Ils sont passionnés de seggae, un mélange de sega et de reggae. Pas étonnant : Jacob et Moïse Bill tiennent de leur papa, Ras Mayul, l’auteur de cette musique qui a révolutionné le paysage. S’ils veulent en faire leur métier, leur penchant sert aussi à montrer le bon chemin aux jeunes de cité Richelieu. C’est tout à leur honneur !
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Moïse, 22 ans, et Jacob, 19, viennent d’une fratrie de cinq enfants. Ce qui frappe chez eux, c’est une complicité presque palpable. L’un commence, une phrase, l’autre la termine. Ou alors ils ont les mêmes réponses en même temps… Synchro comme pas deux dans leur façon de penser, de concevoir la musique et même dans la vie professionnelle car ils travaillent dans la même usine aux mêmes postes.
Ils ont baigné dans l’univers musical de leur père, Ras Mayul, de son vrai nom, Jacques Emmanuel Bill. Ce dernier compte des CD à succès, dont Les 10 Commandements et aussi des cantiques, dont le plus récent est intitulé À l’eau vive. Les deux fils ont tout naturellement embrassé la passion de Papa. « Pour moi, c’est l’histoire d’une promesse, confie Moïse. J’ai toujours été fasciné par mon père et je me suis dit que je ferai de la musique comme lui… »
C’est ainsi qu’ils forment le groupe Heritage en novembre 2016. Leur premier single Toutelanite featuring Chico Martino, très festif, invite à se déhancher toute la nuit, cela va de soi. Le deuxième, Bonggo est un hommage à un jeune cousin décédé… Les deux créations sont disponibles en téléchargement gratuit sur Youtube.
« Actuellement, nous faisons de la musique par passion mais nous souhaitons en faire notre métier plus tard, indique Jacob. Certes, c’est difficile de percer professionnellement mais il faut persévérer car ce sont les obstacles qui nous font avancer. » Ils n’ont pas pris de cours de musique mais ils ont l’oreille et surtout la voix. « Lorsque nous écoutons un instrumental, la magie opère et cela nous inspire d’abord pour les mélodies a capella, les harmonies et ensuite l’écriture », ajoute Moïse.
Pour en finir avec les clichés de la cité…
Cependant si le côté ludique importe beaucoup, les deux frères, unis comme deux doigts de la main, pensent plus loin. « C’est vrai que cité Richelieu traîne une réputation pas très reluisante avec des constats négatifs, c’est vrai que nous avons des jeunes victimes de la drogue et de l’alcool, souligne Jacob et Moïse, mais nous voulons justement en finir avec ces clichés en étant des exemples pour des jeunes Nous voulons leur montrer les bons chemins à prendre… Les jeunes ont toujours aimé la musique et nous voulons l’utiliser pour les amener à s’y intéresser davantage dans le but de ne pas tomber dans des fléaux, dont la drogue, la boisson et l’oisiveté. Dans la mesure de nos moyens, nous essayons de notre mieux de les prévenir ou de les arrêter afin que notre cité retrouve un mieux-vivre, la paix et la sérénité. » Les deux frères en ont fait leur credo…
« Notre cité compte beaucoup de jeunes talentueux, que ce soit en musique ou en sport, renchérit Moïse, mais il manque un encadrement de la part des autorités concernées. La musique mauricienne manque de considération de la part de certains. Nous faisons un appel pour davantage de reconnaissance et l’organisation de concerts et d’activités sportives pour notre localité. »
En tout cas, Ras Mayul a de quoi être fier de ses fils qui assurent déjà la relève. D’autant que Jacob et Moïse ont pour maître-mot la persévérance dans tout ce qu’ils entreprennent dans ce domaine. Le mot de la fin de Jacob : « C’est facile de devenir chanteur mais bien plus difficile d’être un artiste ! »
Une légende vivante
Respect Ras Mayul ! Créateur du seggae, un métissage provenant des rythmes jamaïcains qu’il a assaisonnés des battements de notre séga, il en a aussi fait une philosophie. D’autant qu’il avait connu un parcours semé d’épines dont il s’est débarrassé grâce à des messages d’unité et d’amour, chantés du plus profond de ses tripes, qui réveillent les consciences…
Respect gagné dans la vie comme à la scène, avec son groupe Alpha & Omega, depuis quelque 20 ans. Sa musique a révolutionné la paysage jusqu’à en faire une légende vivante. C’est un univers qui a inspiré pus d’un et qui laissera des traces aussi profondes qu’impérissables dans notre culture musicale et plusieurs générations.
On pense à ses opus mais aussi à A nou vivre, Pou la premier fwa, titre consacré à l’île Rodrigues, Chacha Gentleman, un seggae en hommage à sir Seewoosagur Ramgoolam, et Douler noir, une expérience de vie… Respect Ras !
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