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Fêtes culturelles : quand la pluriculturalité transcende les barrières

maha shivratree La New China Town Association a prêté main forte à l’association Flame of Phoenix lors du pelerinage du Maha Shivaratri.
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L’île Maurice est connue pour être une île multiculturelle. Les fêtes les plus importantes pour les différentes communautés de l’île sont célébrées sur le plan national. Thaipoosam Cavadee, Eid ul-Fitr, Divali, Pâques...

Si auparavant les fêtes culturelles n’étaient pas célébrées au niveau national, tel n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, le jour venu, c’est un véritable moment de partage, d’amitié et de complicité entre voisins, amis et connaissances. Pour la plupart des fêtes, les associations socioculturelles procèdent au lancement des célébrations sur le plan national.

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Prisheela Motee est ambassadrice de la paix à Maurice.

Prisheela Motee est ambassadrice de la paix. Elle explique que c’est un moment pour le Mauricien de renforcer un tissu multiculturel liant la cohésion sociale au maintien de la paix et de l’harmonie interreligieuse.

« Je crois fermement que de tels moments de partage nous rappellent que nous sommes des êtres humains respectueux des uns des autres. Quelle que soit la foi ou la religion, nous sentons en fin de compte que le mauricianisme est un kaléidoscope de cultures mélangées qui nous aident à refléter notre identité », explique la jeune femme.

Elle ajoute que : « La paix est aussi une question de respect et de tolérance. Dans de tels moments de partage, que ce soit lors du Maha Shivaratri ou du pèlerinage au tombeau du Père Laval, nous pouvons être fiers de dire que nous sommes Mauriciens ».

Maha Shivaratri : Moment de partage

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La procession du Thaipoosam Cavadee est passé, en plein centre du China Town à Port-Louis.

Tous sous le même toit ! C’est Anishta Seesurrun, la présidente de l’association Flame of Phoenix et également ambassadrice de la paix, qui a eu la brillante idée de faire appel à la New Chinatown Federation pour offrir de la nourriture aux pèlerins covergeant vers le Ganga Talao.

« Cette année, nous avons décidé au sein de notre association de faire le « sewa » lors du Maha Shivaratri. Nous l’avons fait pendant deux jours à Quinze-Cantons, Vacoas. J’ai pris l’initiative d’inviter la New Chinatown Federation parce que j’ai comme principal objectif en tant qu’ambassadrice de la Global Peace de promouvoir la paix et l’harmonie à Maurice. Le but est de travailler afin de garder un équilibre national, mais aussi international », dit-elle. Des personnes de tous âges étaient présents pour offrir à boire et à manger aux pèlerins. « Ce moment, on l’a vécu ensemble du plus jeune au plus âgé. C’est la tradition, il faut suivre les aînés et les respecter, puisque c’est grâce à eux que les valeurs nous parviennent. »

Et d’ajouter : « La doyenne Indraoutee Dhunoo, qui a 89 ans, fait le « sewa » depuis plus d‘une trentaine d’années. Elle nous a aidés le week-end dernier », fait ressortir Anishta qui compte bien lancer l’invitation aux autres associations de l’île.

« Nous allons certainement le refaire dans les années à venir, mais pour cela, il faut une équipe de volontaires, beaucoup de courage et d’envie. Il faut avant tout aimer faire du social parce qu’il s’agit d’aider les autres. Or, on s’aperçoit quelques fois, que les jeunes sont rarement impliqués dans le social », précise l’ambassadrice de la paix.

Elle indique que c’est grâce au soutien de plusieurs entreprises privées qu’ils ont pu réaliser ce geste bénévole.

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Anishta Seesurrun, Jean Paul Lam et la doyenne Indraoutee Dhunoo présente lors du sewa le vendredi 1er mars 2019.

«Ti puri Chinatown»

C’est ainsi que les membres de l’association New Chinatown Federation invitaient les pèlerins qui étaient en route vers Grand-Bassin à prendre un repas. Jean-Paul Lam, président de l’association New China Town Federation, explique qu’ils ont accepté avec grand plaisir l’invitation de l’association Flame of Phoenix.

« C’est la première fois que nous participons à un tel événement. Notre association existe depuis l’année dernière et, pour nous, c’était un devoir d’y participer. C’était un magnifique moment de partage », explique Jean-Paul Lam. Il faut noter que la vidéo réalisée vendredi dernier soit le 1er mars 2019 par Anishta Seesurrun a suscité de vives réactions sur la Toile. Les internautes n’ont pas manqué de saluer l’initiative.

