
Maurice voit s’achever fin juin 2025 plusieurs dispositifs d’aide à l’accession immobilière, ce qui évoque des craintes sur le dynamisme du marché. La suppression des incitations fiscales pour les étrangers investisseurs ajoute une nouvelle incertitude, dans un contexte de hausse des coûts et de tensions économiques persistantes.
Àpartir du 30 juin 2025, certaines mesures phares mises en place pour soutenir l’accession à la propriété prendront fin. Parmi elles figurent le Home Loan Payment Scheme et le Housing Loan Relief Scheme. Cette décision, annoncée dans le cadre du Budget 2025–2026, suscite de nombreuses interrogations quant à l’avenir du marché immobilier. Le Home Loan Payment Scheme, qui permettait un remboursement de 5 % sur les prêts immobiliers (plafonné à Rs 500 000), avait été salué pour sa contribution à l’accession à la propriété. Selon des professionnels de l’immobilier, sa suppression risque de freiner l’élan des jeunes acheteurs, notamment ceux issus de la classe moyenne.

« Pour de nombreux ménages, ces aides faisaient la différence entre pouvoir s’engager ou non dans un projet immobilier. Sans ce coup de pouce, certains vont tout simplement abandonner l’idée d’acheter », affirment Beelaal Banharally et Shane Dedans, co-directeurs de La Casa Properties. Pour Varun Ramchurn, directeur de l’agence immobilière Clefs en Main, l’impact ne sera pas aussi conséquent. « Cependant, avec la suppression de cette mesure, je peux dire qu’il y aura certainement un ralentissement du marché, surtout auprès des acheteurs potentiels de la classe moyenne », souligne-t-il. Selon lui, le remboursement de 5 % permettait à ces derniers de financer certaines dépenses liées à la construction ou à la rénovation d’un bien.
Me Ashvin Krishna Dwarka, notaire, estime pour sa part qu’en l’absence de publication du Finance Bill, il est prématuré de se prononcer sur les annonces faites dans le cadre du discours budgétaire 2025–2026. « À ce stade, on ne peut que formuler des hypothèses », déclare-t-il. S’agissant du Home Ownership Scheme et du Home Loan Payment Scheme, il rappelle que la loi, depuis juillet 2024, prévoyait déjà que ces dispositifs prendraient fin le 30 juin 2025. Selon lui, le discours budgétaire n’a fait que confirmer cette échéance. « Quant à l’impact sur les primo-accédants, il est difficile à mesurer. Car même en l’absence de subventions, les jeunes ménages auront toujours besoin de se loger. C’est donc un marché qui continuera d’exister », dit le notaire.
Logements sociaux : attente prolongée pour les ménages
Dans le domaine du logement social, une enveloppe de Rs 40 millions est allouée à la mise en place d’un système de syndic pour les résidences gérées par la National Housing Development Company (NHDC). Le plafond de revenu mensuel pour être éligible à un logement social passe de Rs 40 000 à Rs 48 000. Cependant, de nombreux futurs acquéreurs attendent toujours la remise des clés de leur logement. Selon une source gouvernementale, un important retard est constaté dans la construction des unités. « Le gouvernement veille à ce que les contracteurs corrigent toutes les lacunes et les problèmes structurels identifiés dans les 8 000 unités en cours de construction avant leur remise aux bénéficiaires », affirme-t-elle.
Moins d’avantages, plus de taxes : vers un désengagement des investisseurs étrangers ?
Le Budget prévoit également un changement de cap majeur en matière de Smart Cities et d’investissement étranger : la suppression des incitations fiscales et le doublement des taxes pour les étrangers acquérant un bien sous les régimes IRS, RES, PDS ou Smart Cities. « Cette mesure vise à freiner la spéculation foncière et à favoriser l’accès des Mauriciens à la propriété. Toutefois, l’on craint un désengagement partiel des investisseurs étrangers, qui pourraient se tourner vers d’autres destinations », avancent Beelaal Banharally et Shane Dedans. Un avis partagé par Varun Ramchurn : « Depuis l’annonce de la fin des incitations fiscales et de la hausse des taxes sur les Smart Cities, nous constatons déjà une baisse de la demande du côté des acheteurs étrangers », indique-t-il.
Pour le notaire, Me Ashvin Krishna Dwarka, les Smart Cities bénéficiaient d’avantages fiscaux limités à huit ans, et plusieurs d’entre eux arrivaient déjà en fin de cycle. « L’augmentation des droits de mutation immobilière doit être analysée dans un cadre plus large, incluant la refonte des taux d’imposition sur le revenu et les dividendes. N’oublions pas que les étrangers qui investissent dans l’immobilier à Maurice proviennent majoritairement de pays ayant signé avec Maurice des conventions de non-double imposition, lesquelles prévoient un traitement différencié des revenus immobiliers par rapport aux autres types de revenus », explique-t-il. Il souligne également l’existence d’accords de promotion et de protection de l’investissement entre Maurice et certains de ces États, lesquels pourraient consolider certains droits acquis. « À la lumière de ces engagements internationaux, il convient d’attendre la publication du texte du projet de loi de finances pour pouvoir en analyser concrètement les implications pour la clientèle internationale », dit-il.
Housing Loan Relief Scheme : l’aide mensuelle de Rs 1 000 supprimée
En parallèle, l’aide mensuelle de Rs 1 000 octroyée dans le cadre du Housing Loan Relief Scheme sera également supprimée. Selon un responsable d’une banque commerciale, ce retrait intervient dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation persistante, affectant durement le pouvoir d’achat. « Il faut s’attendre à une légère baisse des demandes de prêts immobiliers dans les prochains mois. Certains emprunteurs existants pourraient même rencontrer des difficultés de remboursement », déclare-t-il.
Les directeurs de La Casa Properties affirment comprendre à quel point leurs clients se battent pour construire un avenir pour eux-mêmes. « La fin du Housing Loan Relief Scheme sera difficile pour beaucoup.
Cette aide mensuelle, même limitée à Rs 1 000, faisait une réelle différence pour les familles qui comptent chaque sou », expliquent-ils. De son côté, Varun Ramchurn estime que, bien que le montant de Rs 1 000 représentait un certain soulagement, il ne constitue pas un facteur déterminant dans la décision d’investir dans l’immobilier.
Selon la Mauritius Revenue Authority (MRA), entre juin 2024 et avril 2025, environ 35 390 personnes ont bénéficié du Housing Loan Relief Scheme, pour un montant total déboursé d’environ Rs 340,8 millions.

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