Nazmoon Singh, 59 ans, est une mère dévastée. Fadillah, sa fille unique, âgée de 31 ans, lui a été arrachée brutalement. Cette jeune mère de trois garçons, âgés de cinq, six et 14 ans, est morte entre les mains de son époux Jiten Futtinga, 29 ans.
Avec l’aide de son ami Roopsingh Heeralall, 31 ans, ce dernier a étranglé son épouse dans un champ de canne à Camp Poorun, Poste-de-Flacq, avant de l’y abandonner. C’était après une violente dispute le dimanche 20 mars. La découverte macabre a été faite dans la soirée du mardi 22 mars.
Le regard perdu, les yeux remplis de larmes. Nazmoon Singh, 59 ans, n’a plus de force. Elle est consciente qu’elle ne verra plus sa fille Fadillah, 31 ans, aussi connue comme Preety. « Nou ti pe viv kouma de kamarad », soupire cette mère séparée de son époux. « Ma fille a été également malheureuse en amour », lâche-t-elle avec le cœur gros.
Preety n’a pas poursuivi ses études, poursuit-elle. « À 16 ans, elle est tombée amoureuse et s’est mise en ménage avec un jeune homme. Le couple s’est marié religieusement et a eu un fils », nous explique la mère. Cependant, leur conte de fée n’a pas duré. Fadilla subissait les courroux de son premier époux. « Mo tifi ti al res laba, me li pa ti alez. So misie ti pe bat li », poursuit-elle. Le couple venait chez Nazmoon. « J’intervenais lorsqu’il frappait ma fille sous mes yeux. Alors, son époux se mettait aussi encolère contre moi », se souvient la quinquagénaire qui ajoute que le jeune couple a fini par se séparer. « Misie-la par li mem finn deside pou kit mo tifi. »
Nazmoon, la mère de Fadillah, est effondrée par la mort de sa fille."
Cela fait environ six ans depuis que Fadillah a fait la connaissance de Jiten Futtinga, 29 ans, un habitant de Providence. La jeune femme pensait que cette nouvelle rencontre allait changer sa vie. Le couple a décidé de s’unir. « Mo tifi inn kontan li. Zot in marye sivil. Zot inn gagn de garson ansam », raconte-t-elle. « Ma fille, son époux et leurs deux enfants habitaient avec moi à Camp Poorun, Poste-de-Flacq. »
Cette mère raconte que « j’avais longtemps vécu à Curepipe et louais une maison à Poste-de-Flacq. Par la suite, j’ai pu acheter un petit lopin de terre et j’y ai fait construire une maison qui n’est pas encore terminée. Mais, la situation dans la maison était invivable. So mari Jiten ti droge », confie-t-elle. « Mon gendre me volait. Il prenait tout ce qu’il pouvait :
bonbonne de gaz, argent entre autres », raconte la quinquagénaire. « Une fois, j’avais pris comme précaution de mettre mon argent dans un oreiller. Je croyais qu’il n’allait pas s’en rendre compte. Mais il a fini par voler l’oreiller et l’argent. Je m’étais rendue à la police pour porter plainte », se rappelle-t-elle.
« Et lorsque ma fille ou moi-même essayons de le raisonner, il nous agressait. Une fois, j’ai déjà été rouée avec un casque intégral », souligne-t-elle. Nazmoon n’en pouvait plus de supporter cette violence qui était devenue presque quotidienne.
« Ainsi, je suis partie en leur laissant la maison. Je pensais qu’ils y seraient mieux sans moi. »
Mais c’était loin d’être le cas. « Il a entraîné ma fille dans la drogue. Combien de fois je lui ai dit de quitter son époux, mais elle pensait que les choses allaient s’améliorer », nous confie Nazmoon. « Mo tifi inn pass enn vre martir avek li. »
Nazmoon relate qu’il y a deux ans depuis que Jiten était condamné à deux ans de réclusion. « Kan tinn met li dan prizon, mo tifi tinn dir li ki li nepli anvi kontinie avek li », explique sa mère. Des fois, Fadillah pensait que l’incarcération de son époux serait une occasion pour lui de changer de vie. Nazmoon raconte que « je ne voyais pas souvent ma fille. Nous nous parlions souvent au téléphone. Fadillah allait mieux. Elle s’occupait de ses enfants. Je ne voulais pas interférer dans sa vie personnelle. »
Elle se remémore de la dernière conversation qu’elle a eue avec sa fille. « Monn telefon li, li dir mwa li pe kwi lalo. Mo demand li kott tonn gagn lalo, parski lalo bien ser-la. Li dir mwa linn gagne », se souvient Nazmoon. Cette mère était loin de penser que c’était la derniere fois qu’elle entendait sa fille. Au fait, après avoir purgé ses deux années de prison, son époux a refait son apparition dans la vie de Fadillah. Et cela fait à peine deux semaines. « Kan so misie finn sorti dan prizon, linn all res kot so papa apre linn revinn kot mo tifi », nous explique sa maman. Mais Jiten n’a pas supporté que son épouse Fadillah ait changé de vie.
Dimanche dernier, Nazmoon a eu un appel téléphonique lui disant que sa fille a disparu de la maison. « Monn gagn korl telefon, zot finn dir mwa pa pe trouv mo tifi. Bann fami inn fer demars pou al rod li. Mo pe telefon so misie, telefon la pe res sone. Mo apel mo tifi, so tel ti teign », indique Nazmoon. « So misie inn mem rod so kart idantite pou amen lapolis », lâche un proche. Mardi, au cours des recherches pour retrouver Fadillah, les proches sont parvenus à la retrouver au milieu d’un champ de canne.
Nazmon, la mère de la victime, sanglote. Elle est dans tous ses états. Elle est persuadée que « kan Jiten finn vinn retourn kot mo tifi, li ti deza ena sa dan so lespri ».
Le mode de vie de la victime au cœur du drame, selon son époux
La Criminal Investigation Division (CID) de Flacq a procédé à l’arrestation de Jiten Futtunga, 29 ans, et de son complice Roopsingh Heeralall, 31 ans. Les deux ont reconnu leur implication dans ce meurtre. L’époux a expliqué aux enquêteurs qu’il n’appréciait pas que son épouse voyait d’autres hommes. Dimanche dernier, soit le 20 mars, une vive altercation a éclaté entre eux. Et les choses ont dégénéré. Avec son complice, ils ont traîné la victime jusqu’au champ de canne de la localité avant de passer à l’acte. Le présumé meurtrier a expliqué avoir poussé son épouse. Une fois qu’elle était au sol, il l’a étranglée. Entretemps, son complice tenait les pieds de son épouse, explique Jiten. Les deux jeunes hommes ont comparu en cour de Flacq mercredi le 23 mars sous une charge provisoire de meurtre.
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