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Fanfan : sa vie en images

Fanfan a joué à la ravane Fanfan a joué à la ravane depuis l’âge de 11 ans.
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Fanfan, 88 ans, s’en est allé sur la pointe des pieds le samedi 18 août. Il laisse en héritage de nombreuses chansons et des contes. Il était réputé pour son amitié sincère et a marqué la vie de plusieurs personnes comme le montrent ces clichés.

Fanfan : au rythme de la modestie

Fanfan en février 2016 avait sa ravane même durant son séjour à l’hospice.
Fanfan en février 2016 avait sa ravane même durant son séjour à l’hospice.

Ceux qui ont côtoyé Louis Gabriel Joseph, dit Fanfan, diront qu’il était un homme simple. Il se contentait de peu. Même s’il n’a pas été sur les bancs de l’école, il avait les mots justes et une imagination fertile. Il était connu pour son franc-parler et son enseignement moral.

Fanfan
L’artiste à part entière Marcel Poinen et Fanfan étaient très proches. Il le suivait comme son ombre. « Marcel a toujours été aux côtés de Fanfan, surtout dans ses pires moments », dit Annabella Henry, une des filles de Fanfan.

Annabella Henry et Magdala sont deux des onze enfants de Fanfan. Elles se souviennent de chaque instant passé avec leur père. « Fanfan s’est marié à quatre reprises. Trois de ses épouses ne sont plus de ce monde. Il s’est assuré que sa famille ne manquait de rien. Notre éducation et nos valeurs étaient sa priorité », indique Annabella Henry, 38 ans. Cette habitante de Résidences La-Chaux, à Mahébourg, ajoute que les enfants de Fanfan ont la musique dans le sang. Certains l’accompagnaient lors de ses prestations.

Ramesh
Fanfan était aussi un grand ami de l’auteur Ramesh Ramdoyal.

 

Sarojini
Sarojini Seeneevassen, fille de feu Renganaden Seeneevassen, a appris à jouer à la ravane avec Fanfan. Ils se sont rencontrés dans le Grup Kiltirel Militan. « Fanfan considérait Sarojini comme sa petite sœur », indique Annabella.

 

Un jour, Annabella, Magdala et deux de leurs frères ont profité de l’absence de leur père pour jouer de sa ravane. « Fanfan n’appréciait pas que quelqu’un d’autre touche à son instrument. Sa ravane était sacrée. Il nous a surpris ce jour-là. Nous pensions qu’il allait se mettre en colère et allait gronder. Au contraire, il nous a encouragés à continuer notre prestation », raconte-t-elle.

Poonoosamy
Fanfan et le couple Poonoosamy partageaient une grande amitié. Sur cette photo, il se tient aux côtés de Gina, l’épouse de Rama Poonoosamy. « Rama et Gina ont été avec Fanfan jusqu’à ses derniers jours », confie notre interlocutrice.

Depuis, Magdala la suivait là où il se rendait. Si Magdalapréfère chanter, Annabella, elle, joue à la ravane. « Nou zwe ravann lapo mem. Nou pran avek José Legris, garson Michel Legris », confie-t-elle. Aujourd’hui encore, les deux femmes s’assurent que Mazavaroo, le groupe de Fanfan, préserve l’âme du séga tipik.

Pour ses filles, Fanfan était une personne modeste. « Il se contentait de peu. Il nous racontait souvent des histoires et chacun tirait une morale. Il nous faisait comprendre certaines choses de la vie à travers la fiction et l’humour », dit Annabella.

SAJ
Fanfan est ici entouré de sir Anerood Jugnauth, Premier ministre, et Karl Offman, président de la République de Maurice, le 12 mars 2002. La contribution du ségatier, conteur et ravanier dans le domaine musical à Maurice a été reconnue. Il a été fait Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean.

Il y a trois ans, Fanfan a demandé à Rama Poonoosamy de l’agence Immedia de le faire admettre dans un hospice. La famille a été consultée et a donné son aval. « Fanfan a monté un groupe à la maison de retraite. Le personnel chantait et jouait à la ravane avec lui », relate Annabella. Son père est tombé malade le 24 juillet et a été hospitalisé. Il y a fêté ses 88 ans le 27 juillet et il est retourné à l’hospice.

Famille
Fanfan s’est marié à quatre reprises et a eu onze enfants. Il compte de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants. Il est ici entouré de certains de ses petits-enfants.

« La veille de sa disparition, il éprouvait de vives douleurs. Il m’a demandé de l’enduire du peu de baume qu’il lui restait. Ensuite, il m’a dit de rentrer tôt chez moi et de revenir le lendemain avec un calmant et du baume », relate-t-elle.

La mère de trois enfants est revenue le vendredi 17 août. « Il m’a tenu la main et m’a demandé de m’occuper de ses obsèques, quand il ne serait plus de ce monde. Nous sommes tristes depuis qu’il est parti. Il laisse un grand vide », dit-elle.

Le parcours de Fanfan

Livre Fanfan
En février 2016, Le Défi Media Group avait rencontré Fanfan à Pamplemousses. Lors de l’entretien, il avait indiqué qu’il concoctait des histoires autour des oiseaux qu’il contemplait dans la cour de l’hospice. Il voulait les partager avec Sarojini Seeneevassen. D’ailleurs, cette dernière, en collaboration avec Marcel Poinen, avait compilé certaines de ses histoires dans Fanfan so bann pli zoli zistwar. Le livre, publié en 2003, contient onze contes en kreol morisyen/anglais ou en kreol morisyen/français.

En février 2016, nous avons rencontré Fanfan dans un hospice à Pamplemousses. Atteint de surdité, il nous a relaté son enfance. Il a 22 jours quand sa mère décède. Son père se retrouve avec sept enfants à charge. Le charpentier de marine est épaulé par la grand-mère de Fanfan. Le papa quittera ce monde six ans après. Fanfan met un terme à sa scolarité et se met à faire de petites besognes pour apporter sa contribution aux besoins de sa famille. Il exerce d’abord comme pêcheur, de 17 ans à 25 ans. Puis, il devient charpentier.

En 1958, il fait la connaissance de sa future épouse. Par la suite, il prend de l’emploi sur un établissement sucrier. En même temps, il commence à partager les visions du Parti Travailliste, qui luttait pour l’Indépendance. Il va même entonner la chanson 400 kanon lors du meeting du PTr au Quay D. Le lendemain, il perd son travail.

Si Fanfan joue à la ravane depuis l’âge de 11 ans et chante le séga tipik depuis l’âge de 21 ans, il devient conteur à 32 ans. Il souffre de poliomyélite depuis l’enfance. Les douleurs s’accentuent depuis qu’il a 60 ans. En novembre 2015, le National Heritage Trust Fund a remis un prix spécial à Fanfan et à d’autres légendes pour marquer le premier anniversaire de l’inscription du séga tipik au patrimoine mondial.

 

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