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Fête nocturne à la prison centrale : quatre détenues dansent le séga à la demande du Commissaire

Prison centrale Quatre détenues ont dansé en mini-jupes à la prison centrale devant un parterre d’invités étrangers.

Il y a deux semaines, quatre détenues ont été appelées à exécuter une danse « rythmée » devant un parterre d’invités lors d’une fête nocturne à la prison centrale. La fête a eu lieu après la fermeture des portes. Si la responsable de la prison des femmes s’est abstenue de tout commentaire, le commissaire des prisons a, lui, confirmé la tenue de la fête.

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Grande première dans le milieu carcéral ! Quatre détenues (trois Mauriciennes et une Malgache), purgeant des peines d’emprisonnement pour trafic de drogue et de vols à la prison des femmes de Beau-Bassin, ont été appelées à exécuter une danse lors d’une réception nocturne tenue, le mercredi 13 décembre. La fête s’est déroulée en la présence de hauts gradés de la prison, du Commissaire des prisons Vinod Appadoo et des représentants des centres pénitenciers de Madagascar, des Comores, des Seychelles et des Maldives. Ces délégués sont à Maurice pour assister à un séminaire de trois jours, axé sur les conditions de détention à Maurice. La fête a été organisée en marge de cette conférence.

Des gardiennes avancent que c’est vers 19 h 40, qu’elles ont reçu « un appel de la responsable du centre pénitencier, l’Assistant au commissaire des Prisons Marie Annick Nelson, ordonnant l’ouverture du portail pour permettre aux quatre détenues de se rendre à la fête. » Selon les gardiennes, cet ordre émanait du Commissaire des prisons, Vinod Appadoo. Les détenues, disent-elles, ont été choisies « pour leur sens du rythme ».

« C’est vers 20 h 45 que les portes ont été ouvertes pour permettre aux détenues, vêtues de leurs costumes de danse, de quitter l’établissement, escortées par deux gardiennes et la responsable de la prison des femmes. Les détenues ont regagné leurs cellules vers 22 h 55. Que serait-il passé si l’une des détenues, ou les quatre s’étaient évadées ? Nous ne sommes pas contre le fait qu’elles le fassent en journée. Mais les faits se sont produits en soirée. Ce qui est interdit », précise une gardienne.

Aucune sortie...

À la prison des femmes et même à la prison centrale, cet événement fait grand bruit depuis quelques jours. Les officiers, sollicités par Le Défi Quotidien, déplorent tous le fait que les détenues aient été appelées à danser une fois la nuit tombée, après la fermeture des portes qui se fait à partir de 16 heures.

« Les Standing Orders de la prison sont clairs. Pour des raisons de sécurité, aucun détenu n’est autorisé à quitter sa cellule une fois la fermeture des prisons, à moins que le prisonnier ne soit malade ou, si c’est une femme, en cas d’accouchement. Mais cela, uniquement sur recommandation du médecin de la prison. C’est à ce moment-là que le détenu ou la détenue est transféré/e sous forte escorte à l’hôpital dépendant de son profil », dit un officier sous le couvert de l’anonymat.

Sollicitée, l’Assistant au commissaire des prisons, Marie Annick Nelson, responsable de la prison des femmes n’a ni confirmé, ni infirmé la teneur de notre information. « Je n’ai rien à vous dire. Je suis en congé. Veuillez vous adresser au commissaire », nous a-t-elle déclaré.

Vinod Appadoo, le commissaire des prisons, confirme, quant à lui, la tenue de la fête dans le cadre d’un échange entre les représentants des prisons des pays de la région. Il souligne que ce numéro de danse visait à favoriser « la réhabilitation » des détenues.


Vinod Appadoo : «Normal de faire danser le séga aux détenues»

Le Commissaire des prisons, Vinod Appadoo, estime « normal de faire danser le séga à des détenues durant des ‘lock hours’ pour des invités lors d’une fête ». Il dit s’étonner de nos remarques selon lesquelles les prisonnières doivent rester en cellule après les lock hours, sauf en cas d’extrême urgence. « Vous connaissez les règles des prisons mieux que moi ? Quel est votre problème si je fais ce que je veux avec les prisonnières ? D’ailleurs, je vais ouvrir un centre de formation pour danser le séga, où est le mal ? » nous a rétorqué le Commissaire des prisons, le 25 décembre.

Lorsque nous lui avons dit que ces détenues ne sont pas censées danser, en mini-jupes, il nous dira: « Où est votre problème ? Je fais ce que je veux ».
Nous lui avons quand même souhaité un Joyeux Noël.

 

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