Avant de se lancer dans une carrière solo prometteuse, les interprètes mauriciens débutent, pour la plupart, au sein d’un groupe. Mais leur cote de popularité ne s’arrête pas avec l’explosion de la bande. Bien au contraire. À l’occasion de la Fête de la musique, on revient sur ces créateurs qui ont vécu un mal pour un bien.
Quand on regarde l’histoire de la musique locale de ces dernières années, l’on constate que peu d’interprètes ont débuté une carrière solo pour goûter à la notoriété. La plupart ont d’abord affûté leurs armes au sein d’un groupe pour imposer un style ou tout simplement pour se faire un nom, que le public continue de retenir bien après la cassure de la bande.
C’est le cas de Yannick Gérie, aussi connu sous le nom de Skandal, du groupe Evoloziq, qui a sorti l’album Roule sa sagga la, en 2006. L’opus avait alors fait un carton avec le titre Atan la pli passé. « Contrairement à la croyance générale, je n’ai jamais quitté le groupe à cause de mes différends avec les autres membres. Je suis parti parce que je voulais explorer d’autres univers musicaux. Et c’est toujours un peu difficile de faire valider ses choix personnels quand on évolue au sein d’un groupe. »
Toutefois, l’artiste avoue que ce n’est pas non plus facile de sortir un album quand on est seul aux commandes. « Qu’on le veuille ou non, il y a un dynamisme au sein d’un groupe. Par exemple moi, chaque année je me dis que je vais sortir un album. Et chaque année pour des raisons professionnelles et autres, je repousse l’échéance. Puis, il faut être honnête et dire que les producteurs préfèrent injecter de l’argent pour financer les albums de jeunes artistes. Donc, en attendant, je me contente des covers que je poste sur les réseaux sociaux. »
Lin a, pour sa part, passé dix ans au sein du groupe Negro pou lavi, avec lequel il a signé quatre albums. Mais des frictions au sein du groupe l’ont forcé à prendre la porte de sortie. L’artiste ne s’est pas découragé pour autant et a décidé de se lancer dans une carrière solo en 2008.
« Lorsque l’on chante dans un groupe, il faut faire beaucoup de compromis. à un certain moment, cette situation m’a étouffé. C’est pour cette raison que j’ai pris la porte de sortie pour lancer, en 2008, mon premier album solo. Depuis ce premier opus, le succès a toujours été au rendez-vous, comme l’atteste Mo recompans, le dernier album que j’ai enregistré avec le groupe Otentik groove. »
Néanmoins, l’artiste ne cache pas sa volonté de renouer avec son groupe initial. « Si on m’appelait pour me demander de réintégrer Negro pou lavi je dirais tout de suite oui. Parce que je ne vis pas avec la haine. »
Alain Ramanisum, ex-membre du groupe Cassiya, abonde dans le même sens. Mais l’interprète de I love you ne se voit pas revenir à long terme. « Je ne cache pas qu’il y a des tractations afin que les membres du Cassiya d’antan se réunissent pour le plus grand plaisir des fans. Mais il ne faut pas oublier qu’entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et chacun de nous est à la tête de son propre groupe. À titre personnel, je serais ainsi plutôt pour un grand concert et que chacun fasse, par la suite, son petit bout de chemin. »
« Un artiste ignore ce qui l’attend lorsqu’ il quitte un groupe »
Pour cause, Alain Ramanisum estime qu’il doit sa carrière au fait qu’il ait quitté Cassiya. « J’ai beaucoup de respect pour Cassiya que je considère comme ma famille musicale. Cependant, si j’étais resté, j’aurais toujours été le pianiste du groupe, ni plus, ni moins. Je n’aurais jamais formé mon propre groupe, jamais sorti plus d’une dizaine d’albums solo à succès, sans compter le fait que la chanson Li tourné 2013 n’aurait jamais été élu tube de l’été en France. Ce qui me fait dire qu’un artiste ignore ce qui l’attend quand il quitte un groupe. » Zulu, ancien membre du groupe Blackmen Bluz, en sait quelque chose lui qui a fait un carton avec le morceau La Métisse et dernièrement avec Piment Ruz, extrait de son deuxième album solo intitulé Intimiste. « Je ne regrette pas le parcours que j’ai fait avec Blackmen Bluz. C’était une belle expérience, même si cela n’a pas marché par la suite. » L’artiste estime également qu’une voix soutient, dans bien des cas, le groupe à elle seule. « Souvent quand un groupe se brise, les fans continuent de suivre la voix qui a contribué à son succès. C’est le cas de Désiré François et le mien aussi, parce que les fans de Blackmen Bluz ont continué d’apprécier mes morceaux. » Zulu est, toutefois, catégorique sur un point. « J’avais déjà tenté une carrière solo bien avant Blackmen Bluz. Malheureusement, ça n’a pas marché. Le succès est venu avec Blackmen Bluz et après, à travers mes deux autres albums. C’est ce qui me fait dire que tout vient à point à qui sait attendre. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !