
«Nous avons été mis devant les faits. Comment allons-nous opérer ? Comment payer nos enseignants avec seulement Rs 2 750 par enfant ? » s’interroge la responsable d’une école préprimaire du Sud. À Baie-du-Tombeau, une autre gérante confie : « Nous devons assurer la gestion de l’école, payer l’électricité, l’eau, le matériel pédagogique… et maintenant demander aux parents, dont beaucoup touchent le salaire minimum, de contribuer davantage. C’est tout simplement impossible. »
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Ces témoignages reflètent l’inquiétude qui monte sur le terrain après l’annonce de la suppression du Free Pre-Primary Education Scheme. Ce plan, introduit en janvier 2024, permettait aux enfants inscrits dans les écoles pré-primaires privées reconnues par le ministère de l’Éducation de bénéficier d’une prise en charge complète. La semaine dernière, il a été annoncé que cette aide serait remplacée par une subvention fixe de Rs 2 750 par enfant, une somme jugée insuffisante pour couvrir les frais de fonctionnement et les salaires du personnel.
Face à cette situation, la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) monte au créneau. Réunis le vendredi 17 octobre, plus de 300 participants – éducatrices, responsables d’écoles et représentants administratifs – ont dénoncé une décision gouvernementale « unilatérale et injuste ». Jane Ragoo, secrétaire générale de la CTSP, souligne que les plus vulnérables paient toujours le prix : « Certains parents n’ont pas les moyens de payer. Ce sont toujours les mêmes qui subissent les conséquences de ces décisions. »
Le 14 octobre, la CTSP avait rencontré le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, qui aurait évoqué l’absence de financement suffisant pour maintenir le programme jusqu’en 2026, comme prévu initialement. Une explication qui ne convainc guère la syndicaliste : « On ne peut pas venir du jour au lendemain dire que le programme s’arrête. Il faut consulter, écouter et travailler ensemble. Solisyon ena, selma bizin fer li dan dialog. »
La CTSP a déjà adressé une lettre officielle au bureau du Premier ministre pour demander une rencontre en urgence. Si aucune solution n’est trouvée, elle prévoit d’organiser une manifestation le samedi 8 novembre à 10 heures à Port-Louis. L’objectif : faire entendre la voix des éducatrices, des gestionnaires et des parents d’élèves touchés par cette mesure.
« Nous n’avons pas l’intention de confronter le gouvernement, mais simplement d’exiger justice et respect pour tous ceux qui œuvrent dans ce secteur essentiel », conclut Jane Ragoo.
Une rencontre entre le ministre et les gestionnaires d’écoles prévue
Le conseil des ministres a été informé de la situation liée au paiement de Rs 2 750 par élève aux écoles pré-primaires. Cette mesure faisait suite à l’annonce, lors du dernier budget, de la fin du financement total des frais de scolarité, en raison notamment d’abus constatés chez certains gestionnaires.
Selon nos informations, le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, a présenté le dossier à ses collègues, qui ont suivi la situation avec attention. Aucune décision formelle n’a encore été prise. Des techniciens préparent un rapport qui sera prochainement soumis au ministère.
Une réunion est également prévue avec les syndicats, et il est probable que le ministère rencontre prochainement les gestionnaires d’écoles. Toujours d’après nos sources, le ministre de l’Éducation devrait soumettre un dossier complet au cabinet dans les semaines à venir pour envisager une solution durable.

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