La fin d’année, soit le pic de consommation, approche à grands pas. Comment se passent les préparations dans les grandes surfaces ? En raison de la Covid-19, doit-on s’attendre à un changement du comportement des consommateurs ? Tour d’horizon.
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Commandes
Chez la chaîne des hypermarchés Intermart les commandes pour les stocks de la fin d’année ont été passées depuis juillet. C’est ce qu’indique Ignace Lam (photo), le PDG. Cependant le gros problème auquel font face les importateurs est le retard dans l’arrivée des conteneurs.
« Auparavant, nous recevions nos cargaisons en 27 jours maximum. Maintenant, il faut compter au moins 54 jours », explique-t-il.
Chez King Savers, les préparatifs pour la période de fin d’année sont presque terminés. « Nous avons nos stocks nécessaires pour satisfaire la demande pour les deux prochains mois », soutient le directeur Alain Saverettiar. Cependant, il concède qu’il y a effectivement un retard dans l’approvisionnement de l’étranger.
Dans les supérettes de Master’s Express, les employés mettent les bouchées doubles pour être prêts pour la fin d’année. « Tous les points de vente à travers l’île s’organisent pour répondre aux besoins du public », indique le secrétaire général, Uttam Sumaroo.
Pénurie de certains produits
Huîtres, saumon, charcuterie, fromage, foie gras, crémerie… Il y aura moins de ces produits frais qui sont très prisés pour la période de fin d’année dans les grandes surfaces. C’est ce qu’indique Ignace Lam.
« Le coût de fret de ces produits a presque triplé. Ainsi, nous avons revu nos importations à la baisse cette année », dit-il. Toutefois, il avance que ce ne sont pas des produits de nécessité.
« Nous passons par une année exceptionnelle et les Mauriciens peuvent trouver des alternatives », soutient le PDG d’Intermart. C’est un avis que partage Alain Saverettiar.
« Les consommateurs doivent s’attendre à un manque de certaines gammes et marques. Mais il y aura des alternatifs », dit-il. Uttam Sumaroo abonde dans le même sens. « Certains produits de luxe se feront rares sur le marché », confie-t-il.
Yovan Jankee, Head of Strategy & Communication chez Panagora : «On s’attend à une demande inférieure et à une grande sensibilité par rapport au prix»
La fin de l’année approche à grands pas. Comment se portent les préparatifs pour répondre à la demande ?
Comme tous les ans, nous avons fait nos prévisions depuis le mois d’octobre et nous les mettons à jour à l’approche des fêtes de fin d’année. Cette année, nous prévoyons une demande substantiellement inférieure aux années précédentes et une plus grande sensibilité par rapport au prix. Nous avons donc redimensionné nos achats en conséquence.
De nombreux importateurs déplorent des retards dans l’arrivée des conteneurs. Faites-vous face au même obstacle ?
À ce stade non ! Nous n’avons pas expérimenté de retard particulier dans l’arrivée de nos conteneurs. Il faut dire qu’en dehors de la Covid-19, il y a occasionnellement des retards de bateaux. Néanmoins, les « re-confinements », annoncés en Europe, pourraient, à terme, influer sur la capacité des producteurs français par exemple, à honorer certaines commandes de produits. Nous suivons la situation de près, bien entendu.
Y aura-t-il suffisamment de stocks pour la fin d’année ?
Du stock oui. La vraie question est : est-ce que la consommation sera au rendez-vous ?
Doit-on attendre à une hausse générale des prix ?
Chez Panagora, nous faisons notre possible pour maintenir des offres promotionnelles sur les produits de consommation courante. Mais dans certains cas, nous n’avons pas le choix et il faut procéder à une majoration des prix. Il faut être réaliste : tant que la roupie continuera à se déprécier, le panier alimentaire accusera une hausse.
Les consommateurs dépenseront-ils moins cette année avec la Covid-19 qui reste omniprésente ? Quelles sont vos prévisions ?
En décembre, entre les fêtes d’entreprise et les célébrations familiales, la demande augmente, selon les produits, de l’ordre de 30 % à 50 %. Cette année, même si personne ne renonce aux bons repas entre amis ou en famille, il ne faut pas s’attendre à des progressions similaires comparativement aux années précédentes. Les consommateurs vont dépenser plus intelligemment, privilégiant les produits qui permettent de nourrir le plus de personnes à moindres frais.
Jusqu’à 20 % de hausse sur les prix
En raison de la pandémie de Covid-19, des retards dans l’arrivée de conteneurs, de l’augmentation du coût de fret et de la fluctuation des devises étrangères, certains produits coûteront plus cher d’ici en cette fin d’année.
« Ces produits sont notamment les chocolats, les biscuits, les détergents, les légumes surgelés qui sont achetés en euro. Il faut noter que l’euro s’est apprécié rapidement ces derniers temps », fait ressortir Ignace Lam.
Il évoque une hausse générale de 20 % des prix. D’autre part, Uttam Sumaroo soutient que les prix de certains produits peuvent aussi baisser. « Tout dépendra de la disponibilité et de la concurrence entre les grossistes », dit-il.
Des aliments de base privilégiés
Les grandes surfaces envisagent une baisse dans le budget pour la consommation en cette fin d’année. « Les consommateurs vont plutôt privilégier les aliments de base. Certes, certains voudront se faire plaisir en achetant des produits de consommation de luxe. Mais, le budget accordé pour ces dépenses sera réduit », soutient Ignace Lam.
De son côté, le directeur de King Savers prévoit une baisse entre 10 % et 15 % sur les dépenses de la consommation en cette période de fin d’année en comparaison à la même période l’année dernière.
Uttam Sumaroo, lui, fait ressortir qu’après la pandémie de Covid-19, les consommateurs sont plus prudents dans leurs achats. « D’ailleurs nos ventes ont chuté d’environ 40 % par rapport à l’année dernière sur cette période. »
Les consommateurs plus judicieux dans leurs choix
Pour le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs, Suttyhudeo Tengur, les achats de fin d’année ne seront pas les mêmes que les années précédentes. Cela en raison des conséquences de la Covid-19.
« Les Mauriciens auront tendance à choisir utile et seront, à mon avis, plus judicieux dans leurs choix. Avec une possibilité que la classe de travailleurs reçoive son boni de fin d’année, les dépenses seront peut-être légèrement supérieures à la normale », estime-t-il. Selon lui, les Mauriciens vont opter pour « value for money ».
Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform, est d’avis que les fêtes de fin d’année ne seront pas comme d’ordinaire. « Il est probable que les consommateurs changent de comportement. » Le mot d’ordre sera : acheter intelligent.
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