Ils ont choisi d’adopter un style décalé tout en restant chic. Eux, ce sont des fashionistas qui veulent se démarquer de la mode « mainstream » en arborant un style personnalisé et donc unique. Rencontre avec ces personnes bien dans leurs pompes qui donnent une autre dimension à la mode.
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La jeune génération est soumise au dictat de la mode, qui est devenue une affaire de gros sous. Tous les moyens sont bons pour inciter les jeunes à consommer toujours plus. Toutefois, il y a des irréductibles qui ont décidé de faire fi de l’évolution de la mode et des autres clichés. Ces fashionistas, souvent incompris, adoptent et créent leur propre style vestimentaire, à l’instar de Jeremy Benoît, adepte de mode.
Actuellement à Paris, le jeune homme soutient qu’il a toujours aimé les styles décalés, ceux qui s’éloignent de la norme. « Quand ma mère m’achetait des vêtements qui étaient supposément à la mode, ce n’était pas la joie. Tout le monde avait les mêmes choses. J’avais l’impression que je portais un uniforme. Cela ne me plaisait pas », soutient le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’années. Le style qu’il décrit comme étant androgyne chic et décontracté ne lui a pas vraiment posé de problème. « Le côté masculin-féminin du style me met en valeur. Cela interpelle les gens autour de moi », explique-t-il.
Son style, il en a fait son métier. Mannequin depuis quelques années, Jeremy Benoît souligne que ce style n’a pas été un obstacle pour ses activités professionnelles. « Bien au contraire, cela m’a aidé à m’affirmer et à avoir un style qui m’est propre. À ceux qui oseraient critiquer mon style, je leur dirais ceci : les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas eu de commentaires désobligeants. Au contraire. On m’approche souvent pour me complimenter sur mon style », conclut-il.
Anastasia Duval : « Il ne faut pas non plus aller aux extrêmes »
Anastasia Duval est praticienne PNL (programmation neuro-linguistique), coach personnelle, conseillère en image, Personal Shopper et Chief Executive Officer de Look Men Agency. Elle livre ses impressions sur la mode et le style personnifié…
Pourquoi, selon vous, chacun adopte un style et le personnalise à sa guise ?
Il y a eu une vague de changements dans la société à Maurice. Je trouve que c’est un avantage, car chacun peut affirmer sa personnalité sans pour autant choquer.
Que pensez-vous de ces styles hors du commun ?
Étant conseillère en image et coach personnelle, j’estime que personnaliser et adopter son propre style est formidable. Ce que je trouve désolant, par contre, c’est qu’il y a des extrêmes à ne pas franchir. De nos jours, il semble qu’il n’y a aucune limite dans la mode. Un exemple de la mode extrême est celle qu’a lancée le célèbre chanteur Pharell Williams.
Est-ce qu’avoir son propre style est un atout ?
Avoir sa propre personnalité et son propre style est un atout indéniable, surtout dans le domaine du mannequinat. C’est quelque chose qu’on constate de plus en plus. Il faut savoir se démarquer. De plus, à Maurice avec les différentes cultures, nous avons la possibilité de mettre en avant ce métissage.
Est-ce que cette mode peut s’avérer être un obstacle ?
Le style devient un obstacle quand on ne connaît pas ses limites. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en considération. Exemple : la profession et l’environnement dans lequel nous évoluons avant d’adopter un style quelconque.
Keven : « J’ai choisi ce style pour me démarquer des autres »
Keven Komnaran, âgé de 27 ans, a, lui, opté pour le style urbain des USA : Ripped jeans, casquette et baskets… Cet habitant de Mahébourg explique qu’il a choisi ce style pour se démarquer des autres. « J’ai été influencé par les télé-réalités et les chanteurs américains. J’ai toujours aimé être stylé. Cela remonte à mes années au collège », raconte-t-il. « Je fais très attention à ma tenue vestimentaire. Je ne pointe pas le bout de mon nez en dehors de chez moi habillé n’importe comment. Les couleurs sont toujours assorties, les chaussures de la même couleur que le T-shirt. Idem pour la casquette », dit-il.
