Fausse déclaration : un ex-haut gradé du PIO sous le coup d’une convocation au CCID

Il fait l’objet d’une enquête depuis début avril. Ce haut gradé avait déclaré qu’il avait chuté près des toilettes dans le bureau du Passport & Immigration Office (PIO) en mars. Sauf que ses supérieurs hiérarchiques le soupçonnent d’avoir fait une fausse déclaration. Le Central Criminal Investigation Department (CCID) s’est saisi du dossier.

Son transfert est-il lié à sa blessure ? Ce haut gradé récemment affecté au bureau des services de l’immigration fait l’objet d’une enquête depuis deux semaines. Cela après que ses supérieurs hiérarchiques le soupçonnent d’avoir consigné une fausse déclaration pour blessures. Ses supérieurs aux Casernes centrales avaient réclamé l’ouverture d’une enquête après qu’ils eurent vent que cet officier du PIO avait affirmé qu’il avait chuté dans les locaux du service de l’immigration.

L’affaire remonte au vendredi 1er mars 2019. Une policière, postée au PIO, relate dans une déposition au poste de Pope Hennessy que le haut gradé a chuté près des toilettes, dans les locaux du service de l’immigration, à la Sterling House,  Port-Louis. Il s’est fracturé le genou et a eu le pied plâtré. L’incident s’est produit le jeudi 28 février. Le haut gradé était mis au repos forcé pour trois semaines, avant d’être examiné à nouveau par un médecin de la police.

Fausse déclaration

Ce qui ne devait être qu’une simple formalité prendra une autre tournure, un mois plus tard. Les supérieures du haut gradé eurent vent que ce dernier ne se serait pas blessé dans les locaux du PIO, mais à l’extérieur. Selon les dénonciateurs, le motif de cette fausse déclaration était d’insinuer qu’il était présent dans le bureau au moment de l’accident afin de bénéficier d’une « injury at work». Les Casernes centrales ont alors réclamé l’ouverture d’une enquête.

Depuis la semaine dernière, le QG de la police s’intéresse au nombre de congés et « sick leave » que ce haut gradé aurait pris depuis le début de l’année et ceux de l’année 2018. Deux semaines après l’ouverture de cette enquête, les Casernes centrales ont pris la décision de le transférer dans une autre division. Une équipe du CCID s’est saisie du dossier et a initié les procédures d’une enquête. Selon nos recoupements, la policière qui avait consigné une déposition le 1er mars concernant la chute de l’officier et un caporal pourraient être entendus. Les enquêteurs du CCID veulent savoir s’il y a eu réellement tentative de fausse déclaration et de complot dans cette affaire.

Ce haut gradé s’était spécialisé dans la traque aux travailleurs étrangers, Indiens et Bangladeshis en particulier. Il avait participé à une opération crack down le 17 janvier 2019. Cette action policière musclée  avait soulevé de vives critiques.

Parmi les 45 ouvriers clandestins arrêtés, cinq se sont plaints de douleurs. Un travailleur étranger, âgé d’une trentaine d’années, a été blessé durant l’opération. Il a été admis à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo le jour même de son arrestation. Il avait déclaré aux personnels soignants qu’il souffrait de douleurs atroces à la colonne vertébrale.

Des ONG et Me Rama Valayden entre autres avaient déploré cette opération musclée et avaient alerté la Commission des droits de l’Homme le même jour. À son retour de l’Inde où il était en mission, le Premier ministre Pravind Jugnauth avait été informé des retombées de l’opération médiatisée du PIO et des dénonciations des militants. Le chef du gouvernement avait remonté les bretelles aux responsables du PIO, dont le haut gradé et leur avait demandé de revoir leur stratégie ainsi que leurs méthodes d’intervention.