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Fêtes de fin d’année en toute sobriété : Maurice pleure ses morts, comment célébrer avec joie ?

Les festivités de fin d’année approchent à grands pas. Cependant, devant le nombre grandissant de morts de la Covid-19 et de familles endeuillées, l’humeur n’est pas à la fête, font comprendre de nombreux Mauriciens. Comment comptent-ils célébrer Noël et accueillir le Nouvel an ? Témoignages.

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Bhavish Mungur : «Pas de pétards pour accueillir le Nouvel an»  

bhavish« Ayant moi-même été un patient de la Covid-19, je ne peux rester insensible devant le nombre de décès chaque jour », confie Bhavish Mungur, 27 ans. Evidemment, dit le Curepipien, l’enthousiasme pour les fêtes de fin d’année est plombé. 

Il est conscient qu’en cette période, le virus est plus susceptible de se propager, surtout si les mesures sanitaires ne sont pas respectées. Compte tenu des circonstances, « je passerai Noël et le Nouvel an à la maison avec ma mère et ma sœur ». Pas de pétarades non plus pour accueillir le Nouvel an. Cela, « en signe de respect envers les familles endeuillées ainsi que les nombreuses victimes dans le monde ». 


Yusra Muckdoombukus : «Fêter de façon responsable»

yusra« Le pays souffre d’un taux de mortalité alarmant et je pense que tous les citoyens devraient prendre leur responsabilité et rester en sécurité chez eux », lance Yusra Muckdoombukus, 25 ans. L’habitante de Terre-Rouge conseille également « de ne pas faire de shopping intensif », les centres commerciaux étant des lieux à risque. « L’île Maurice pleure, alors faites attention et restez en sécurité chez vous» dit-elle.

Elle compte d’ailleurs suivre son propre conseil. « Je ne ferai pas de grande fête ni de sortie afin de me protéger ainsi que ma famille. » Yusra Muckdoombukus prévoit un dîner en petit comité pour fêter de façon responsable. « Les célébrations traditionnelles comme le déjeuner / dîner, l’échange des cadeaux, les pétards peuvent toujours se faire à la maison en respectant le nombre de personnes autorisé. »


Kajal Ramdenee : «L’heure n’est pas à la célébration»

kajalElle se dit très concernée devant le laxisme et l’irresponsabilité de certains citoyens en cette période de crise sanitaire. Avec la période des fêtes de fin d’année, la vigilance est plus que jamais de mise, insiste Kajal Ramdenee, 25 ans. 

« Il est primordial que chaque individu agisse en tant que Mauricien responsable et respecte toutes les consignes sanitaires dans un effort collectif pour diminuer le taux de contamination », dit l’habitante de Coromandel. Pour elle, « l’heure n’est pas à la célébration, notre pays va mal, la situation est critique ».

À son niveau, cette année les célébrations se feront modestement, dans le respect des familles endeuillées. « Cela a toujours été une tradition en fin d’année d’acheter des cadeaux et des pétards et de réunir toute la famille autour d’un dîner et d’un déjeuner. » Cette année, toutefois, elle dérogera à la règle. « Il n’y aura pas de célébration en grande pompe. Nous devons démontrer notre solidarité envers tous ceux qui sont affligés. » dit-elle. 


Lokeshwar Umrit : «Nous devons être solidaires»

lokeshwar« Que fêtons-nous alors que le pays a perdu tant de compatriotes emportés par la Covid-19 ces derniers mois ? » La situation sanitaire actuelle est, pour Lokeshwar Umrit, 25 ans, l’occasion d’une remise en question.

L’heure n’est pas à la fête, maintient l’habitant de Fond-du-Sac. « Nous sommes dans une situation critique. » Certes, dit le jeune homme, « nous voulons tous que les commerces gagnent leur pain et que l’économie redémarre. Mais nous devons être réalistes ». 

Raison pour laquelle il estime qu’« il est préférable de prendre l’initiative de rester chez soi ». D’autant que si on peut faire la fête n’importe quand, « un mort de plus dans une famille, c’est irréversible ».  

