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Femme éboueuse : Christine plaide pour la valorisation de son métier 

Ramasser les ordures ménagères n’avait rien d’une vocation pour Christine Chutoo. Mais depuis que cette femme de 45 ans fait ce métier, elle l’exerce comme une mission. Celle de maintenir son île propre pour le bien-être de ses compatriotes. Elle considère que c’est un métier d’avenir, qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. 

Il est 5 h 45 à Chemin-Grenier. Alors qu’un soleil timide pointe le bout de ses rayons, une femme avec son sac sur le dos, marche d’un pas décidé vers l’arrêt d’autobus. Christine Chutoo, mère de deux enfants, s’en va pour un long trajet avant de débuter sa journée de travail. Chaque jour, elle se réveille à 4 heures. « Je dois préparer le repas et les affaires de mon fils pour l’école et faire quelques tâches ménagères avant de partir », relate-t-elle.
Dès 7 heures, elle est à Curepipe avec ses collègues du groupe ATICS pour commencer leur tournée. Ils sillonnent les rues de la ville lumière où les habitants qui les connaissent les saluent. « Ena dimounn pren nou nouvel kan pa trouv nou. Zot demande si tou korek », dit-elle. Un simple salut ou encore un « Ki manier zordi ? » ensoleillent les journées parfois pluvieuses de Curepipe. 

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Au début, plusieurs passants étaient étonnés de voir une femme sur un camion à ordures. Christine raconte : « Ena dimounn ti pe fer ban komanter deplezan. Apre avek letan zot inn abitie », confie-t-elle. Peut-être se sont-ils dit qu’il faut être courageuse pour ramasser la saleté des autres... Et, ils n’ont pas tort.

Une profession essentiellement masculine

Il y a quatre ans, quand Christine tente de trouver un emploi, elle frappe à beaucoup de portes. Cependant, elles restent toutes fermées, sauf celle de la compagnie ATICS. Quand j’ai été recrutée, j’ai eu un petit pincement au cœur, mais je n’ai pas voulu céder aux idées reçues, notamment que le ramassage d’ordures, c’est un métier d’homme. Ayant constaté les avantages d’un tel choix, elle met ses inquiétudes de côté pour se donner les moyens de réussir. « Komansman, monn travay dan bann drin. Pa ti fasil ditou, parski ban drin souvan bouse akoz bann gro dese. Apre de trwa tan, mo responsab inn dir mwa al ranplase lor kamion. Depi sa mo pe travay dan kamion mem », explique-t-elle. 

Christine est une vraie dame de fer et rien ne lui fait peur. Elle explique que le travail est différent chaque jour. « Parfois, nous sommes dans le camion et parfois à l’arrière. Nous descendons pour prendre les poubelles », indique la quadragénaire. 

Elle explique que l’odeur nauséabonde qui se dégage des ordures ne la dérange plus. Elle confie accomplir son métier avec amour. « Anfet ninport ki travay ki ou fer ou bizin fer li avek amour. Pou sa travay ki mo fer la, bizin ena pasians. Bizin kapav realiz lasans ki nou ena parski ena telman dimounn ki pena travay sirtou depi Covid », ajoute Christine. 

D’ailleurs, elle explique que pendant le confinement, elle a travaillé sans relâche. « Pandan sa moman la boukou dimounn ti pe solisit nou led, nou servis. Lerla zot finn realize ki si pena dimounn fer sa travay-la, li vinn konplike », avance-t-elle. Même si ce fut un moment particulièrement difficile, elle est restée fidèle au poste. « Nous étions tous inquiets pour nos proches et pour nous-mêmes, car personne ne savait grand-chose du virus. Au niveau de la compagnie, nous avons eu tous les équipements nécessaires et des masques. Ce qui nous a permis de travailler malgré les inconvénients », souligne-t-elle. 

Être éboueuse est une fierté pour Christine. Elle pense que c’est un métier d’avenir, mais trouve dommage que de nombreux jeunes ne veuillent pas s’engager dans cette voie. « Ils sont intéressés par les autres domaines. Pourtant, le pays aura toujours besoin d’éboueurs. C’est un métier qui ne va pas mourir », fait-elle ressortir. Christine ajoute que « même si le métier s’apprend vite, il faut avoir de la patience et se perfectionner petit à petit ». Si les jours sont parfois difficiles, elle a la chance de pouvoir compter sur ses collègues, les femmes comme les hommes qui ne manquent pas de tendre la main à une personne dans le besoin. 

Christine espère que davantage de personnes parlent de son métier pour qu’il soit ainsi plus valorisé. En attendant, elle plaide sa cause dans son entourage, plus particulièrement auprès de son fils qui a dit : « Je veux travailler comme Maman ». Pour Noël, elle lui a acheté un camion de couleur blanche et en voyant son sourire, Christine s’est rappelé pourquoi elle se donne à fond dans son travail.

Que faire pour faciliter la tâche des éboueurs ? 

Les éboueurs ou les aides-éboueurs n’ont pas la tâche facile. Parfois, ils doivent parcourir plusieurs kilomètres à pied, qu’il pleuve ou sous un soleil de plomb. Ils doivent aussi soulever des sacs très lourds. 

Voici quelques petits conseils pour les aider dans leur tâche :

  • Placez vos ordures en bordure de route, pour qu’ils n’aient pas un long parcours à faire ou que le camion ne bloque pas la route. 
  • Si vous placez les ordures dans la rue, faites attention à bien les attacher et ne les sortez pas trop tôt. Il est préférable de connaître le calendrier pour le ramassage d’ordures afin que ceux-ci ne demeurent pas en bordure de routes pendant plusieurs jours. 
  • Faites attention aux chiens errants et autres animaux qui peuvent faire beaucoup de désordre dans les poubelles. 
  • S’il y a des verres, assiettes ou autres qui sont cassés, pensez à les mettre dans une boîte avant de les placer dans un sac-poubelle. C’est très dangereux et une personne peut facilement se blesser. 
  • Ne surchargez pas les sacs-poubelle. C’est parfois difficile pour les éboueurs de les transporter jusqu’au camion et si les sacs sont trop remplis, ils se brisent.
  • Ne jetez pas de cigarettes, d’allumettes ou d’autres produits inflammables dans les poubelles, car une benne à ordures peut prendre feu. 

En tout cas, ce qui est sûr, ces gestes sont non seulement des mesures de prévention, mais aussi un encouragement pour les éboueurs afin de permettre à ces derniers d’offrir un service efficace et de qualité.

 

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