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Financement indien : Rs 2,65 Md pour un laboratoire, un collège public, des tuyaux…

Le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar et le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth.
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L’Inde a accordé à Maurice une ligne de crédit de 500 millions de dollars (environ Rs 19 milliards) à laquelle s’ajoutent des subventions. L’État utilisera Rs 2,65 milliards pour financer des projets destinés à améliorer le service du secteur public. Les détails ont été dévoilés le lundi 22 février lors d’une cérémonie au réceptorium de l’Assemblée nationale. 

Mediclinics, centres de santé et unité de transplantation : Rs 720 M 

Afin de réduire la pression exercée sur les cinq hôpitaux régionaux, l’État s’est engagé dans un exercice de décentralisation à travers le pays. Ainsi, 18 millions de dollars (environ Rs 720 millions) permettront de construire deux Mediclinics à Grand-Bois et Chemin-Grenier. Des Area Health Centres verront le jour à Plaine-Magnien, New-Grove, Cap-Malheureux et Henrietta. L’hôpital de Rose-Belle sera doté d’un centre de transplantation rénale. 

Forensic Science Laboratory : Rs 540 m

Le Forensic Science Laboratory (FSL) contribue à la bonne administration de la justice, notamment à travers des tests qu’il pratique sur des échantillons prélevés sur des scènes de crime. Il ne s’agit que d’un exemple parmi tant d’autres. Or, force est de constater que les locaux dans lesquels il se trouve au deuxième étage du National Laboratory Complex ne suffisent pas pour qu’il mène à bien sa mission et maintienne ses standards. Du coup, Rs 540 millions iront dans un nouveau bâtiment du FSL. 

Librairie et archives nationales : Rs 520 m

Un nouveau bâtiment vert et intelligent verra le jour sur les 3,5 arpents de terres que possède la librairie nationale à Réduit. En sus d’abriter les archives et la riche documentation, cet édifice disposera d’une salle de conférences, d’un hall d’exposition et d’un centre de formation. 

Ferme photovoltaïque à Tamarind Falls : Rs 400 m 

Une entité subsidiaire du Central Electricity Board dédiée à l’énergie renouvelable aménagera sa ferme photovoltaïque de 8 MW à Sept-Cascades, zone iconique pour les Mauriciens et touristes. Pas moins de 25 000 panneaux solaires seront installés. Plus de 40 GW d’énergie verte et durable seront produits. Cela suffira à alimenter 10 000 maisons. Dans la foulée, cela évitera d’éjecter dans l’atmosphère 13 000 tonnes de dioxyde de carbone. 

Eau et tuyaux : Rs 280 M 

Trois projets majeurs seront financés pour améliorer l’approvisionnement en eau de 11 000 foyers. Le remplacement de tuyaux percés permettra une distribution plus régulière, une pression d’eau adéquate et une réduction du gaspillage d’eau déjà traitée. 

(i) Le premier projet concerne le remplacement de 5,1 kilomètres de tuyaux en ciment et en amiante qui transportent l’eau depuis le réservoir de Palmyre le long de la côte de Flic-en-Flac.

(ii) Le deuxième projet est le remplacement de conduits percés portant l’eau de la nappe phréatique de Cluny jusqu’à L’Escalier. 

(iii) Le troisième projet porte sur le changement de 5,1 kilomètres de conduits allant du réservoir de Mont-Blanc aux localités de Chamouny et de Chemin-Grenier dans le Sud du pays. 

Civil Service College :  Rs 190 m 

Le Civil Service College a été mis sur pied en novembre 2015 pour répondre aux besoins en formation des fonctionnaires de tous les niveaux. Au vu de la demande croissante et de la kyrielle grandissante de secteurs à couvrir, un nouveau Civil Service College est construit à Réduit. 

La vision : qu’il devienne un centre de standard mondial dans la région qui offrira des cours d’excellence dans la gestion publique et la gouvernance. Aujourd’hui, 8 000 fonctionnaires sont formés dans des emplacements loués. Le but, à terme, est de tripler le nombre d’étudiants et qu’ils s’instruisent dans un environnement moderne.

