Zoom sur l’année politique 2024 et les perspectives pour 2025. C’était le thème l’émission « Au Cœur de l’Info », le lundi 23 décembre dans laquelle Patrick Hilbert et ses invités sont revenus sur les moments clés de l’année qui tire à sa fin mais aussi des enjeux politiques à venir en 2025.
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«La plus grande attente de 2024 était le changement de régime au pouvoir. La majorité de la population espérait ce moment, car les abus étaient devenus trop nombreux. Le pays était en déroute, les institutions ne fonctionnaient plus correctement, et la démocratie était mise à mal. On frôlait l’autocratie, et la situation aurait empiré si rien n’avait été fait », a estimé Faizal Jeerooburkhan, observateur politique et membre de Think Mauritius.
Nita Deerpalsing, ancienne députée travailliste et ex-directrice de l’Organisation de la Francophonie, partage cet avis et a souligné que la situation a commencé à se détériorer le 6 février 2015, avec l’arrestation du Dr Navin Ramgoolam. « Une vendetta politique s’est alors engagée, suivie, tout récemment, par une tentative d’arrêter le DPP. La plupart des gens avaient alors le sentiment de vivre dans un état policier », a-t-elle déclaré.
Pour Bernard Saminaden, journaliste, le pays sort d’un « tunnel ». « Je retiens surtout la naissance d’une nouvelle île Maurice. Le concept de 4 à 14 a éclaté. On est arrivé à une 13e élection générale et les Mauriciens ont une maturité politique. Ils ont voté avec leur conscience et n’ont surtout pas été bernés par l’argent. Et ça, c’est une leçon à retenir par tous les politiciens », a-t-il estimé tout en parlant de courage politique, car l’actuel gouvernement doit agir avec raison et mettre l’émotion de côté, selon lui.
Mesures populaires et impopulaires
Pour ce qui est de 2025, les attentes sont tout aussi grandes, selon les intervenants. Nita Deerpalsing a fait ressortir que ce gouvernement a été élu « pour le changement », mais « pas uniquement un changement de visages au Parlement », mais pour « un changement du système surtout ». « Je suis d’accord qu’il faut prendre des mesures dures, mais aussi des mesures populaires. Par exemple, l’abolition du poste de vice-Président. Le poste ne sert à rien et c’est un gaspillage des fonds publics », a-t-elle insisté. Une autre recommandation est de mettre un cap sur les salaires des nominés politiques. « Les mesures impopulaires doivent commencer par eux, pour donner l’exemple. »
Une des mesures essentielles pour 2025 devrait être pour redresser l’économie, selon Faizal Jeerooburkhan. « Et pour ce faire, il faut augmenter la productivité. Il faut arrêter de tout donner en cadeau. Il faut créer de la richesse et faire grossir le gâteau national. Quand l’économie ne va pas, rien ne va », a-t-il indiqué. Le modèle de l’agriculture doit être revu tout, comme l’économie bleue. « Le tourisme est également à revoir. On est encore sur le même modèle qu’en 1980. Pour ce qui est des énergies renouvelables, on est en train de reculer. Il y a encore le recyclage des déchets à voir », a-t-il ajouté.
En direct par Zoom, Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Media Expertise a, lui, souligné que le challenge de l’actuel régime est de ne pas tomber dans les travers de l’ancien gouvernement. « C’était le cas en 2014, il y avait beaucoup d’espoir lors du changement de régime mais par la suite, inévitablement, il y a eu des dérives », a-t-il observé. Mais pour ce dernier, dans le cas présent, la population a fait savoir qu’il ne faut pas jouer avec sa liberté d’expression. « Ce message n’était pas pour le gouvernement sortant seulement, mais pour le gouvernement entrant également », a-t-il insisté.
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