Lokeshwar Umrit ne souhaite ainsi prendre aucun risque. C’est dans le respect du protocole sanitaire en vigueur, dit-il, que se dérouleront les fêtes de fin d’année. « J’opterai simplement pour un dîner en famille à la maison. » indique-t-il. 

Fera-t-il sonner des pétards ou allumera-t-il des feux d’artifice ? « Nous devons être solidaires avec ceux qui ont perdu des membres de leurs familles », répond le jeune homme. Il n’en démord pas : « Nos actions détermineront notre sort, alors protégeons-nous et notre famille. » dit-il. 


Bianca Moothien : «Le pays est en deuil» 

bianca« Le pays est en deuil et la tristesse se fait ressentir. » Ce qui fait dire à Bianca Moothien, 28 ans, que les célébrations en grande pompe avec les pétarades n’ont pas lieu d’être. « Avec la perte de toutes ces vies, nous ne pourrons célébrer les fêtes de fin d’année avec la même joie... » dit-elle.
Pour l’habitante de Bel-Air, la santé demeure la priorité. Et c’est avec un sentiment de reconnaissance d’être en bonne santé et entourée de ses proches qu’elle fêtera Noël et accueillera le Nouvel an. « Nous ne pouvons pas perpétuer la tradition de nous réunir en grand nombre comme les années précédentes.»  déplore-t-elle. 

Que prévoit-elle ? :  « On se contentera d’un petit dîner avec les membres vivant sous le même toit, sans des invités extérieurs pour notre propre sécurité et celle des autres. »


Kareena Munohur : «L’envie de célébrer n’est pas présente»

kareenaElle dit n’avoir que peu d’enthousiasme pour les fêtes de fin d’année. « La crise actuelle ne donne pas vraiment envie de célébrer », avance Kareena Munohur. « Nous passerons la journée à la maison avec nos parents, nous organiserons un petit dîner entre nous. Nous ne recevrons pas d’invités ou de parents extérieurs. »

Néanmoins, pour elle, c’est une occasion de réinventer la tradition et de célébrer en toute sécurité à distance par le biais d’appels en visioconférence. « Nous ne pouvons pas risquer la vie de notre famille pour le plaisir et le divertissement. » fait-elle remarquer.


Pas d’engouement pour les pétards 

petard

En temps normal, pour les fêtes de fin d’année, les familles mauriciennes investissent des milliers de roupies dans l’achat de pétards et autres feux d’artifice. Mais cette année, avec la baisse considérable du pouvoir d’achat et la situation sanitaire, l’engouement n’est pas le même, constatent des revendeurs. 

À fin novembre, 111 157 kilos de pétards et feux d’artifice avaient été importés. Des importations estimées à Rs 9 millions, ce qui représente une baisse en comparaison à l’année dernière. 

Chez Wing Tai Chong, importateur et distributeur principal de pétards et de feux d’artifice, on soutient que la tendance est morose sur toute l’île. « On a eu un mauvais démarrage pour la fête de Divali alors qu’habituellement la courbe remonte à partir d’octobre et de novembre », explique un consultant.

La cherté des pétards cette année ne devrait pas arranger la situation. « Ils se vendront à un prix exorbitant dû au coût du fret qui a augmenté, la hausse des prix des matières premières en Chine et la dépréciation de la roupie. »

En cette fin d’année, deux tendances sont observées chez les Mauriciens, poursuit le consultant chez Wing Tai Chong. « D’une part, il y a des consommateurs qui sont peu enclins à dépenser de l’argent dans les feux d’artifice en raison des circonstances économiques en cette période de Covid-19. Leur priorité, c’est l’utile parce qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts. » dit-il. 

Et d’autre part, « il y a ceux qui anticipent une rupture des pétards et feux d’artifice sur le marché en cette période de festivités. Résultat, ils font du sur-stockage. Ces achats de panique déséquilibrent le marché ». D’autant qu’il y a eu des retards dans la livraison. « En sus, les transporteurs refusent des articles classifiés comme “dangerous goods” sur leurs bateaux. On va donc devoir faire avec ce qu’on a en stock. » 

Ainsi, chez Wing Tai Chong, on anticipe que seuls ceux qui en ont les moyens feront éclater les pétards.

 

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