Fête du Travail : un 1er Mai caractérisé par l’absence de la bataille des foules

Ce lundi 1er mai, la traditionnelle bataille des foules ne va pas reprendre après trois ans d’accalmie pour cause de Covid-19. Alors que Maurice est habitué à ce que les grands partis politiques se lancent dans un bras de fer pour tenter de convaincre la population qu’ils sont les plus populaires, cette fois-ci, le seul des quatre principaux partis du pays à organiser un meeting est le MSM, accompagné des autres composantes de l’Alliance morisien que sont la Plateforme militante, le Muvman liberater et le Mouvement patriotique mauricien. Le Parti travailliste et le Mouvement militant mauricien optent pour la sobriété avec des dépôts de gerbes sur les tombes de grands tribuns.

Jocelyn Chan Low, historien et observateur politique, affirme que de toute façon, les grands rassemblements politiques ne sont plus pertinents aujourd’hui, car les valeurs se sont perdues. Selon lui, la raison en est que les partis politiques se sont éloignés de leur base syndicale et ouvrière « depuis qu’il y a eu ce consensus de libéralisme mou ». Il explique que dans le passé, les grands rassemblements étaient un moyen pour les partis de mobiliser leur base en vue d’actions concrètes. Mais aujourd’hui, « les choses ont changé et les mobilisations politiques se font plutôt en fonction de la capacité à rassembler des foules, et pour cela, il faut une grosse logistique et cela coûte de l’argent. Pourquoi aujourd’hui se lancer dans une bataille des foules ? Pour quelle raison ? »

Pour Jocelyn Chan Low, les grands meetings du 1er Mai ne sont plus qu’ « un exercice de communication politique », une occasion pour les partis de faire croire qu’ils sont aptes à mobiliser. Selon lui, ces rassemblements sont une dépense inutile de millions de roupies pour amener des gens sur place, tout en ignorant les vraies menaces qui pèsent sur la classe des travailleurs et « n’ont plus aucun sens ». « Le meeting du 1er Mai, c’est donner de l’argent, payer des gens pour qu’ils viennent, distribuer du briani, louer des bus, etc. ».

Le fait que le MMM et le PTr se sont retirés des grandes manifestations du 1er Mai n’est toutefois « pas forcément une bonne chose », pense Jocelyn Chan Low, car « aujourd’hui, des menaces terribles planent sur la classe des travailleurs ».