Il avance toutefois qu’il ne peut arborer un tel style vestimentaire partout. « Mes jeans déchirés n’ont pas plu à tout le monde. On m’a déjà dit que je ne pourrais pas mettre de T-shirts dans les entreprises où j’ai postulé. On m’a informé que les polos-shirts et les chemises étaient obligatoires », soutient cet employé d’un centre d’appels. « Je ne comprends pas cette logique, car le client ne me voit pas. De plus, mon style ne définit pas la manière dont je converse avec le client », explique Keven.
Selon ses dires, ce sont plutôt les personnes âgées qui ne comprennent pas ce style. « Certaines se demandent toujours pourquoi mes jeans sont déchirés. D’autres pensent que j’ai trop de tatouages. Cela n’engage que moi. J’adore mon style », conclut-il.
Otresse Cassambo : « Les gens se retournent sur mon passage »
Otresse Cassambo a elle aussi un style qui sort de l’ordinaire. Âgée de 24 ans, elle n’a pas vraiment de style défini. « Il n’est pas très défini. Me définir ce serait me limiter. Je n’ai pas de limite en termes de style », confie-t-elle. La jeune fashionista ajoute qu’elle est du genre à s’habiller au feeling. « Je suis plus outside the box plutôt que de me conformer aux normes. Je m’habille aussi en fonction de mon humeur. Un jour je peux sortir en jeans et baskets et le lendemain j’opte pour un style bohémien avec tous les accessoires relatifs », dit-elle.
Otresse Cassambo est convaincue d’être le genre de personnes à attirer les regards. « Lorsque je me promène dans la rue, les gens se retournent sur mon passage. Que ce soit pour juger ou pour d’autres raisons, cela ne m’empêchera pas de m’habiller ainsi. Mon but n’est pas d’adopter un style défini, mais de m’habliller en fonction de mes envies. Certains jours j’ai envie de choses simples et d’autres jours de choses plus élaborées », précise-t-elle.
Elle avoue vouloir se démarquer des autres. « Je suis parfois confrontée à des regards moqueurs, mais tant que je suis à l’aise et que je reste qui je suis, plus rien d’autre n’a de l’importance. J’ai des tatouages, des piercings et des écarteurs aux oreilles, en sus des dreads. Je ne m’impose pas de règles. Je ne laisse rien d’autre définir mon identité », dit-elle.
Fréderic Jean-Pierre : « C’est venu naturellement »
Frédéric Jean-Pierre est un adepte de la mode. Cet homme de 19 ans définit son style comme étant à la fois chic et décontracté. « J’aime bien les vêtements classes mais toujours assortis avec des baskets et une pointe d’extravagance », dit-il.
Cependant, il avoue ne pas savoir comment lui est venu l’idée d’adopter ce style. « C’est venu naturellement, mais je dois dire que je m’inspire beaucoup de Nicki Minaj. Même si c’est une femme, son côté extravagant et le fait de ne pas avoir peur de tenter des nouveautés me fascine. C’est une Trendsetter. C’est justement elle qui me pousse à oser par moment. »
Qu’est-ce qu’un Trendsetter ? Ce terme anglais signifie littéralement une personne qui fait ou établit la tendance. En général, les Trendsetters sont des personnes qui, de par leur personnalité, leur position sociale ou encore leur vie professionnelle, peuvent avoir une influence sur l’évolution de la mode ou sur l’adoption de nouvelles technologies.
Quid des critiques ? Frédéric Jean-Pierre en essuie-t-il parfois ? Il répond qu’elles sont tantôt positives, tantôt négatives. « Il y a ceux qui adorent. Puis il y a ceux qui ne comprennent pas. On me dévisage souvent. Je ne sais pas vraiment ce que cela signifie parce que chaque regard est différent. Chaque personne a son opinion », explique-t-il. « Certains de mes amis me lancent : ‘Ala mannkin pe vini’. C’est drôle. Je le prends comme un compliment », dit-il. Il souligne qu’il n’est pas prêt à abandonner son style, car il fait partie de sa personnalité.
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