En parallèle Rs 4 milliards dans la surveillance maritime

La cérémonie de lundi a été marquée par des échanges de documents entre Nayen Kumar Ballah, secrétaire au Cabinet et chef de la fonction publique, et K. Nandini Singla, haut-commissaire de l’Inde à Maurice. Voici un résumé de leur contenu :

  • Une ligne de crédit de 100 millions de dollars (environ Rs 4 milliards) afin que Maurice puisse acheter des équipements dédiés à la défense, dont un nouveau système de surveillance des côtes. 
  • Une lettre d’échange pour la location d’un Dornier et d’un hélicoptère. 
  • Une lettre d’échange sur le soutien en faveur de la construction d’une unité de transplantation rénale. 
  • Un échange de contrats pour le projet de ferme photovoltaïque à Tamarind Falls et Henrietta. 
  • Un protocole d’accord ayant trait à la protection du consommateur et à la métrologie légale.

Diplomatie économique

Que pourra exporter Maurice vers l’Inde sous cet accord ?

La signature de cet accord historique (le Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement, communément appelé le CECPA ; NdlR) est l’événement-phare de la visite du ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar. Du côté de Maurice, le signataire est Haymandoyal Dillum, secrétaire aux Affaires étrangères, alors que la partie indienne était représentée par Anup Wadhawan, Secretary for Department of Commerce. 

Au cours des discussions, Maurice a formulé une demande pour obtenir un accès préférentiel pour 615 produits locaux. Des extraits du document consolidé en circulation après la signature confirment que le label Made in Mauritius dispose de réelles opportunités, allant du sucre au thon. Des négociations pourront avoir lieu dans le futur pour un accès élargi à d’autres produits. En attendant, faisons le point sur les nouveaux acquis : 

(a) l’exportation de 40 000 tonnes de sucres spéciaux avec un droit d’accise de 10 %. De 15 000 tonnes au cours de la première année, on passera à 40 000 tonnes à partir de la troisième année. 

(b) l’acheminement de 1,5 million de litres de rhum avec une taxe d’entrée de 50 %.

(c) deux millions de litres de bière frappés de 25 %. 

(d) 5 000 litres de vin à base de fruits avec une taxe de 50 %. 

(e) 7,5 millions d’unités de vêtements hors taxes, à condition que cinq millions soient fabriquées à partir de matières premières indiennes.

(f) exportation de 7 000 tonnes de thon en boîte hors taxes. 

À l’heure des discours

Pravind Jugnauth : « Le CECPA consolide nos ambitions régionales »

À l’issue de l’exercice des signatures, des échanges de documents et de la présentation des projets financés par l’Inde, Pravind Jugnauth et Subrahmanyam Jaishankar ont fait une déclaration à la presse. Le Premier ministre a mis l’accent sur l’attrait régional de l’accord de coopération économique.

Cristallisant l’essence des accords, il a indiqué que ces instruments englobent l’amplitude et la portée croissante d’un partenariat renforcé entre les deux pays. Ils confirment aussi, selon lui, l’approche axée sur le développement animant le partenariat entre la puissance économique indienne et le pays en développement qu’est l’Inde. 

« Le CECPA est le premier du genre signé par l’Inde avec un pays africain. Il devrait ouvrir de nouvelles possibilités élargies dans les domaines du commerce des biens et des services, de l’investissement, de la coopération économique et de l’assistance technique. Cela encouragera les entrepreneurs indiens à investir à Maurice et dans la région. Cela consolidera notre ambition de faire de Maurice une plateforme économique régionale stratégique et un centre d’excellence », a dit Pravind Jugnauth. 

Il a ajouté que « le CECPA coïncide avec le lancement de l’accord de libre-échange avec l’Afrique, qui concerne 1,3 milliard de consommateurs. Ces deux accords offrent une grande marge de manœuvre pour encourager les investissements indiens sur le continent via Maurice ».

