursement et s’établit comme suit : 10 mois – 6,5 % ; 15 mois – 9,5 % ; 20 mois – 12,5 % ; 25 mois – 15,5 %.

Par exemple, pour un emprunt de Rs 50 000 sur une période de remboursement de dix mois, les intérêts pour cette période sont de Rs 3 250. Ce qui fait Rs 325 par mois. L’emprunteur doit alors rembourser le capital qui est de Rs 5 000 par mois, en sus d’une somme de Rs 325 en guise d’intérêts.

Au cas où le remboursement se fait avant terme, les intérêts sont réduits. On apprend aussi que les emprunts sont frappés d’une assurance de 1 % et qu’en cas de décès de l’emprunteur, son loan est automatiquement rayé.