
Le ministre du Travail, Reza Uteem, est intervenu avec vigueur lors des débats parlementaires sur le Finance Bill 2025 pour défendre les mesures phares du texte législatif. L’une des dispositions ayant retenu l’attention concerne les bénéficiaires de pensions sociales – retraités, personnes en situation de handicap, veuves ou orphelins – qui séjournent à l’étranger pendant plus de six mois.
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Reza Uteem a annoncé une modification majeure : « Les pensionnés en déplacement à l’étranger pour raisons médicales ne perdront plus leur droit à la pension, même si leur absence dépasse six mois. Il en sera de même pour ceux poursuivant des études hors de Maurice », a-t-il affirmé. Jusqu’ici, la loi prévoyait la suspension automatique de la pension sociale pour toute absence prolongée du territoire, une mesure jugée injuste par de nombreuses familles concernées.
Le ministre a souligné que cette décision fait suite à des représentations reçues par le gouvernement. Il a notamment évoqué le cas d’une jeune femme étudiant en France, dont les allocations avaient été suspendues en raison de sa résidence prolongée hors de Maurice. « Elle suit des études. Ce n’est pas acceptable qu’on la pénalise pour cela », a-t-il martelé, rappelant que le Premier ministre a fait inclure cette nouvelle disposition dans le Finance Bill.
Reza Uteem a également annoncé une mesure supplémentaire de flexibilité dans la loi : une clause permettant aux bénéficiaires, « pour cause valable démontrée – good cause shown », de ne pas perdre leurs droits même en cas d’absence prolongée au-delà de six mois. « C’est une disposition qui montre que nous sommes un gouvernement à l’écoute, un gouvernement humain », a-t-il déclaré.
Un effort ciblé pour les plus vulnérables
Par ailleurs, le ministre a défendu la Special Allowance de Rs 10 000, octroyée à certaines catégories vulnérables, notamment les femmes au foyer, les familles gagnant moins de Rs 20 000, et les travailleurs à bas revenus. « Pourquoi s’opposer à cette mesure ? » a-t-il lancé à l’opposition. « Si demain on a les moyens de faire plus, on le fera. Mais aujourd’hui, ce sont des efforts ciblés pour ceux qui en ont le plus besoin », a-t-il indiqué.
Face aux critiques concernant l’état des finances publiques, Reza Uteem a répliqué que « les caisses avaient été laissées vides » par le précédent gouvernement. Il s’est appuyé sur les chiffres avancés par l’ancien ministre des Finances, selon lesquels les Rs 25 milliards du Social Contribution and Social Benefits Fund avaient été entièrement dépensées. « Il ne reste rien, avait-il dit. Donc oui, les caisses sont vides », a insisté le ministre du Travail.
Il a aussi justifié l’introduction de la taxe minimale de 15 % sur les multinationales ayant un chiffre d’affaires supérieur à 650 millions d’euros, conformément aux règles de l’OCDE et du G20. « Pourquoi laisser l’Afrique du Sud percevoir les 12 % de taxes que nous n’avons pas prélevées ici ? » a-t-il soulevé. Il a assuré que Maurice conserve sa souveraineté fiscale, et que des exemptions ou ajustements pourront être envisagés par le biais de règlements spécifiques.
Clarification sur la taxation des hauts revenus et des banques
Sur la fiscalité, Reza Uteem a également clarifié les taux applicables aux personnes gagnant plus de Rs 12 millions par an. Alors que le discours budgétaire évoquait des taux de 10 % et 20 %, le paragraphe 272 stipulait un taux uniforme de 15 % sur les revenus nets dépassant ce seuil. Le Finance Bill ne fait donc que confirmer cette position initiale. « On ne change pas les règles du jeu, on clarifie simplement ce qui avait été annoncé », a-t-il affirmé.
Autre point de clarification : la Fair Share Contribution applicable aux entreprises. Contrairement à ce qu’affirme l’opposition, Reza Uteem a soutenu qu’aucun recul n’a été enregistré de la part du gouvernement. Les compagnies réalisant plus de Rs 24 millions de bénéfices annuels continueront à payer jusqu’à 5 %. Selon lui, seule une précision a été apportée dans le cas des banques : leur charge fiscale totale sera plafonnée à 35 % sur leurs bénéfices issus des activités locales, compte tenu des autres taxes déjà payées.

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