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Les handicapés étaient aussi de la partie.

Les Miss et Mr Able étaient de la partie. Des handicapés étaient, pour leur part, présents à Quinze-Cantons le samedi 2 mars pour offrir à manger aux pèlerins. Selon Anishta Seesurrun, « nous menons aussi un combat pour ces personnes. C’était un moyen pour elles de montrer ce dont elles sont capables », dit-elle.

Merry China Town

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Merry China Town a été organisé en décembre dernier pour fêter la Noël

Merry China Town a été organisée en décembre dernier par la New Chinatown Federation. « Le but de cette journée était de faire vivre un moment de partage et d’échange entre plusieurs enfants durant la période de Noël au China Town, d’où l’origine du nom. Pour cela, nous avions préparé plusieurs activités et plusieurs plats des différentes communautés que nous avons partagés », explique Jean-Paul Lam.

Divali également demeure une des fêtes les plus célébrées dans l’île. Pour Kevin, un habitant de Curepipe ainsi que pour sa famille, cette fête prône le rassemblement des membres de la famille. « J’ai toujours été fasciné par cette fête. Les lumières m’ont attiré depuis tout petit. Nous avions l’habitude, avec mes parents, def faire un tour dans le quartier pour apprécier l’ambiance et surtout voir les maisons joliment décorées », confie le jeune homme de 25 ans.

Par conséquent, il soutient que c’est de cette façon qu’il a commencé à faire de même chez lui. « J’ai commencé à placer de petites lampes de terre et, maintenant, je mets des lumignons comme tous les autres pour être dans l’ambiance », confie le Curepipien.

Selon lui, cette fête est aussi un moyen de se réunir autour d’un repas. « Autant que possible, nous faisons perpétuer les traditions. Ce jour-là, c’est farata ou le fameux ti puri qui est prisé », dit-il. « Je compte bien partager des moments comme cela avec mes enfants pour qu’ils en fassent de même avec les leurs à l’avenir », poursuit-il.

Rhavish, la vingtaine, qui a souhaité garder l’anonymat vient d’une famille mixte. « Mon père est hindou et ma mère, catholique. C’est ainsi que j’ai commencé à partager les deux cultures. Pour cela, je remercie ma famille, car cela nous aide dans la vie de tous les jours à respecter les autres », confie le jeune homme.

« Je fête également Pâques avec des amis de foi catholique. Et j’aime le partage de cultures... Je me sens bien comme je suis », dit-il.

Selon lui, le multiculturalisme est important pour le bien-être de tout un chacun. « Il faut savoir vivre avec son prochain. Au fil du temps, tout le monde se sentira concerné par les fêtes
religieuses », dit-il.


Jay Ramsaha, sociologue : «On a tendance à se convertir vers l’interculturel»

« L’île Maurice a toujours été considérée comme une île multiculturelle. Les recherches ont prouvé sur plusieurs continents que les pays comme le nôtre ont tendance à aller vers l’interculturel et le partage des cultures », explique-t-il.  « Auparavant les gens avaient tendance à être ‘chacun pour soi’. Par contre, de nos jours, nous avons des voisins de différentes cultures. De ce fait, il y a encore plus de respect, nous évoluons donc dans un monde d’empathie, c’est-à-dire que nous avons tendance à mieux comprendre notre prochain. Par conséquent, la barrière de la religion est transcendée, s’il y a un partage de valeurs et c’est l’aspect humain qui prime », ajoute-t-il.

Toutefois, selon le sociologue, il est chagrinant de constater que ces fêtes culturelles deviennent des fêtes nationales à cause de l’aspect commercial, car il est connu que lors de la période des fêtes, les commerces s’activent », fait-il observer.

Un cas qui fait le buzz

Joseph Milazar effectue le trajet de Quatre-Bornes à Grand-Bassin tous les ans, depuis l’âge de 13 ans. Il explique que ce n’est pas sa communauté qui l’empêche de partager la culture des autres. Pour lui, c’est la foi qui compte. Ce maçon de 40 ans raconte qu’il a appris les rites et les traditions de cette fête, au fil des années, lors de ses déplacements au Ganga Talao.

 

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