Faimano Benoit, expatriée : «Le gouvernement sortant a sous-estimé le pouvoir d’un peuple uni»

Le gouvernement sortant a sous-estimé le pouvoir d’un peuple uni. « Ce score de 60-0, cette défaite retentissante est la plus belle des réponses données par le peuple », avance Faimano Benoit, consultante digitale. D’origine française, elle vit à Maurice depuis près de dix ans. Bien qu’elle n’ait pas le droit de vote, elle demeure un témoin privilégié de ce qui se passe dans le pays. 

Faimano Benoit parle d’un ras-le-bol général à l’égard du gouvernement sortant résultant notamment de multiples facteurs combinés. En sus de l’augmentation incessante du coût de la vie, des citoyens mauriciens, tout comme des expatriés, se sont retrouvés à la merci de manœuvres politiciennes déloyales visant à intimider, punir et contrôler ceux qui ne suivaient pas la « bonne direction », avance-t-elle.

Pour elle, les dérives du gouvernement sortant ont profondément remis en question la séparation des pouvoirs, un principe essentiel de la démocratie. « Peu importe qui se cache derrière ce ‘Missie Moustass’, et même si ses méthodes demeurent éthiquement discutables, il faut lui reconnaître le mérite d’avoir mis à nu un certain nombre de dérives des dernières années », souligne-t-elle, tout en se réjouissant du sursaut de la population mauricienne. 

Aujourd’hui, ce 60-0 signifie une opposition affaiblie, voire quasi inexistante. Cette situation pourrait-elle mener à d’autres types de dérives ? Faimano Benoit reste prudente, mais optimiste. « Gardons à l’esprit que ce nouveau gouvernement est composé d’opinions divergentes. J’ose croire qu’un sentiment de sécurité psychologique et émotionnelle pourra rapidement revenir au pays, renforçant la légitimité du pouvoir en place. Ne perdons pas de vue que cette majorité est une opportunité unique pour réformer en profondeur et remettre les institutions sur les rails », ajoute-t-elle. 

Ce qui est sûr, c’est que Faimano Benoit éprouve un réel sentiment de réconfort et de légèreté après les résultats des législatives de 2024. « Jamais je n’aurais osé partager mes opinions avant le 11 novembre dernier. Même ma mère, qui vit à l’autre bout du monde en Polynésie française, était inquiète pour moi et suivait de près l’avancée de cette campagne électorale », raconte-t-elle.

En soulignant la leçon à retenir, elle conclut : « Le gouvernement doit être au service du peuple et non l’inverse. Profitons de ce sursaut national pour rappeler que chaque voix compte et que l’implication de chacun peut réellement changer le destin de Maurice. En voyant les scènes de joie à travers l’île, on ne peut que conclure que l’arrogance ne mène nulle part. »