Pravind Jugnauth se dit confiant que Maurice quittera la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) sur laquelle il figure. « Nous sommes confiants dans le soutien de l’Inde pour faciliter une sortie rapide de Maurice de la liste grise du GAFI, sur la base de nos bons résultats dans la mise en œuvre du plan d’action. Nous avons convenu avec le GAFI de remédier aux lacunes identifiées dans nos régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme », a précisé le Premier ministre. Selon lui, une sortie rapide permettra au pays de rétablir sa réputation internationale en tant que juridiction de choix. 

De son côté, le ministre indien des Affaires étrangères a rappelé que ce jour est spécial. Selon lui, la Grande péninsule a le privilège de s’engager dans un accord de partenariat et de coopération économique. « L’accord apportera un boost au moment opportun pour la reprise dans les deux économies post-coronavirus », a-t-il dit. Les importations de l’Inde de produits mentionnés dans le CECPA représentent plus de 15 milliards de dollars (environ Rs 600 milliards). C’est une opportunité majeure pour Maurice de bénéficier de l’accès au marché indien. 

Visite officielle

Journée marathon pour le ministre indien des Affaires étrangères 

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Le ministre des Affaires étrangères au Centre de vaccination.

Après une soirée de repos à son arrivée à Maurice le dimanche 21 février 2021 en fin d’après-midi, le ministre indien des Affaires étrangères a eu droit à une journée de travail bien chargée lundi.  

Subrahmanyam Jaishankar avait sept items à son agenda. Ce mardi 23 février 2021, il en a quatre. Le diplomate prend l’avion pour l’Inde ce mercredi dans la matinée. 

La première étape de sa journée était une rencontre avec Alan Ganoo, ministre des Affaires étrangères depuis la démission de Nando Bodha il y a deux semaines. Il a été question de sujets bilatéraux en vue de la signature du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA) entre l’Inde et Maurice.

Le ministre indien a enchaîné sa visite par un tête-à-tête de quelques minutes avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Prime Minister’s Office, Port-Louis. Il s’est ensuite rendu au réceptorium de l’Assemblée nationale pour signer un protocole d’accord de renforcement des liens bilatéraux entre les deux pays. 

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Subrahmanyam Jaishankar en compagnie de Pravind et Kobita Jugnauth, au dîner de lundi, à Flic-en-Flac.

Cour suprême 

La prochaine étape a été le nouveau bâtiment de la Cour suprême. Inaugurée l’an dernier, sa construction, qui a coûté environ Rs 1 milliard, a été financée par l’Inde. Subrahmanyam Jaishankar a été reçu par le chef juge Asraf Caunhye. 

Après une visite guidée, il a mis le cap sur le nouvel hôpital ENT, à Vacoas. Là aussi, il s’agit d’une infrastructure dont la construction a été financée par la Grande péninsule. Il a été reçu par le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal. Une visite au centre de vaccination contre la COVID-19 a également eu lieu. Rappelons que l’Inde a offert 100 000 doses de vaccins sous licence d’AstraZeneca. 

La prochaine étape de la journée du ministre indien a été un tête-à-tête avec le président de la République Pradeep Roopun à la State House. À La Caverne, le ministre s’est rendu à la résidence de sir Anerood Jugnauth, ancien président de la République et ex-Premier ministre, pour une visite de courtoisie. Le dernier événement officiel de la journée a été un dîner offert par Pravind Jugnauth à l’hôtel Sugar Beach, à Flic-en-Flac.

Ce mardi, une visite à un projet de logements sociaux à Dagotière figure au programme. Subrahmanyam Jaishankar se rendra ensuite à Ébène pour inaugurer le bâtiment abritant le haut-commissariat de l’Inde à Maurice. 

Le ministre indien prendra ensuite le Metro Express à Rose-Hill. En fin d’après-midi, un atelier de travail est prévu entre le ministre et l’Economic Development Board pour discuter du CECPA.

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Nandini Singla et Subrahmanyam Jaishankar au domicile de sir Anerood Jugnauth et de son épouse à La Caverne lundi.

 

 

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