Fête ce samedi : les artisans de Divali 

L'île Maurice célèbre avec ferveur ce samedi 14 novembre la victoire de la lumière sur l'obscurité. Pour faire de cette fête une réussite, ils sont nombreux à avoir travaillé jour et nuit. Lumière sur ces travailleurs de l'ombre qui contribuent à rendre Divali mémorable chaque année.

Sanjeev Ladsawut, l’enlumineur des maisons et jardins 

Grâce à lui, chaque année, de nombreuses maisons s'illuminent de mille feux. Sanjeev Ladsawut, 46 ans, installe des lumières sur les maisons pour Divali depuis presque autant d’années, 32 ans pour être précis. 

« J'ai commencé tout jeune avec de petites illuminations. À l'époque, je me suis fait la main avec mes beaux-frères », confie Sanjeev Ladsawut. Il finira par se lancer à son propre compte. Au fil des années et de bouche-à-oreille, le quadragénaire s'est fait un nom dans le domaine. « Chaque année, les clients augmentaient et les habitués revenaient. » Aujourd'hui, il se diversifie et propose durant le reste de l'année des installations de lumières pour les mariages. « Cette année, j'ai été pris de court par le temps, car Divali est en novembre et coïncide aussi avec la période de mariage. J'ai dû refuser certains clients faute de temps. » Il décore d'habitude jusqu'à 35 maisons. Cette fois, il n’en a illuminé que sept. « Jusqu'ici, la plus grande maison que j'ai décorée est à Saint-Paul. Nous avons utilisé des lumières sur 40 pieds. Certaines maisons peuvent me demander une heure pour être correctement apprêtées, d'autres une journée. »

« Ce métier, c'est tout ce que je sais faire de mieux. Il demande beaucoup de savoir-faire d’électricien, mais encore plus de créativité. » Sanjeev confie qu'aussitôt qu'il voit une maison, il se projette déjà et imagine comment l'embellir. « La première chose à savoir, c'est par où commencer. » Il travaillera jusqu'à la dernière minute samedi et précise, cette année, avoir constaté une préférence pour les installations aux lumières blanches ou jaunes.

Sunny Meetah : le façonneur de diyas 

Arsenal est un village connu pour sa terre. C'est là que se trouve les fabricants les plus connus de lampes en terre cuite à Maurice. Sunny Meetah a grandi les pieds dans l'argile, son papa Sunil et sa maman Premila l’ayant initié à la poterie dès son plus jeune âge. Sunil qui s‘est rodé à ce travail dans le premier atelier de poterie de la localité, tenu par la famille Ragoobar décide en 82 de lancer le sien, Arsenal Pottery.

Entre-temps, Sunny travaille comme fonctionnaire. Mais, après les heures de travail, il n'hésite pas à venir prêter main forte à la famille. « J'ai appris à travailler l'argile alors que j'étais tout jeune, je suivais mon père dans son atelier », raconte-t-il. Les commandes affluent un mois et demi avant Divali. Mais on n'attend pas Divali pour s'y mettre, car les étapes dans la confection des diyas sont longues. « Nous préparons notre stock en avance. Les lampes en terre prennent trois à quatre jours pour sécher et il nous arrive d'avoir des commandes de 1 000 pièces d'un seul coup. » Bien que de moins en moins de familles optent pour les diyas, Sunny indique que selon la tradition au moins une lampe en terre doit être allumée dans chaque maison.

Natasha Fowdar : la magicienne des lampes en terre

Natasha Fowdar, 32 ans, s'est lancée dans la décoration de diyas en 2017. Elle faisait d'abord des modèles pour son usage personnel, avant un jour de s’essayer à la vente. Créative dans l'âme, elle développe avec le temps un amour pour la peinture et décide d'importer des lampes en terre d'Inde pour se parfaire. Comme elle travaille à son propre compte en journée, c'est en soirée qu'elle prend le temps de décorer les diyas. « J'ai aussi le soutien de mon mari Dheeraj. Ce dernier se charge de peindre toutes les lampes en blanc afin que je puisse les décorer », confie Natasha. Les différents designs et modèles réalisés par Natasha viennent tout droit de son imagination. Elle mélange et associe les couleurs, pose des pierres et apporte une touche de brillance avant de compléter le tout avec un revêtement transparent. « Grâce à ce revêtement, les lampes durent plus longtemps et peuvent facilement être réutilisées. Mes modèles sont uniques et personnalisés et les gens n'hésitent pas à en acheter. » Cette habitante de Vallée-des-Prêtres confie travailler jour et nuit pour réaliser ses lampes. Dès février, elle travaille à constituer son stock de lampes. Elle confie avoir déjà eu des commandes allant jusqu'à 15 000 unités. Cette année, elle a réalisé 40 000 lampes de Divali.

Artee Bhagnauth : la reine des ladoos

Elle est la reine des «apple ladoo». Et Artee Bhagnauth, 40 ans s’illustre depuis 10 ans chez Ashoka Sweets. « Je travaillais dans une usine avant de rejoindre l'équipe. Je me défendais bien aux fourneaux, mais je n’avais pas de grande expérience dans le domaine des gâteaux. J'ai tout appris du métier. » Aujourd'hui barfi, ladoo, mawa, messoor n'ont aucun secret pour elle. « La façon que nous réalisons ces gâteaux diffère de ce que l'on prépare à la maison. Les gâteaux sont réalisés avec précision et raffinement. » C'est aussi cela qui plaît à Artee. « Je n'arrête jamais d'apprendre et je prends beaucoup de plaisir à innover. Chaque année, nous proposons de nouveaux modèles de gâteaux. » Artee apporte aussi ses idées en matière de décoration et de couleurs. Avec ses mains, elle peut rouler jusqu'à 3 500 ladoos en une journée. Son objectif cette semaine : confectionner 20 000 ladoos en sept jours. « Il m'est arrivé de travailler toute la nuit la veille de Divali. Mais cela ne m'a jamais dérangée, je m'y suis faite avec le temps car nous sommes aussi unis qu'une famille. »